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l'auteur

Jean-Philippe Astolfi

Né à Bastia en 1955, vit et travail à Lyon.
Photographe autodidacte
Conseil éclairage auprès des architectes jusqu’en 2013
Se consacre depuis totalement à la photographie.

Membre du collectif « Photographies rencontres"

jeanphilippeastolfi@gmail.com
 http://jeanphilippeastolfi.piwigo.com

 

interview par

Henri Peyre
Né en 1959
photographe
Beaux-Arts de Paris en peinture
webmaster de galerie-photo
ancien professeur de photographie
à l'Ecole des Beaux-Arts
de Nîmes

www.photographie-peinture.com
organise des stages photo
www.stage-photo.info


 

 

 

Jean-Philippe Astolfi :
Vues sur le vénérable Mont Fuji

 

La série « Vue sur le Vénérable Mont Fuji » de Jean-Philippe Astolfi a été réalisée lors d’un récent séjour au Japon. Elle est le résultat d’un processus de réflexion mené avant son départ. Les lectures sur l’art de l’estampe ainsi que la consultation des ouvrages sur le sujet à la BML(1) avaient déjà façonné le regard, le voyage en anticipation réalisé sur Google maps avait permis d’identifier les potentialités que les paysages recelaient. L’image voulue est née de cette conjonction, il ne suffisait plus que de réaliser la série...

 


© Jean-Philippe Astolfi

 

 

D'où vous est venue cette idée de travail à la manière des estampes japonaises ?

Cette série s’inscrit « en marge » d’un travail engagé depuis plusieurs années sur la relation esthétique que nous entretenons avec notre environnement et plus particulièrement sur la manière dont les stéréotypes issus de notre culture visuelle façonnent notre regard.
Pourquoi « en marge » ? parce que je me suis rapidement rendu compte qu’il me serait impossible de transposer cette réflexion sur un monde aussi étranger à ma culture que le Japon.

C’est donc « à la manière de » tel qu’énoncé dans la question que j’ai envisagé ce travail, un exercice de style dans lequel la forme prime sur le fond.

 

 


© Jean-Philippe Astolfi

 

 

Comment prépare-t-on une série pareille ?

Cette série est également « en marge » de ma production habituelle car elle était contrainte dans une temporalité différente. Habituellement je travaille sur des projets qui s’étalent sur plusieurs semaines, parfois plusieurs mois alors qu’ici je n’avais que quelques jours à consacrer aux prises de vues sur place.
Cette contrainte a eu de nombreuses répercutions sur ma pratique, plus question de laisser le temps jouer son rôle de révélateur, de s’imprégner des lieux et de multiplier les prises de vues pour les interpréter à postériori.
C’est en exploitant les ressources du net que ces images se sont élaborées, les pré-repérages sur les sites de cartographies en ligne ont été déterminants.

 

 


© Jean-Philippe Astolfi

 

 

Sur place, est-ce que votre regard a évolué sur le sujet ou sur sa réalisation ?

Très peu de modifications ont été apportées entre les tracés esquissés en amont et le résultat final. Je n’ai pas eu le temps d’entrer suffisamment en relation avec ces paysages pour que cela influence le projet, c’est un regret, une frustration, j’aurais aimé être contredit, cela aurait signifié que quelque chose s’était passé entre nous.

 

 


© Jean-Philippe Astolfi

 

 

Avez-vous montré ce travail à des japonais ?
Quelle a été leur réaction ?

Ce n’est pas dans mes intentions de montrer ce travail à des Japonais, il y a une responsabilité à faire voir des images à des personnes dont on ne peut pas prédire la réaction, si l’occasion se présente je prendrai beaucoup de précautions en cherchant à les resituer dans leur contexte d’apparition.

 

 


© Jean-Philippe Astolfi

 

 

Au sujet de ce travail, vous avez dit à un moment :
"mais il est fini, abouti, trop abouti". Pouvez-vous expliquer un peu pourquoi vous dites une chose pareille ?

Je vis la production artistique comme un processus créatif continu, dans lequel les images produites sont des concrétions qui focalisent les tensions qui les ont faits naître mais portent également en elles les germes des œuvres à venir. Je ne souhaite pas qu’elles soient regardées comme des objets achevés, figés, mais comme les étapes d’une longue réflexion.

Cette série ne s’inscrit pas dans cette logique, elle est l’aboutissement d’une succession d’étapes rationnalisées en vue de lui donner forme, elle est terminée et procure en moi l’effroi d’une fin possible.

 

 


© Jean-Philippe Astolfi

 

 

Avez-vous perçu sur place, pendant la réalisation de ces images, un rapport particulier entre les japonais et le paysage, que vos photographies pourraient illustrer... ou ce type de représentation que vous avez conçue ne renvoie-t-elle qu'à une conception finalement occidentalisée de ce que serait une perception de l'espace japonaise ?

Nos regards sont chargés d’une histoire, d’un vécu, impossible d’imaginer le rapport que les japonais entretiennent avec le paysage, pas certain non plus que tous les japonais aient la même relation…

Déceler dans les estampes japonaises les linéaments formels qui les structurent ne nous dit rien des tensions qui les ont fait naitre. Le maillage des pylônes et des câbles électriques est là pour nous rappeler que ce monde nous sera à jamais inaccessible.

Le « japonisme » du XIXème siècle a occidentalisé ces objets et aujourd’hui encore nous sommes enfermés dans cette vision idéalisée de cet « art du peu », je me suis contenté d’en rester à ce niveau formel.

 

 


© Jean-Philippe Astolfi

 

 

Pourquoi ce ciel toujours bleu ? Est-ce une chance météorologique ou une nécessité incontournable pour ce type de représentation en estampe japonaise ?

C’est une des concessions que les conditions de réalisation sur place ont apporté au projet initial. Je pensais ce travail en noir et blanc pour en accentuer le coté graphique et m’affranchir des conditions météorologiques, mais j’ai eu une météo radieuse, les hautes luminances m’ont données plus de possibilités dans le traitement de la couleur.
Heureuse concession, Il était ainsi possible de se rapprocher au plus près du sentiment de raffinement que procurent la richesse des tonalités de cet art pictural.

D’une certaine manière les contraintes de ce projet sont à l’origine d’images qui sont assez proches de la nature des estampes japonaises dont il ne faut pas oublier l’ambivalence, entre art et fonction utilitaire, quasi publicitaire, nous sommes pour partie dans l’illustration et dans la décoration.

 

 


© Jean-Philippe Astolfi

 

 

Que dit le texte en Japonais sur les images ?

La traduction de ce texte est : « Le vénérable mont-Fuji »

 

 

Notes

1 Bibliothèque Municipale de Lyon

 

 

   

 

dernière modification de cet article : 2018

 

 

 

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