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l'auteur

André MOUTON est photographe et passionné de grand format. Il a créé TAOS PHOTOGRAPHIC 
(1 impasse Laporte
11400 Castelnaudary)
taos@wanadoo.fr 

 

 

 

 

 

Techniques de compression
en tirage Noir & Blanc

Un certain nombre de photographes utilisant le Zone System ont la fâcheuse habitude de parler de contraste pour désigner l'étendue de brillances d'un sujet ou la gamme de densités d'un négatif. Ces deux notions sont en réalité très différentes: le contraste d'un négatif s'exprime par la pente de la courbe caractéristique du film et est déterminée uniquement par les conditions de développement. Le contraste ne dépend aucunement de l'étendue de brillances du sujet. Ainsi, un négatif de contraste moyen (G = 0,6 par ex.) peut aussi bien renfermer une étendue de brillances correspondant à 4 zones, 10 zones ou plus suivant le sujet. Il demeure néanmoins un négatif de contraste normal. De même, un négatif développé pour un faible contraste (G = 0,35 par ex.) reste un négatif à faible contraste même si le sujet photographié renfermait 12 zones ou plus. Cette mise au point est d'une importance capitale pour comprendre les avantages ou inconvénients de certaines techniques de compression présentées ci-après.

La compression du négatif

Les photographes qui tirent eux-mêmes leurs images connaissent les limitations de leurs matériaux noir & blanc, négatifs ou positifs. Si un négatif est capable d'enregistrer une forte étendue de brillances (15 zones, voire plus) le papier, lui, n'est en mesure de restituer que les 8 ou 10 premières et sature au delà. Lorsqu'un sujet comporte plus de 10 zones de brillances, il convient de comprimer sur le négatif la gamme de densités afin de rendre ce dernier compatible avec les capacités d'enregistrement du papier.

Techniques de compression habituelles

Les techniques de compression classiques (réduction de la durée de développement, révélateur très dilué, etc…) sont toutes basées sur le même principe: le sous-développement du négatif. Or un sous-développement produit un négatif de plus faible contraste local qu'un développement nominal, avec une moins bonne séparation des tons notamment dans les ombres et les hautes lumières. Cet inconvénient s'accompagne aussi d'une perte de sensibilité et l'apparition éventuelle de zones non homogènes si le sous-développement est important.

Les films actuels sont conçus pour être développés normalement et répondent mal à un fort sous-développement. Les techniques de compression classiques sont donc mal adaptées à des compressions importantes (plus de N-2) Il convient de rechercher d'autres méthodes permettant une compression importante des densités tout en développant le négatif dans des conditions normales de durée, de température, de dilution et d'agitation.

Nouvelles techniques de compression

Ces techniques ne sont en fait pas nouvelles puisque elles ont été appliquées dés le début du siècle dernier, puis sont tombées dans l'oubli des photographes. Les travaux récents de David KACHEL aux USA les ont fait resurgir de l'ombre. Ces techniques sont basées sur le blanchiment préliminaire de l'image, quelle soit argentique (technique n°1) ou latente (technique n°2). Une idée encore jamais explorée par les photographes du Zone System.

Technique n°1: La méthode du monobain

Un monobain est un révélateur qui contient aussi un fixateur. Du fait de sa forte alcalinité, le développement se produit avant que le fixage n'agisse. L'intérêt du monobain est sa forte tendance à fixer rapidement les faibles densités du négatif et à développer plus longuement les fortes densités. La méthode s'applique à posteriori sur des négatifs déjà développés et fixés dont on veut réduire la gamme des densités.

La première phase consiste à blanchir le négatif à compresser dans un bain de ferricyanure de potassium (voir table 1), puis à le re-développer partiellement dans un révélateur très dilué (voir table 2) afin de ne faire apparaître que les faibles densités (zones I à III). A ce stade, le film a une courbe caractéristique du type de celle représentée à la fig1.

Les densités correspondant aux tons moyens (zones IV à VI) et aux hautes lumières (zones VII et au delà) sont ainsi laissées sous-développées, en attente d'un développement complémentaire dans le monobain (voir table 3) .

Comme le monobain a tendance à fixer plus rapidement les faibles densités, les densités moyennes (qui correspondent aux plus faibles densités restant à développer dans notre négatif) vont être développées moins longuement que les fortes densités, et un effet de compression sera atteint dans la gamme moyenne du négatif. Les ombres et les hautes lumières ne seront pas affectées dans leur contraste local. La courbe caractéristique finalement obtenue est du type de celle représentée à la figure 2.

La figure 3 ci-dessous illustre l'évolution des densités du négatif au cours des différentes étapes de la méthode:

En résumé, les étapes de la méthode du monobain sont les suivantes:

  • Blanchiment complet du négatif

  • Rinçage

  • 1er développement dans un révélateur très dilué, jusqu'à apparition des basses lumières

  • Rinçage

  • 2ieme développement dans le monobain

  • Bain d'arrêt

  • Fixage

  • Lavage et séchage

Les tables en annexe donnent la base de départ à la fabrication des différents bains. A partir de ces bases, des compressions de 0,4 à 0,6 unités de densités, soit N-2 à N-3, peuvent être obtenues. Des compressions plus importantes (jusqu'à N-10) peuvent être obtenues en augmentant la quantité de fixateur (thiosulfate de sodium) par incréments de 10 à 20g, ou en diminuant la quantité de révélateur (métol) par incréments de 0,5g, ou encore en combinant les deux. A chacun de régler sa méthode!

Technique n°2

Bien que très efficace la méthode du monobain n'est peut être pas à la portée du débutant. Pour ceux qui préfèrent une méthode plus simple et adaptée à des compressions plus faibles (N-1 à N-4), je propose la technique suivante qui est basée sur le blanchiment de l'image latente, et donc s'applique à des négatifs exposés mais non encore développés.

Après blanchiment préliminaire dans une solution de ferricyanure de potassium (voir table 1), le négatif est développé normalement dans votre révélateur habituel. Oui, normalement, c'est à dire que le négatif blanchi peut être développé avec d'autres négatifs normaux dans les conditions normales de durée, température, etc… Une compression des densités se produit parce que le blanchiment détruit davantage l'image latente dans les zones de forte exposition. Ainsi, les zones d'exposition excessive n'existent plus au moment du développement et le négatif peut être développé normalement. Il en résulte une diminution du contraste du négatif sans perte notable de sensibilité ni risque de développement irrégulier.

La table 1 donne une base de départ pour le réglage de la méthode, mais la dilution du bain de blanchiment doit être ajustée en fonction de la compression désirée et du couple film / révélateur utilisé (il est possible que des dilutions très supérieures

(X10 ou X100) soient requises).

Annexe

(Techniques n°1 et 2)

(Technique n°1)

Table n°1: Blanchiment

Table n°2: Premier révélateur

Ferricyanure de potassium: 11g
Bromure de potassium: 12,5 g
Eau pour faire: 1000ml


Pré-mouiller le négatif avant blanchiment.
La durée optimale du blanchiment est de 4 à 5 minutes à 20°C. Ajuster la dilution en conséquence. Bien rincer après blanchiment.

Métol: 0,5 à 1g
Sulfite de sodium: 2,5 à 5g
Carbonate de sodium: 2,5 à 5g
Eau pour faire: 1000ml

Les dilutions et durée de développement doivent être réglées pour obtenir un développement complet des zones I à III. Les zones IV et suivantes doivent présenter un affaiblissement important.

 

Table n°3: Monobain

 

Sulfite de sodium: 6g
Métol: 2g
Thiosulfate de sodium: 40g
Hydroxide de sodium: 5g
Eau pour faire: 250ml

Le développement complet des densités moyennes et hautes est réalisé en 30 secondes. Ne pas développer plus de 60 s.
Utiliser un bain frais pour chaque négatif. Aussitôt après le monobain, plonger le négatif dans un bain d'arrêt et fixer.

dernière modification de cet article : 2000

 

 

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