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l'interviewé
Daniel Drouard
Né en 1944
Daniel Drouard a été de 1971 à 1988
photographe à l’UER de biologie et génétique
à l’Université Paris 7
Depuis 1989, il vit en Haute Savoie
Il est l’auteur du livre « Initiation au Zone System »
chez VM (Eyrolles)
Il a exposé la série « Paysages forestiers »
au festival de la photographie de nature
de Montier-en-Der, en 2005
Daniel Drouard
Chalet Denali
544 chemin du Thural
74920 Combloux
Tél. 04 50 93 38 78
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Nouvelle Edition 2009
Initiation au Zone System par
Daniel Drouard
En vente sur Amazon
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A propos du livre :
Initiation au zone système
et au système des zones
en photographie
Daniel Drouard, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis né en 1944 et la photographie est devenue
progressivement ma profession lorsque je suis entré comme personnel
technique à l'université en 1966. De 1971 à 1988, j'ai été photographe de
l'UER de biologie et génétique à l'université de Paris 7. Je réalisais des
photographies pour les chercheurs et pour les enseignants. C'était un
travail assez varié, de reproduction de documents, de réalisation de
diapositives pour l'enseignement, de prise de vue en photomicrographie ou en
photomacrographie, de tirages pour la recherche ou pour les thèses. En 1989
je me suis mis en disponibilité pour suivre ma femme en Haute Savoie. Comme
je n'ai pas réussi à obtenir une mutation sur une université de la région,
j'ai décidé d'animer des stages de formation technique à la photographie de
nature et j'ai entrepris des recherches sur la photographie de paysages,
notamment des forêts de montagne.
Le Zone System est une technique qui aide le photographe dans
sa création en lui permettant, au moment de la prise de vue, de percevoir
mentalement l'image finale qui va en résulter. Pour cela, on établit une
échelle de niveaux d'exposition du film appelés zones et auxquels
correspondent des valeurs de gris, du noir au blanc, sur l'image. Le
photographe qui a acquis la mémoire visuelle des différentes valeurs
correspondant aux différentes zones d'exposition, devient capable, dès la
prise de vue, d'interpréter les luminances du sujet en les traduisant en
zones d'exposition puis en valeurs sur l'image finale. La technique du Zone
System (ou "système des zones" en français) a été mise au point à partir de
la fin des années trente aux Etats-Unis par des photographes dont Ansel
Adams fut le plus célèbre. Elle est, depuis, très fréquemment utilisée dans
les pays anglo-saxons ou le Canada, mais est restée plutôt confidentielle en
France. Les ouvrages en français sont rares et les ouvrages en anglais sont
difficiles d'accès pour ceux qui ne maîtrisent pas bien la langue. Lorsque
j'ai voulu me mettre à cette technique, j'ai été obligé, comme beaucoup
d'autres je suppose, de passer beaucoup de temps en traductions. Ce qui
n'est pas mon fort ! Ce livre propose une initiation, c'est-à-dire le
minimum de connaissances nécessaires pour être capable d'appliquer cette
technique et d'y progresser. Il ne prétend pas faire le tour du sujet, et de
loin ! J'ai plutôt essayé de rendre la technique accessible, notamment en la
présentant par étapes successives. Il s'adresse donc à tous, professionnels
ou amateurs ayant déjà quelques notions générales en photographie.
Dans votre livre, vous présentez un chapitre consacré au
système des zones appliqué à la diapositive couleur. Le système a donc aussi
une application en couleur ?
C'est vrai que le Zone System est habituellement plutôt
associé à la photographie en noir et blanc qu'à la couleur. Toutefois de
grands photographes américains utilisent actuellement un système des zones
en photographie couleur. Et cela se voit sur le résultat ! Ansel Adams
lui-même traduisait les luminances du sujet en zones pour certaines
photographies qu'il réalisait en couleur. On peut notamment le vérifier dans
son livre "Examples",
à la page 120, à propos de l'image "Nevada falls". L'application à la
couleur est, après tout, naturelle, la différence étant que les valeurs
présentent une coloration en plus d'une densité. Toutefois, contrairement à
l'application en noir et blanc, le photographe ne modifie généralement pas
le développement du film, à cause de l'incidence sur le rendu coloré. C'est
pourquoi je préfère alors utiliser l'expression système des zones
simplifié.
Dans mon livre, je distingue deux étapes dans l'approche du
Zone System.
- La première est l'interprétation des luminances du sujet en zones puis
l'interprétation mentale de l'image en valeurs.
- La deuxième étape est l'intervention sur le développement du film pour
affiner la création.
La première étape concerne aussi bien le film inversible couleur que le film
négatif noir et blanc. Depuis une dizaine d'années, je photographie en
diapositive couleur à l'aide d'une chambre grand format (4x5"). Le système
des zones m'aide considérablement à maîtriser la création des images et
aussi me permet d'éviter de gâcher du film avec des essais de temps de pose.
L'image correspond à ce que j'ai désiré. "Bracketer" en diapositive couleur
de grand format reviendrait cher ! Je voudrais ajouter que si j'ai décidé
d'écrire ce livre c'est aussi pour développer cette application en couleur
qui est presque toujours oubliée.
Pourriez-vous nous présenter les photographies II et III
illustrant votre livre en expliquant les problèmes qu'elles posent et
l'intérêt du système des zones ?
planche III
Prenons le sujet de la planche III. Je voulais traduire la
sensation que j'éprouvais grâce à l'opposition entre la douceur "lisse" des
troncs de bouleaux et le "fouillis" des herbes et des fleurs du premier
plan. Il était donc nécessaire de m'assurer que l'image comporterait des
détails de texture, aussi bien sur le tronc clair des bouleaux que dans
l'herbe qui était peu éclairée. Si, par exemple, les troncs de bouleaux
avaient été totalement blanc sur l'image, ils auraient été "uniformes", mais
pas "lisses" et l'effet aurait été très différent. Par ailleurs, la
blancheur des troncs de bouleaux devant être respectée, ceux-ci devaient
apparaître blanc, mais d'un blanc "moins blanc que blanc"! En mesurant avec
un spotmètre les quantités de lumière renvoyées par ces différents éléments,
j'ai pu les "placer" sur l'échelle des zones d'exposition. Connaissant,
grâce aux étalonnages, les zones qui sont à la limite de la traduction d'une
texture et les valeurs qui en résultent, j'ai pu trouver exactement le temps
de pose tel que les troncs de bouleaux comportent des détails dans des gris
très clairs. J'ai pu également vérifier que l'herbe foncée et les troncs de
mélèzes du fond comportaient également des détails. Si l'écart entre les
quantités de lumière renvoyées par les troncs clairs et l'herbe foncée était
tel qu'il dépassait l'échelle "texturée" des zones, j'aurais pu modifier le
développement de façon à augmenter le nombre de zones qui peuvent traduire
une texture. Le Zone System permet alors de contrôler l'effet obtenu.
planche II
Le même raisonnement est applicable avec le sujet de la
planche II. Cette fois, il était important que le détail des roches des
falaises soit suffisamment apparent, sans trop perdre celui de la neige au
soleil.
Vous voulez faire une mise au point à propos de
l'illustration de la 4ème de couverture, qui a fait l'objet de discussion
sur le forum de galerie-photo ?
L'image de la 4ème de couverture représente un morceau de film
diapositif couleur ayant servi d'étalonnage au "système des zones simplifié"
(film Velvia). Si la reproduction était en couleur, on verrait les
inscriptions en jaune sur le bord du film. Comme indiqué dans le chapitre
spécifique du livre, il s'agit de la charte gris moyen, réfléchissant 18% de
lumière, photographiée à différents temps de pose de façon à ce que l'écart
entre deux vues soit d'un cran de diaphragme. Ainsi, chaque plage de gris
représente la valeur correspondant à une zone d'exposition.
J'avais photographié cette bande de film diapo pour la
reproduction en imprimerie. Les essais avant impression nous ont montré que
la reproduction des valeurs n'aurait pas été suffisamment respectée et nous
avons été obligés de "tricher" en appliquant un traitement numérique de
façon à rétablir au mieux les densités de gris du film d'origine, plage par
plage. C'est ainsi que nous obtenons une valeur de noir plus foncée que le
bord du film, ce qui devrait être impossible! La Valeur V, qui correspond à
l'exposition en Zone V, devrait présenter le même gris que la charte gris
moyen. Si ce n'est pas exactement le cas ici, c'est à cause de l'impression.
Nous avons été obligés de forcer un peu l'encrage pour obtenir un noir
suffisamment profond sur l'image de la 1ère de couverture. Le gris de la
Valeur V aurait donc dû être un peu plus clair. Le noir le plus profond est
obtenu par l'exposition en Zone I ou II et le blanc le plus clair par une
exposition en Zone IX, ce qui est généralement le cas pour un film
diapositive.
Cette explication étant faite, je voudrais faire une mise au
point importante qui peut répondre à quelques questions que se posent les
débutants dans cette technique. Je pense qu'il aurait été préférable de
mettre une légende à cette illustration afin d'éviter une confusion. Si je
ne l'ai pas fait, c'est parce que je ne voyait pas trop bien où la mettre et
c'est une mauvaise raison ! Lorsque nous abordons pour la première fois le
Zone System, nous pensons souvent que cela consiste à essayer de reproduire
une échelle de gris préétablie. Cela amène le débutant à préférer voir
l'échelle reproduite dans un livre, pensant essayer ensuite de reproduire
ses valeurs de gris. En fait, le bon raisonnement est plutôt l'inverse. Dans
l'exemple de ce bout de film, la seule valeur dont le gris est déterminé à
l'avance est la Valeur de la Zone V. C'est le gris de la charte gris moyen
réfléchissant 18% de lumière. Le noir profond est le plus dense que peut
obtenir le film diapo et le blanc le plus pur est celui de la transparence
du film. Les positions, dans l'échelle, de ces valeurs qui donnent le noir
et le blanc, ne sont pas déterminées à l'avance par le photographe. Elles
sont révélées par l'étalonnage. De même, les niveaux précis de gris que
présentent les valeurs intermédiaires, entre le noir et le gris moyen de la
Valeur V puis entre le gris moyen et le blanc, ne sont révélés que par
l'étalonnage. Pour la technique en noir et blanc, les choses se compliquent
car le photographe, en jouant sur le développement, peut intervenir sur les
niveaux de gris des différentes valeurs et sur le nombre de zones de
l'échelle. Mais là encore, c'est l'étalonnage qui révèle les densités
réelles de gris qui correspondent aux différentes valeurs. Si donc, dans un
livre, une échelle de valeurs de gris est représentée, elle n'y est que dans
un but pédagogique, pour montrer de quoi on parle. Mais pas pour qu'on
cherche à la reproduire !
dernière modification de cet
article : 2010
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