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Bernard ARDAUD
Médecin retraité
Amateur photographe
adore les voyages
et sortir des sentiers battus
bernard.ardaud@gmail.com

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rappel de 35m
Sierra de Guara (Espagne)
© Bernard Ardaud

 

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par Bernard ARDAUD


ski de randonnée dans les Pyrénées par -18° ; format 6x12 © Bernard Ardaud

Pourquoi fabriquer une chambre photographique légère ?  

De nombreux modèles existent, le marché de l’occasion est dynamique mais la réponse est simple : pour avoir ce qui n’existe pas.
Une 6 x 12 fabriquée pèse 1.2 kg, une 6 x 17 …1.8 kg, qui dit mieux ?
La légèreté me permet de les transporter et de photographier partout, quelquefois à main levée. La qualité incomparable du grand format et la mobilité combinées pour une vision différente.

Vous ne trouverez pas de plan-type avec des mesures précises à respecter. Je vous invite à créer vous-même votre appareil dont les dimensions finales dépendront du format, du matériel de récupération utilisé, des procédés de fabrication et de votre imagination pour résoudre le dilemme solidité/légèreté en fonction de votre utilisation.

Un chambre photographique à votre image, en somme !
La philosophie de ma démarche est d’utiliser du matériel existant à qui on va redonner vie dans une démarche de recyclage, d’adaptation, de métissage pour une création actuelle.

Matériel nécessaire

 

Matériel de bricolage de base, les deux « machines indispensables » sont : une perceuse et une ponceuse – contre plaqué 5 mm - cornières alu - serres joints – boîte à onglet d’encadreur – établi – étau – scie à métaux – limes – colle époxy (Araldite) – paille d’acier fine 000. 

S’il est possible de tout fabriquer dans une chambre, il est tout de même plus facile de « partir de quelque chose ». L’idéal est de trouver en brocante un folding 6 x 6 ou 6 x 9 utilisant le film 120, en sélectionnant un boîtier dont le mécanisme d’avancement du film est métallique, interdisant l’inversion de sens de rotation de la bobine et robuste (vieux modèles Agfa). 

L’objectif doit retenir toute votre attention, couverture de format, angle de vue, qualité, poids, état mécanique de l’obturateur et prix. 

Les chambres n’ont pas de soufflet, la mise au point se fait par rampe hélicoïdale adaptée à la focale de l’objectif. Sans rampe hélicoïdale, la mise au point fixe sur l’hyperfocale est possible, la souplesse d’utilisation d’une rampe est bien agréable1.

Si aucune rampe n’est disponible pour certains objectifs, la fabrication d’une rampe complexe sort du cadre de cet article, mais il possible de récupérer sur de vieux objectifs 24 x 36 un mécanisme de mise au point bricolé et adapté aux dimensions au prix de quelques heures supplémentaires.

Méthode

1ère étape : adapter le passe film

Après avoir démonté l’appareil de base, conserver toutes les vis, ressorts, on ne jette rien, tout peut servir…

Sectionner la fenêtre de film 6 x 6 verticalement par le milieu en utilisant des cales en bois pour que les bords de coupe restent bien droits.

Vous disposez ainsi d’une partie bobine débitrice et la demi fenêtre plus le petit axe de guidage du film d’une main et la bobine réceptrice plus le mécanisme d’avancement de l’autre.

Deux cornières alu en L de même longueur vous permettent d’allonger au format voulu, fixation en haut et en bas par boulons-écrous plus colle époxy (Araldite) en veillant à la planéité parfaite du passe film déposé à l’envers sur une plaque de verre épais.

A ce stade, une fois séché, vous disposez d’un plan film assez rigide, léger mais qu’il faut renforcer :

Deux morceaux de cornière de plus petite épaisseur 1.5 mm vont constituer les rails de glissement du film. Leur préparation demande un peu de minutie. Le côté large vient sous la berge supérieure de la fenêtre, le côté étroit sera vertical face à vous supportant le film :

Un morceau régulier de 1.5 à 2 mm taillé à la longueur permet d’obtenir la même épaisseur tout le long, finir à la ponceuse et à la paille d’acier.

Un coup de scie aux extrémités permet de glisser les rails sous le rebord des demi fenêtres en les bloquant. Limer pour obtenir une pente douce afin de permettre un passage du film sans difficultés, ni déchirure.

Coller les rails en veillant à bien essuyer les traces de colle. Finition à la paille d’acier 000.

Le plus difficile est fait avec un investissement de départ de quelques dizaines d’euros, pour l’achat du folding, de cornière alu, de colle et de patience.

2ème étape : le corps

Tasseau de bois épaisseur 8 mm, largeur de l’épaisseur de votre passe film. On va découper à la boîte à onglet un cadre en bois qui va doubler à l’extérieur le passe film pour le rendre rigide et adapter le reste. Prévoir quelques millimètres de plus afin de pouvoir caler le passe film parfaitement parallèle aux bords, prévoir le passage du mécanisme d’entraînement. Personnellement, je colle d’abord le cadre en bois en veillant à avoir des angles droits, serres joints, ou ficelle d’encadreur et blocage des angles avec des bouchons évidés à angle droit :

Une fois sec, caler le passe-film avec carton dense ou contreplaqué fin en contrôlant bien le parallélisme, rails de transport du film et bords du cadre en bois.

3e étape : le dos

Mesurer la largeur et surtout la longueur du corps de l’appareil, ajouter l’épaisseur de la charnière plus 1 ou 2 mm pour faciliter l’ouverture. La charnière à piano, facile à trouver dans les magasins de bricolage, une fois fermée mesure entre 3 et 4 mm d’épaisseur. Tenir compte éventuellement de l’épaisseur des têtes de vis qui seront utilisées pour maintenir cadre alu – charnière – boîtier.

Pour des raisons de commodité, je place la charnière sur le côté gauche du dos autorisant une ouverture du dos à 180°. Cornière alu dans laquelle on trace les triangles des angles à découper pour constituer un cadre d’une seule pièce se réunissant bout à bout au milieu du bord inférieur :

Rectangle de contreplaqué collé à la colle époxy dans son cadre, presse – serre joints pour garantir une planéité parfaite. Bien essuyer les traces de colle. Une astuce est de bien poncer le bois avant de le coller, vous seriez gêné par le rebord du cadre alu…

4ème étape : le capot avant

Même principe que le dos en reprenant les mesures qui doivent être légèrement plus petites car, une fois en place, il devra être étanche à la lumière. Prévoir une fenêtre qui va accepter le cône support d’objectif. Bien poncer le bois qui sera face au sujet, vous pouvez le décorer, le recouvrir, le peindre…

A ce stade, il faut déjà penser au décentrement éventuel de l’objectif. Si le corps de l’appareil est étroit il convient d’évider un peu le bord inférieur du cadre alu pour permettre de loger le cône support d’objectif.

5ème étape :

Le presse film 

Tôle d’alu 0.5 mm d’épaisseur, découpée aux dimensions du format plus 1 cm environ de chaque côté pour loger la charnière inférieure à distance du rail inférieur et permettre de remonter les bords pour rigidifier l’ensemble. Pour plier les bords, bien penser à bloquer la plaque plane entre deux planches bien parallèles pour conserver une planéité optimale.

Poncer et finir à la paille d’acier, le doigt  éprouve une sensation de miroir, de soyeux en passant sur la face en contact avec le papier de roll film…

 

La fenêtre de localisation du film

 

A l’aide d’un vieux film voilé ou d’une bande papier, charger votre appareil, faire dérouler pour que la bande adhésive dépasse le bord droit de la fenêtre du film de 5 mm environ. La fenêtre de localisation sera en face le n°1 pour un 6 x 12 et le n°2 pour un 6 x 17. Repérer sur le passe film et percer en regard un orifice d’environ 12/15 mm de diamètre.

 

Charnière inférieure

 

Un fil d’acier ou de trombone conformé en U et introduit dans un trou réalisé dans le passe film est largement suffisant. En prévoir deux avec un peu de liberté dans les mouvements latéraux. Coller les parties au contact du passe film.

 

A ce stade, il convient de faire fonctionner le déroulement du film, du chargement/déchargement des rouleaux, contrôler la planéité du film, le parallélisme avec le cadre bois, bords antérieurs, supérieurs et inférieurs. Le passe film doit reposer sur tout la surface, être facile à ouvrir, se positionner, bref tout doit être opérationnel.

 

6ème étape : cône support d’objectif

Vous allez devoir connaître avec précision le tirage optique de votre précieux objectif. FLANGE FOCAL DISTANCE.

Les sites http://www.schneideroptics.com/ 
et http://www.largeformatphotography.info/lenses list
vous seront utiles et vous permettront de connaître les valeurs de cercle d’image nette et les tirages de pratiquement tous les objectifs existants.

Il est aussi amusant de les vérifier. Deux boîtes à chaussures, découpées pour coulisser l’une dans l’autre, un orifice pour fixer l’objectif, à l’autre bout un verre dépoli, un sujet à l’infini, une réglette gradu��e, un drap noir… Vous aurez une mesure exacte au ½ mm…

Connaissant le tirage optique, l’épaisseur de votre appareil, de la rampe hélicoïdale, vous calculez la hauteur du cône nécessaire que vous allez prévoir 1 mm plus court pour pouvoir régler à la fin le tirage optimal, car il sera plus facile d’allonger que de raccourcir. Pour une fois !

Tout peut faire l’affaire, cône SINAR, planchette rentrante disposée à l’envers, pièce plastique de récupération. Je trouve plus esthétique de réaliser un trapézoïde en bois de même matière que le reste de l’appareil.

Mieux vaut réaliser un modèle en carton d’encadrement qui permettra de contrôler les mesures, les angles et de prendre conscience de quelques détails.

La planchette avant pourra être collée à demeure ou amovible par 4 écrous fixés et collés dans le cône à l’époxy pour pouvoir évoluer. Dans ce dernier cas, le réglage du tirage se fait par l’adjonction de feuillets de papier, plus ou moins épais, disposés entre la partie avant du cône et la planchette boulonnée.

Positionner le cône qui doit reposer à plat sur le capot avant, sans laisser d’espace, tenir compte du décentrement éventuel, vérifier le parallélisme entre planchette/avant-plan du film, en mesurant tout autour de l’orifice réalisé à la dimension de l’objectif. Le bois autorise le ponçage fin et donc le contrôle des mesures très facilement.

Coller le cône sur le capot avant, planchette et cône. Lorsque vous êtes certain du calage optique, coller le capot sur le corps de l’appareil.

7ème étape : charnière dos

Charnière à piano en inox, fixée par 2 écrous ou rivetés sur le cadre alu et le cadre bois, en décalant les orifices pour éviter les surépaisseurs. Les fermetures sont fixées sur le bord droit en pression légère.

En mercerie : ruban noir de velours de largeur variable, bien pratique pour assurer l’étanchéité à la lumière, collé sur le bois du dos.

Pour assurer l’étanchéité du corps et du cône, fil de laine noire enfoncé dans les interstices, velours noir collé, feutre adhésif (Vénilia), autocollant peint. Tout peut faire l’affaire. Peindre en noir mat les surfaces exposées à la lumière interne pour éviter les reflets parasites.

8ème étape : réglages

A l’aide d’un verre dépoli au contact du passe-film, objectif sur l’infini à pleine ouverture, régler le tirage optique (cf. Supra).

Vérifier le cadrage obtenu avec le viseur extérieur et ses masques éventuels. Il est utile quelquefois de fixer le viseur au bord supérieur avec une légère angulation vers l’avant pour tenir compte du décentrement de l’objectif.

Niveaux à bulle facultatifs, mais bien utiles.

Ecrou de pied

Finitions diverses.

Discussion 

. Ces chambres panoramiques sont légères : 1.2 kg pour le 6 x 12 avec son Super-Angulon 5,6 / 75 et son viseur, 1.8 kg pour le 6 x 17 avec un Super-Angulon 8/121 et le viseur.

. Décentrement de 7 mm l’objectif. Pas de bascule mais on peut, lors de la construction, prévoir un petit Scheimpflug.

. Rigides, rustiques, elles prennent place dans mon sac à dos en toute saison, partout sans arrière-pensée.

. Le viseur extérieur permet la visée et la composition de l’image sans avoir à sortir l’appareil.

. L’investissement réside dans l’objectif et sa rampe de mise au point.

. Mieux vaut savoir un peu bricoler, mais il n’est pas nécessaire de disposer d’un atelier ou d’outillage complexe. Un peu de patience et de minutie suffisent.


pic d'Anie © Bernard Ardaud

Conclusion

Vous allez rapidement attirer les curieux ! Quant aux curieuses, elles vous demanderont en quelle essence est le bois utilisé. Cela permet quelquefois d’engager la conversation…

Bibliographie

Revue Cyclope Mai-Août 1997, p. 64-65 PANOPROTOS Thierry REBOURS

La saga des sténopés (et autres appareils à bricoler soi-même) John EVANS Ed. EYROLLES

http://www.schneideroptics.com/

http://www.largeformatphotography.info/ 

Je souhaite remercier M. DALCIN, ADAFLEX, tel : 05 53 67 06 39, qui peut fournir des rampes hélicoïdales à des prix raisonnables

Je remercie l’équipe de Galerie-Photo pour la qualité des rubriques présentées.

 

dernière mise à jour : février 2006

 

     

 

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