Développer ses plans films :
Un tour d’horizon …
par Georges Giralt
Quand on s’attaque
au grand format en venant du monde du film en rouleau ou du
numérique, tout semble insurmontable.
Pourtant, il existe
pas mal de choses simples pour arriver à atteindre ses buts. Après
tout, le film en plaques ou en feuilles existe depuis 150 ans ! Cela
a laissé du temps à nos anciens pour trouver des solutions aux
problèmes posés.
Ce petit article se
propose de faire un tour de diverses méthodes que j’ai testées.
Donc, il ne sera pas exhaustif (bien que j’ai testé pas mal de
procédés) mais sera argumenté de mon point de vue.
Il est centré sur le
traitement de plans films noir et blanc. La couleur (bien que je
l’ai pratiquée en E6) est devenue bien rare de nos jours. Sans
doute un article futur ?
Je vais classer ces
procédés selon deux familles : Travail au jour ou travail au noir
avec dans chaque cas, traitement plan film par plan film ou par lot.
Cet article est
centré sur le 4x5 pouces. Certaines méthodes sont facilement
adaptables à d'autres formats, d'autres non.

L'ensemble des outils
De gauche à droite,
du fond vers l'avant :
Emballage de la
« Paterson Orbital » avec, devant cet emballage, la base motorisée,
et encore devant, la cuve Paterson Orbital proprement dite.
Cuve Jobo 3006 pour
traiter des plan-films 4x5 et 5x7 pouces.
Punie au fond, la
Combiplan (Emballage, porte film et cuve)
A coté de la
Paterson Orbital, 3 cuvettes de couleur pour le traitement à la main
dans le noir.
On voit entre les
cuvettes et la cuve jobo 2521 les cadres inox et les cuves pour ces
cadres : 3 petites pour le révélateur, le bain d'arrêt et le
fixateur et une plus longue destinée au lavage (dotée d'un siphon)
Au bord gauche de la
table la Jobo 2521 ainsi que la spire 2509 (que j'emploie sans les
caches destinés à retenir les films)
Au centre devant, la
cuve Nikor en inox avec son couvercle, son bouchon et sa spire
réglable qui prend 12 plan films de format maximal 4x5 pouces. Les
films sont maintenus en place grâce à la bandelettes d'inox qui
entoure la spire.
Travail dans le noir :
La première
méthode et la plus ancienne consiste à traiter ses plan film en
cuvettes comme les papiers. On peut traiter feuille à feuille ou par
lot (j’arrive à traiter de 4 à 6 plan films par lot sans rayure ni
problèmes). Cette méthode est aussi la plus économique : 3 ou
4 cuvettes, des produits un minuteur et c’est tout. Adapté à
tous les formats de plan films, par échange des cuvettes. Il faut
utiliser des gants étanches aux produits chimiques employés et non
allergisants pour ne pas développer d’allergies ou de cancers par
exposition répétées aux produits chimiques.
La cuvette permet
aussi de travailler comme nos grands anciens par inspection. On
traite le film dans le noir pour environ la moitié du temps
escompté, puis on allume brièvement une lanterne de laboratoire
portant un fort filtre vert sombre devant laquelle on inspecte le
négatif. Si le traitement est jugé bon, on met le film dans le bain
d'arrêt. Sinon, on éteint la lampe et on continue. Entrainement
recommandé avant de traiter les films du mariage du cousin
Alphonse... sauf si l'on veut se fâcher avec le dit cousin.
La deuxième
méthode consiste à employer des cadres inox dans lesquels on
insère un plan film, cadres que l’on groupe par paquet que
l’on plonge dans une cuve (le plus souvent en plastique dur ou inox)
pour traiter les films. Cadres et cuves se trouvent pour pas cher
d’occasion ou bien dans les poubelles du laboratoire pro qui vient
de fermer ses portes.. Les cadres sont spécifiques à un format
mais existent dans les formats les plus courants. Bien sur, pour
traiter du 20x25, il faut une cuve plus grande que pour du 6,5x9 …
certains cadres permettent de traiter des plaques de verre (la
rainure est assez large pour cela. Ils sont rares)

Cadres et cuves inox.
On peut employer le chariot d’une cuve Combiplan et ses 6 plan
films que l’on plonge dans un lot de cuves Combiplan chacune dédiée
à un produit. Proche de la méthode ci-dessus, le coût en est élevé
car les cuves Combiplan sont chères. De plus c’est limité au
9x12/4x5. Mais, on peut traiter des plaques en verre.
Travail en plein jour
Bien sur, il faudra
au préalable avoir inséré ses plan films dans le dispositif de
développement en étant dans le noir. Soit dans le laboratoire soit
en employant un manchon de chargement.
Ici, on peut
découper les catégories en travail manuel et en travail automatique.
Le travail manuel consiste à agiter, remplir, vider une cuve étanche
à la lumière grâce aux deux ustensiles finissant nos bras dont la
nature nous a doté. Le travail automatique va de la mécanisation de
l’agitation à l’automatisme total (mettre la cuve dans la machine,
presser le bouton « start » et revenir quand ça sonne, ½ heure plus
tard environ). On se doute que les coûts seront différents.
Pour l’anecdote,
citons la cuve style Paterson classique prévue pour traiter les
films 135 et 120 dans laquelle on met un plan film à la place de la
spire, « en vrac ». Ceci est un bricolage qui n’est pas digne de
notre recherche de « la perfection ». En tout cas, il ne faudra pas
oublier l’axe central indispensable à l’étanchéité à la lumière….
Paterson produisait
aussi un appareil destiné au traitement des papiers couleur que l’on
peut employer avec bonheur pour les plan films : le Paterson
Orbital. Il permet de traiter quatre plan films 4x5
simultanément ou un 20x25 avec une très faible quantité de chimie.
Si l’on dispose du moteur optionnel, l’agitation devient
automatique. Cet appareil doit être modifié pour les plan films. En
effet le fond de la cuve est lisse. C'est parfait pour les papiers
mais il faut le rendre rugueux pour le film sinon la chimie ne
mouillant pas totalement le dos du film, il restera des traces de
couche anti-halo. A vos Dremel...

Paterson Orbital sur sa base avec le moteur à l'arrière plan
Les pions rouges que
l'on voit sur la photo ci dessus sont destinés à partitionner
l'intérieur de la cuve Orbital. On peut y mettre un 20x25 cm, ou
quatre 4x5 pouces. Ne pas acheter la cuve si les pions sont absents.
Je n'ai rien trouvé de parfait pour les remplacer...
La cuve se tient
inclinée sur son support (s'il est absent, on n'achète pas...) et on
la fait tourner avec un doigt ce qui fait se promener le liquide sur
toute la surface sensible à l'intérieur. Le moteur ne fait que
remplacer le doigt.... Attention, l'agitation permanente est
recommandée sinon le révélateur s'oxyde là où le plan film ne baigne
pas dedans et il y a des traces là ou le plan film émerge du
révélateur... Donc, le moteur, tout compte fait .....
Le remplissage se
fait par le cône central et la vidange par la flèche à gauche.

La cuve Combiplan
La cuve Combiplan
est de conception ancienne. Elle est quasi inchangée depuis fort
longtemps. Elle permet de traiter films et plaques en format 9x12 ou
4x5. Il m’a été dit qu’elle a existé en format 13x18 il y a
fort longtemps. Légende ou réalité, je ne sais. Traitement par lot
de six. Traitement manuel uniquement. Longue à remplir et à vider,
elle peut fuir beaucoup si le couvercle n’est pas parfaitement
ajusté ou si l’on n’a pas bien revissé les bouchons spéciaux
destinés au remplissage et à la vidange. Je n’ai jamais réussi à
obtenir un lot de 6 plan films parfaits avec cet outil. Soit il en
sort un ou plusieurs de leur logement, et ils se rayent les un les
autres soit ils se collent entre eux après avoir sauté de leur
logement et le développement est incomplet… Certains
utilisateurs ne jurent que par elle, moi je ne jure que sur elle… A
vous de vous faire votre opinion, si vous avez des sous à
dépenser....
Les tubes BTZS ou
similaires fait main : Ces tubes en plastique ont un couvercle
vissant destiné à recevoir le révélateur. On insère le plan film
dans le noir (le périmètre intérieur du tube correspond à une des
dimensions du plan film, la longueur du tube à l’autre dimension du
plan film) et on visse le tube sur le couvercle rempli de chimie.
Puis après avoir allumé la lumière, on couche les tubes dans une
cuvette d’eau tempérée à la température de traitement et on roule
les tubes comme s’il s’agissait de billes de bois dans un fleuve. A
la fin de la durée prévue, il faut refaire le noir afin de changer
le révélateur pour du bain d'arrêt puis du fixateur. On traite par
lot avec une adaptation individuelle du temps de traitement par plan
film. Compliqué à mon goût, certains adorent…. Mais si les tubes
BTZS n’existent qu’en 4x5, on peut en fabriquer pour n’importe quel
format avec du tube PVC. Je n'ai employé ces tubes qu'une fois chez
un ami. La mayonnaise n'a pas pris entre eux et moi.
Un gros morceau : Les cuves
JOBO
Le fabricant
Allemand Jobo produit des cuves pour films, ainsi que des cuves pour
papiers. Dans notre cas, le film en feuille ressemble à. une feuille
de papier. Donc, on peut employer les deux types de cuves pour nos
précieuses images !
De plus,
l’efficacité Germanique a fait standardiser les dimensions et pièces
des systèmes. Nous pourrons donc jouer au Meccano, avec tous ces
bouts de plastiques, comme on l’adore en grand format !
Commençons par le
traitement manuel :
Jobo produit des
cuves dites « système 2500 » et des cuves dites « système 2800 ». Ce
sont les mêmes, les premières adaptées au traitement des films les
secondes aux traitements des papiers. Quand on doit traiter des
films, souvent on emploie une spire pour les tenir. Donc la cuve
porte un entonnoir dans son couvercle et la spire est enfichée sur
un axe qui reçoit l’entonnoir. Quand on doit traiter des papiers, on
les glisse contre des renforts sur la périphérie de la cuve, et le
couvercle porte un bol qui contiendra la chimie de traitement en
plus de faire l’étanchéité à la lumière.
Nous avons donc un
seul diamètre de cuve pour les deux séries, un seul couvercle, et
soit un bol dans les versions papiers, soit un entonnoir couplé à
des axes (communs aux cuves série 1500 destinées aux films 135 et
120) pour faire l'étanchéité à la lumière.
Les couvercles sont
fermés avec un bouchon en plastique souple orange vif, pour les
versions manipulées à la main, ou portent une roue dentée pour
engrener sur les machines automatiques. Nous enlèverons cette
roue si le couvercle en porte une et emploierons un bouchon pour le
traitement à la main. Si la cuve comporte un aimant dans sa base, on
l'ôtera précautionneusement pour employer la cuve à la main. Cet
aimant pèse un bon poids...
Les versions
« papier » ne peuvent prendre qu’un nombre faible de films par lot
de traitement. Il ne rentre que deux plan films 4x5 sur le pourtour
de la cuve la plus courte, et il n’est pas trop conseillé de mettre
dans le même tube des films les un au dessus des autres car ils
risquent de glisser et de se chevaucher. Mais, ce système permet de
traiter des films de taille arbitraire, à condition qu’une dimension
soit inférieure au périmètre intérieur de la cuve.
Il existe des petits
clips qui servent à coincer le papier/film afin de lui éviter de
s’enfuir…
Il faut employer les
cuves prévues pour le papier en position horizontale afin que la
chimie contenue dans le bol du couvercle coule sur le plan film et
les rouler sur un plan de travail pour qu’elle aille sur toute la
surface du film. On emploiera avec bonheur l'accessoire Jobo 1509
pour ce faire. Il faut aussi veiller à la parfaite horizontalité de
la cuve car le faible volume de chimie n'est pas suffisant
pour tout couvrir si l'horizon n'est pas plat ....
Les versions
« film » emploient des spires réglables référence 2509 qui prennent
6 plan films à la fois, et dont la taille maximale est le 4x5. Mais,
grâce à la modularité des axes et tubes, on peut construire des
cuves destinées à contenir N spires simultanément. La limite est à
déterminer en fonction du volume maxi de chimie que l’on
accepte de manipuler. 2 spires c’est limite, 3 trop à mon
avis… Ces cuves peuvent s’employer « verticales » avec des
retournements comme s’il s’agissait d’une cuve à film 135/120 de
type Paterson, ou être roulées sur un plan de travail. Bien
sur, la quantité de chimie à employer sera différente dans les deux
cas. Si l'on emploie la cuve horizontale, on se fiera aux
indications marquées sur le coté de la cuve et relatives aux spires
2509, sinon, il faudra 1,400 cc de chimie pour une cuve 2521 et sa
spire 2509, à peu près le double pour le modèle 2551 (2 spires 2509)
et en suivant.
Si vous êtes copain
avec Jean Claude Vandamme, vous emploierez 4 spires à la fois et
d'une seule main. Moi, je me limite à la 2521 et sa spire unique.
Jobo veut vous
vendre à tout prix un « chargeur » destiné à « faciliter le
chargement des spires 2509 ». Cet outil (une planche avec un axe
pour la spire et un autre axe destiné à recevoir un guide pour le
format du film à traiter est, à mon goût, impossible à utiliser. Si
vous arrivez à charger un film 135 ou 120 dans une spire de petite
taille, pourquoi n’arriveriez vous pas à charger six plan films
assez rigides dans leur spire ? Entraînez-vous au jour avec
des films foutus, et vous deviendrez un as sans la « chose » censée
être obligatoire….
Les cuves série 3000
dites « Expert Drum » :
Ces cuves sont d'un
principe complètement différent de ce qui précède. C'est un
cylindre de fort diamètre fermé à une extrémité et qui porte des
tubes rangés cote à cote dedans.
Dans chaque tube on
glisse une feuille de film roulée sur elle même. On ferme le gros
tube avec un couvercle ressemblant au couvercle des 2500/2800 mais
qui aurait abusé de l'EPO.
Il existe un modèle
pour 10 feuilles 4x5 pouces (référence 3010), un pour
6 feuilles 4x5 ou 5x7 (référence 3006) et un modèle pour le 20x25.
Ces cuves ont un couvercle destiné à l'entrainement mécanique (type
lift) inamovible donc il faudra un bouchon de bombonne pour les
fermer si l'on emploie pas de machine.
Les cuves de la
série 3000 sont conçues de telle façon que l'espace entre les tubes
se remplisse d'eau quand on les met dans le processeur prévu pour
elles. De cette façon le bain marie est quasiment en contact avec le
plan film (la paroi des tubes est fine) et nous obtenons avec ce
couteux système un développement parfait.
Pour que l'eau
rentre, le fond de la cuve porte des fentes. Ceci rend ces
dispositifs peu aptes, théoriquement, à l'emploi hors de l'eau. Si
votre laboratoire est chauffé ou est à une température voisine de
celle de la chimie, on les emploiera avec bonheur en les roulant sur
un plan de travail ou bien sur le support Jobo 1509 qui peut aussi
s'employer dans un grand bac servant de bain marie.
Le couvercle de la
cuve série 3000 est inséré « a force » sur le corps afin qu'il
tienne et soit étanche. Pour l'ouvrir il faut employer une pompe de
gonflage de matelas pneumatique (3 € au Vieux Campeur) et un bouchon
percé pour passer le tuyau. Attention le couvercle saute comme un
diable bondissant hors de sa boite quand la pression a atteint la
bonne valeur. Évitez de le prendre dans les dents.... Si lors de
l'achat il n'est pas nécessaire d'employer une pompe pour ouvrir la
cuve, cela signifie qu'il y a trop de jeu, donc que cela ne sera pas
étanche ou que, pire, la cuve s'ouvrira en cours de traitement et
donc, vous passerez votre chemin....
L'agitation
automatique hors processeur nécessite un moteur type Uniroller qu'il
faudra modifier car il n'est pas adapté à des cuves d'aussi fort
diamètre. Si vous laissez la temporisation en l'état, la cuve 3000
ne fait pas un tour complet..... Devinez comment seront les plan
films ? La modification consiste soit à supprimer le mécanisme
d'inversion et nous aurons une rotation toujours dans le même sens,
soit à ajouter dans la boite une petite tempo électronique à base de
NE555 qui pilote un relais destiné au changement de sens. On trouve
des kits à trois francs six sous pour faire cela. Comme il y a de la
place dans la boîte....
Ces bases motorisées
ou pas peuvent aussi servir avec bonheur aux cuves de la série 2500
si l'on tient à économiser la chimie. On prendra soin de mettre une
élastique autour de l'extrémité de la cuve 2500 si on veut éviter
qu'elle quitte les rouleaux...

Cuve Jobo 3006 ouverte (couvercle à l'arrière plan)
Employées
horizontales ces cuves nécessitent peu de chimie et sont donc, une
fois passé la surprise du prix d'achat, très économiques. Il faudra
faire attention à employer un volume de chimie suffisant pour
traiter les films mis dedans. (4 feuilles 4x5 pouces font quasiment
la surface d'un film de format 135) et aussi à ne pas surcharger le
moteur de la machine Jobo si on les emploie sur un processeur. Le
volume de chimie minimal pour couvrir le film horizontal est marqué
sur le corps. On prendra soin de le respecter à minima si on veut
avoir autre chose que de l'art conceptuel.

Base motorisée UniRoller, cuve 3006 sur Jobo 1509 et pompe destinée
à l'ouverture de la cuve ici équipée de son bouchon de bonbonne....
Les cuves série
2500/2800 peuvent être employées verticales. Elles nécessitent 1,400
l de chimie pour une spire 2509 donc encore facile à remuer. (voilà
pourquoi je rechigne à employer le modèle pour 2 spires : 3 litres
de chimie plus la cuve et le film, cela commence à être beaucoup...)
Si l'on utilise une chimie très concentrée (Ilford Ilfotec HC
ou Kodak HC110 ou Agfa Rodinal) vous trouverez que c'est assez
économique. Idem si vous faites vous même votre D76 ou votre D23. Si
vous employez des révélateurs chers, préférez les cuves horizontales
!
Les outsiders
Il existe des cuves
dites « Yankee » ou « General Brand » qui comme la Combiplan
emploient un chariot porte film et permettent de traiter 6 plan
films ou plus simultanément. Elles ont mauvaise réputation, sont
censées fuir et générer des défauts de développement. Je n’en ai
jamais employé. Donc je n’en dirai pas plus.
Une autre solution
est la cuve NIKOR (rien à voir avec la société japonaise NIKON).
Cette cuve est en inox et comprend une splendide spire en inox
réglable pour 12 plan films (taille maxi 4x5). Elle contient 1,2 l
de chimie et est très solide car bien fabriquée en bel inox par
Honeywell à Cambridge Massachusetts. Elle est un peu longue à
remplir et à vider (bien que les derniers modèles aient été
améliorés sur ce point.) Son seul défaut est le prix souvent
faramineux qu’elle atteint malgré son grand âge sur Ebay (plus de
150 $....)

Cuve Nikor 4x5
Sur cette image on
distingue la spire réglable (6 vis sur le plateau supérieur,
attention à leur état !) le plateau mobile ici en position haute
pour le 4x5, la spirale centrale de guidage des plan films et sur la
table le collier en inox destiné à empêcher les films de sortir de
la spire.
Il faut insérer les
plan films émulsion vers le centre pour que la spirale ne touche que
la dorsale.
Pour augmenter la
rapidité de remplissage, on posera la cuve sur le petit couvercle à
droite afin que la séparation de la chicane du couvercle soit en
haut. Remplir sans s'affoler dans la partie large et tout ira
bien.
Ces cuves donnent
d'excellents résultats et permettent « d'épuiser » 1,4 litre de
HC110 dilution H (1+63) car on peut y traiter jusqu'à 12 plan films
4x5 simultanément ! Elles sont donc économiques, solides et
pratiques.
Les traitements mécanisés :
Toutes les cuves
Jobo, tant films que papiers peuvent être employées horizontales
(elles ont même été conçues pour ça !) et mises en rotation grâce à
une base motorisée. Ne pas oublier l’élastique qui empêche la
cuve de sortir de la zone d’entraînement… Ces entraineurs génèrent
une agitation permanente dont il faut tenir compte quand on
détermine la durée de développement..
Mais, bien sur, on
peut employer les cuves Jobo dans un processeur Jobo. Ce
dernier va se charger de l’agitation, et du maintient en température
des bains. Selon le modèle, remplissage et vidange se font à la main
ou de façon plus ou moins automatique. Si le processeur est
indispensable pour le traitement couleur par la finesse de
régulation de la température qu’il procure, à mon avis, en noir et
blanc, il constitue plus une nuisance qu’autre chose. Mais, le
processeur permet d’employer les cuves Jobo de la série 3000 (dites
Système Expert) qui ne peuvent être facilement employées à la main
(à cause de la nécessité du bain marie).
Si vous avez une
grosse production (et de la place…), les Jobo ATL sont des machines
dans lesquelles on met la cuve chargée de plan films, on appuie sur
un bouton et on va regarder un film à la télé. Ca siffle quand c’est
prêt comme disait un slogan de pub d’antan… Il faut faire juste
attention que la machine soit assez grosse pour s’accommoder des
cuves que vous possédez… Mais là, on sort du cadre purement amateur
ou professionnel indépendant. Si vous voulez devenir un
professionnel du développement, il existe un tas de systèmes adaptés
à une production plus ou moins volumineuse et plus ou moins chers.
Mais je n’en parlerai pas.
Rappelons que le
Paterson Orbital peut être employé sur une base qui rend l’agitation
automatique et permanente.
Parlons chimie
Déjà, se posent des
contraintes de volume :
- il faut que le/les plan films soient
immergés totalement,
- il faut que la quantité de produit actif soit suffisante pour
traiter la surface de film présente,
- si l’on emploie un processeur, il ne faut pas que la masse totale
à mettre en œuvre dépasse les capacités du moteur !
Prenons un exemple
pour faire comprendre les contraintes :
Le PMK nécessite 500
cc de chimie (1+2+100) pour traiter 1 film 135/36. Or cette
surface correspond à 1 plan film 20x25. Soit 4 plan film 4x5. Dans
notre cuve Jobo qui contient avec sa spire 6 plan films 4x5 il nous
faudra donc 750 cc minimum de chimie pour traiter ces 6 plan films.
Mais notre Jobo CPE2 ne peut accepter une charge supérieure à 600gr.
Donc la cuve ne devra pas contenir plus de 500 cc de chimie ! Donc
maximum 4 plan films par lot !
Oui, mais, le PMK
est très sensible à l’agitation (car il s’oxyde rapidement) donc,
pour éviter les déconvenues, il faudra employer 2 fois le volume
nécessaire de chimie, en changeant le bain à mi durée de
traitement ! Nous emploierons donc 1 litre de PMK pour traiter « en
machine » 4 plan film 4x5 en deux passes...
On voit ici que le
grand format impose une autre façon de raisonner. Et que les
solutions qui étaient pertinentes en termes d’économies en 135 ou
120 ne le sont plus forcément. Mais le grand format nous libère en
grande partie de la « dictature du grain fin » car l’on ne va pas
agrandir autant un plan film 4x5 qu’un négatif 24x36 mm. Donc, les
révélateurs grains fin très cher employés en petit format pourront
être remplacés par des produits moins cher en grand format et
fournir d’admirables résultats à coût modéré ! Les Rodinal,
HC110, et autres Ilfotec HC sont de retour ! De plus dès que le
format devient grand, nous aurons envie (sans parler d’obligation)
de faire des tirages contact au lieu d’employer le traditionnel
agrandisseur. Donc, le grain, là encore, devient « quantité
négligeable ». Mais s’il nous prend l’envie de passer aux procédés
« anciens » (Platine, Van Dyke, papier salé, cyanotypie….) nous
aurons besoin d’obtenir des négatifs avec un fort contraste et
densité maximale. Et donc les révélateurs habituels ne seront pas à
la fête ! Faites vous à l’idée de mélanger vous-même vos produits…
Là réside la véritable économie, et la liberté de choix.
Classons nos méthodes de traitement
par volume de chimie nécessaire
Le record est sans
doute détenu par Mr Paterson avec son Orbital : environ 100 cc de
chimie pour traiter 4 PF 4x5 ou 1 20x25 ! Attention à ne pas épuiser
le révélateur ! Cette solution fait à peu près jeu égal avec
le tube BTZS mais pour 1 plan film seulement.
Immédiatement
derrière se situe la cuve Jobo 2521/2523 employée en rotation qui
n’emploie au minimum que 270 ml de chimie pour 6 plan films 4x5 ! Là
encore, attention aux capacités du produit !
On met derrière les
cuves Jobo série 3000. Volume variable selon le modèle et le nombre
de film, mais assez proche des autres Jobo.
De là, nous allons
vers le litre de chimie. En cuvette, c’est assez pour traiter 4 ou 6
plan films dans une cuvette 13x18 ou 24x30. (Prévoir une
taille de plus que le plan film pour la cuvette afin de pouvoir
retourner les plan films facilement).
De nombreuses
solutions requièrent 1,2 litre de chimie :
La cuve Combiplan, la cuve Nikor 4x5, la cuve 2521 utilisée à la
main demandent le même volume de produit. Bien sur, le meilleur
rendement est donné par la cuve Nikor qui traite 12 plan films à la
fois… mais si la chimie n’est pas épuisée, on peut traiter « dans la
foulée » un autre lot de 6 plan films si l’on dispose de 2 cuves
Combiplan ou Jobo et atteindre le même rendement. Surement de
fausses économies car si la chimie est un tant soit peu polluée, on
« ruine » 6 plan films d'un coup ....
Vers les 2 litres se
situent certaines cuves « profondes » en inox pour 8 à 12 cadres à
plan films, et à 2,8 litres la cuve Jobo 2551/2553 employée à la
main contenant 2 x 6 plan films.
Nous atteignons là
les limites du traitement à la main. En effet, manipuler une cuve
chargée de 12 plan films et contenant 2,8 litres de chimie est un
exercice qui se rapproche de la musculation et s’éloigne de la
photo. Les temps de remplissage et vidange deviennent longs et
difficiles à tenir constants nous empêchant d’obtenir les résultats
parfaits qui sont notre but.
Les cuves inox
« profondes » sont économiques si on prend soin de remettre à l'abri
de l'air le révélateur après usage et si on est assez maniaque et
organisé pour ne pas contaminer le révélateur par autre chose durant
le traitement.
Maintenant que nous avons examiné le point des contraintes de
volume, regardons celui des temps de traitement :
Les temps de traitement
Verser 1 litre de
chimie dans une cuve prend du temps. Le vider aussi. Certaines cuves
sont prévues pour améliorer cette performance, d’autres pas. Donc,
si l’on veut des traitements homogènes, il faut employer des temps
de traitements tels que ce long temps de vidange devienne
négligeable vis-à-vis du temps de traitement total dans le
révélateur. Pour augmenter ce temps, deux solutions : réduire la
température ou augmenter la dilution. La température ne peut se
réduire en dessous des 18°C car en dessous de ce seuil peu de
révélateurs fonctionnent correctement. Donc cette voie est une
impasse. La dilution, en revanche se montre pratique à condition de
rester raisonnable pour ne pas utiliser une quantité homéopathique
de chimie pour développer 1 m² de film.
On voit ici que la
cuvette dispose de bien des avantages ! Elle est déjà pleine, on se
borne à y plonger les plan films un par un assez rapidement pour que
leur développement soit homogène et on ne la vide pas puisque l’on
transfère les plan films dans le bain d’arrêt déjà prêt !
De même, les cuves
Jobo employées horizontalement sont des candidates rêvées car elle
emploient très peu de chimie. Il ne faudra pas deux heures pour
verser les 300 cc de chimie dedans ! Ajoutez à cela une ouverture
large et vous arrivez à un bon compromis même si on les emploie
verticales avec un entonnoir. C'est rapide pour transvaser le 1,2
litre ! Et elles se vident aussi rapidement.
Si vous optez pour
la Combiplan employée en version « jour » préparez vous à râler et à
ronchonner... le système de remplissage n'est apprécié que des
adeptes du sado maso... Coté maso, bien sur. Mais si vous n'employez
que le chariot promené de cuve en cuve, là, on rejoint la rapidité
de la cuvette pour un cout bien plus élevé ...
Ne pas
oublier

L'indispensable
Il vous faut un entonnoir adapté au trou central des axes de vos
cuves (si vous choisissez des cuves à spire) car il permet à la
chimie de passer dans l'axe sans empêcher l'air de sortir. Si vous
créez un vortex en versant, cela va hyper vite !
Il vous faut aussi
des seringues pour doser les concentrés type Rodinal ou pour aspirer
le sirop HC110 (il faut PESER le sirop si vous voulez des dosages
précis), un compte goutte pour l'agent mouillant et une cuvette qui
ne servira qu'à cela (certains révélateurs n'aiment pas les agents
mouillants...
Un thermomètre est
indispensable pour mesurer le température de vos bains. Il
n'a pas besoin d'être précis, juste fidèle. Je vous conseille d'en
acheter deux, de les comparer (ils seront différents), de noter les
résultats obtenus et d'en garder un à l'abri dans un tiroir pour
n'employer que le second. Si celui ci se casse, il vous suffira d'en
racheter un et de comparer avec votre référence pour être sur de vos
températures et de la qualité de vos traitements. Il est crucial
d'être rigoureux et de faire TOUJOURS pareil afin de maîtriser tous
les paramètres du traitement.
Tant que nous sommes
dans l'indispensable, parlons des gants. Nous devrions toujours en
porter au laboratoire pour éviter le contact avec des chimies
allergisantes ou pires... Mais il y a gants et gants !
Les verts sont des
Mapa en Nitrile qui sont épais, solides et pas cher. Je les trouve
trop épais pour le traitement en cuvette. Les bleus sont dans la
même matière mais sont de type « chirurgie » et donc permettent un
toucher plus facile.
Il faut des gants en
Nitrile car le latex n'est pas garanti imperméable aux produits
chimiques. C'est pas la peine de mettre des gants si les produits
nocifs les traversent... n'est-ce pas ?
Sur la photo on voit
aussi une belle pendule de laboratoire parfaite pour le traitement
au jour. Pour le traitement dans le noir, on emploiera soit des
timers électroniques qui parlent (à acheter à l'association d'aide
aux aveugles Valentin Haüy en faisant aussi un don) soit une
cassette (ou MP3 pour les jeunes) que l'on aura préparée pour son
traitement favori.
Enfin, cerise sur le
gâteau, le support à chaussettes d'origine chinoise est parfait pour
sécher ses plan films sans qu'il ne se touchent et on peut
l'accrocher soit dans une armoire de séchage soit dans la douche,
seuls endroits sans poussières de la maison...)
Et si on tentait un palmarès ?
De tout ce qui
précède, nous avons déduit qu’il faut choisir sa méthode de
traitement en fonction de nombreux critères contradictoires. Comment
choisir ? Que choisir ?
Il faut les deux...
ou plus sérieusement, il faut plusieurs solutions.
Supportant de
travailler dans le noir et disposant de minuteurs qui parlent
je développe en cuvette de temps en temps. Ce n'est pas désagréable,
après une journée de travail de se retrouver dans le noir, concentré
sur un simple but à atteindre et permet d'oublier les tracas de la
journée. Zen en quelque sorte. Vous pouvez agrémenter le silence par
une musique en léger bruit de fond. Prendre le pli est facile.
Employez des plan films fichus pour vous entrainer au jour dans des
cuvettes remplies d'eau, au début, puis traitez 4 puis 6 plans films
vierges dans le noir (avec cette fois des produits actifs) pour
vérifier l'absence de rayures et votre préparation. Et voilà, vous
êtes fin prêt à traiter vos PF dans le noir en cuvette !
Si vous ne supportez
pas le noir ou si vous rayez vos films, prenez donc soit une cuve
Jobo 2521 et sa spire ou une cuve inox Nikor. Chargée au noir, vous
pourrez rallumer la lumière dès le couvercle mis, et de là, revenir
à vos habitudes de film 120 ou petit format. J'ai un faible pour la
Nikor car elle traite 12 films à la fois, et est assez solide si
vous partez en voyage pour vous permettre de traiter vos films dans
la chambre d'hôtel. Oui, je sais, c'est particulier comme
traitement...
Bien sur, les choix
se restreignent quand on augmente le format. Le choix est vaste en
4x5 pouces, se réduit en 5x7 ; encore plus en 8x10. Et au delà; il
ne reste que la cuvette......
Si vous envisagez la
couleur, tant négative que positive, le système Jobo est assez
difficilement remplaçable que vous soyez amateur ou pro. Achetez
donc les cuves Jobo en attendant de trouver le processeur qui vous
conviendra.
Si vous vous lancez
dans le grand format, l'achat de la chambre, de l'optique et des
accessoires représente un budget important. Je vous préconise de
traiter vos films en cuvette, en gardant des finances pour des plan
films afin d'avoir de la matière pour faire vos gammes. Il y a
beaucoup de choses à maîtriser pour obtenir une image parfaite en
grand format. Savoir que le traitement des films ne vous ruinera pas
vous libérera l'esprit. Et si « la mayonnaise » ne prenait pas, vous
n'aurez que la chambre et ses accessoires à revendre... Mais une
fois que vous aurez gouté au grand format, peu de chances que vous
reveniez aux négatifs taille timbre poste...
dernière modification de cet article
: 2008
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