l'auteur
Bernard Birsinger
8 rue de la gare
68540 Bollwiller
France

Bernard Birsinger (né le 15 janvier 1949
à Mulhouse)
Vit et travaille à Bollwiller en France
En 1975, il ouvre la première galerie photo privée de France en
province : la galerie Nicéphore
Puis il devient boursier de la Fondation Nationale de la Photographie à
Lyon
Il a participé à la Mission photographique de la DATAR
Formation
Richard Avedon (Famous Photographers School, New York)
Irving Penn (Famous Photographers School, New York)
Lee Friedlander (masterclasse, Galerie Zabriskie, Paris)
Lewis Baltz (masterclasse, Zürich)
Expositions
Photokina à Cologne 1972, 1974, 1976
Art Basel, Bâle, 1979
Musée de l’Elysée, Lausanne 1989
Musée Nicéphore Niepce, Chalon-sur-Saône, 1991
Musée Ruhrlandmuseum à Essen (1994)
Projet August Sander, 60 ans après, die Saar : Institut Culturel
d’Essen, Saarbrücken et Mainz
Projet August Sander, 60 ans après, die Mosel : Cité du livre,
Aix-en-Provence (1993)
Exposition Bernard Birsinger / August Sander en même temps que Wols
Projet l’Industrie en Ruhr et Lorraine : Galerie Robert Doisneau (1994)
avec la participation d'Andreas Gursky
Biennale Internationale de l’Image de Nancy (1997)
en même temps que Robert Adams (photographe)
Bernd et Hilla Becher et Thomas Struth
Exposition Le Rhin (juin 2004)
avec la participation d'Henri Cartier-Bresson
Le Musée d'art contemporain Fernet Branca
Re-projet de la Mission photographique de la DATAR, 20 ans après
4 communes (octobre 2007)
Musée d’Art Contemporain de Barcelone (MACBA), novembre 2008
en même temps que Robert Adams (photographe), Eugène Atget, Walker
Evans, Helen Levitt, August Sander, Paul Strand...
Musée Berardo à Lisbonne, mars 2009, en même temps que Robert Frank
(photographe), Dorothea Lange, Ed Ruscha...
Gustave Courbet, son Pays et la Datar revisitée (2005-2010), à La
Filature (Mulhouse), Scène Nationale, septembre 2010.
Bibliographie
1989 : Datar, éditions Hazan Mission photographique de la DATAR
Paysages en phototypie (direction artistique Pierre de Fenoyl)
1994 : Vis à Vis, commande avec la participation d’Andreas Gursky,
Ruhrlandmuseum Essen
1994 : L’Oeil Complice, 25 préfaces sur la photo
1983-1993 de Patrick Roegiers (Journal Le Monde), éditions Marval.
Tél.03 89 48 16 14
bbb8(at)wanadoo.fr
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Ainsi se succèdent les jours de travail…
Il y a une question qui nous tarabiscote, voir nous intrigue :
pourquoi, cher Lewis, ne faites-vous pas de couleur ? La réponse ne
s’est pas fait attendre : la couleur est beaucoup trop difficile
à maîtriser (nous sommes là, en 1981, avant la naissance de
Photoshop). D’ailleurs ajoute-t-il, il n’y a que 5 photographes
au monde qui maîtrisent la couleur. Là, devant notre professeur,
nous sommes interloqués ! Quels sont donc ces 5 photographes couleur
qui tiennent grâce à ses yeux ? Entres autres il cite William Eggleston
et Stephen Shore… Puis il garde silence et ajoute… il y a
certainement 3 autres photographes couleur mais qui vivent une vie
artistique méconnue de nous ou de façon underground .
Lewis Baltz et Park City
C’est durant ces cours à Zürich que Lewis Baltz nous montre son
dernier travail sous forme de tirages sur papier baryté de format
24x30 cm., le tout rangé dans une épaisse boîte Kodak de couleur
jaune. Ces tirages viennent de sortir en forme de livre chez
Artspace Press à Albuquerque, Castelli Graphics à
New-York et Aperture. Le titre du livre : Park City,
3000 exemplaires au premier tirage.

Une image de Park City (ISBN 0-9604140-0-2)
A mon humble avis, c’est certainement son travail le plus
accompli ; tout est porté à son sommet, à la fois :
- Dans le sens qui s’en dégage.
- Dans la technique photographique maîtrisée.
- Dans la mise à disposition au public qu’est ce livre (de la
première édition de 1980 pour finir, en septembre 2010, en coffret
chez Steidl).
- Dans sa présentation murale impeccable comme à ART BASEL.
- A sa destinée finale : sa vie artistique archivée au Getty Museum
à Los Angeles qui en proposera une mise à disposition pour le public
et les chercheurs. Depuis 2014, toutes les archives de Lewis Baltz
reposent dans les antres de ce riche musée, le MoMA à New-York n’en
voulant point.
Nous allons maintenant aborder la partie technique qui préside
aussi à l’élaboration de son œuvre et dont personne n’ose plus
aborder le sujet lors des interviews. Ici, je tiens à le faire.
De sa chambre 4.5 inch au Leica M
Bien avant d’entreprendre son travail à Park City, Lewis a
compris que la chambre photographique ne sera plus son outil de
travail de prédilection. C’est donc le Leica M, un 24x36mm (un
appareil non reflex) monté sur un trépied, avec un petit déclencheur
souple vissé à demeure pour chaque journée de travail et accompagné
d’une cellule insérée dans la griffe du flash et qui reste à
demeure… comme on peut le voir sur les photos Lewis Baltz at Work,
Zürich, 1981, avec son Leica qui est maintenant son outil de
travail.
Comment donc se débarrasser de sa chambre (une Linhof 4.5 avec dos
120) qu’il ne supportait plus ? :
Lewis Baltz : vous choisissez une petite route en belle ligne
droite, vous laissez les voitures qui y circulent prendre de la
vitesse… en bout de route vous vous installez sur le trottoir avec
votre chambre posée à même le sol, puis subrepticement vous glissez
votre chambre sur le bitume de la route de façon à ce qu’une des
voitures passantes la rendent inutilisable… en ayant pris soin de
bien l’assurer avant de vous laisser aller à ce subterfuge pour
escroquer l’assurance. L’a-t-il fait ? Cette question lui est
posée : il reste évasif. Nul ne le saura vraiment.
Park City : où cela se situe sur une carte géographique et
qu’est-ce ?
Park City, pour le projet photographique de Lewis Baltz, est une
station de ski en devenir, située à 35 minutes de Salt Lake City
dans l’Utah aux USA… et à une altitude de 2134 m (important
l’altitude, on verra pourquoi). A cette altitude et à cet endroit la
température moyenne durant l’année est de 11°C.
Lewis Baltz débute intensivement son travail en 1978 à Park City.
Que nous dit-il ? En démarrant ce travail, j’ai décidé de pointer
mon appareil photo vers l’horizon pour la prise de vue, puis je fais
faire une rotation de quelques degrés à mon appareil photo, mon
appareil étant fixé sur un trépied. Là, mes 19 premières images sont
enregistrées, un peu comme la NASA pense photographier la planète
Mars avec leur robot. Je me suis rendu compte que cela va donner
quelque chose de formel, trop formel à mon goût. Face à cela, je
décide de photographier par lots, chaque lot étant porteur d’une
autre problématique.
Comment techniquement je procède ?
J’utilise donc un 35mm, un Leica M en l’occurrence, avec une optique
de 35mm montée dessus. Pour un maximum de profondeur de champ, je
ferme le diaphragme presque à fond. J’utilise un trépied et un
déclencheur souple, l’appareil à hauteur des yeux, le Leica ne
pointant ni vers le bas ni vers le haut. Je veux retrouver ma propre
vision d’homme, à ma hauteur et l’angle de vue de mes yeux. Je
cherche avant tout à être le plus objectif possible.
Je légende mes photos avec précision, et on pourra ainsi
retrouver dans le futur l’emplacement de mes prises de vue. Voilà un
exemple pour une photo : ‘’ Between West Sidewinder Drive and State
Highway 248, looking Northeast".
Je veux aussi que mes photos aient un maximum de précision et
de clarté, donc le Leica M (en 1978-1979) est l’appareil capable de
redonner cette précision… J’exige que même, dans les plus fins
détails, cette précision soit présente.
J’utilise donc le Kodak High-Contrast Copy film, calé à 6 iso.
Mais comme je n’ai que très peu de latitude de pose, je brackete la
valeur de deux demi-diaph au-dessus de la valeur nominale et de deux
demi-diaph en dessous de la valeur nominale en jouant avec les
vitesses. Sur un film de 36 poses, je ne peux donc faire que 7
photos différentes. Mon révélateur est le ‘’ Perfection Micrograin
‘’ qui donne des valeurs tonales continues. Mon développement du
film est extrêmement long, mais cette combinaison produit des
photographies avec la plus grande définition, meilleure de loin
qu’un film classique.
Mes agrandissements se font sur l’Agfa Brovira, en général au grade
3, avec un révélateur Dektol dilué à 1 : 2 qui s’accompagne d’un
temps de développement de 2,30 minutes à 21°C. …puis deux bains
successifs de fixateur, 5 minutes dans chaque bain… puis lavage et
cela sa termine par un bain au sélénium pendant 5 minutes pour
donner à mes tirages une stabilité d’archivage. Enfin lavage pendant
1 heure avec une température à minima pour ne pas diluer ce
sélénium, puis séchage sur clayette.
Mais quelle est donc cette combinaison (d’apparence secrète) qui
fait que Park City est aussi une véritable réussite technique au
point de vue photographique ? Bernard Lamarche-Vadel observe : ce
qui frappe d’emblée l’observateur c’est précisément cette vision
ample et frontale dans chaque image, cette observation prédatrice de
chaque détail, cette absolue netteté de la perspective que domine
toujours la représentation du plan
Les 12 combinaisons qui s’interpénètrent :
1) Leica + optique de qualité, là un 35 mm Leitz.
2) Leica sur pied exclusivement, muni d’un déclencheur souple pour
éviter une perte de définition en comparaison avec une prise de vue
à main levée.
3) Lewis s’est souvent placé sur les talus de gravas, à mi-hauteur,
ce qui lui permet un avant-plan plus éloigné et donc de diaphragmer
vers 8, pour échapper à la diffraction, ce qui lui permet d’être à
la qualité maximale de son optique.
4) Se placer sur les collines environnantes lui permet d’utiliser la
technique de Bernd et Hilla Becher, surtout pour photographier ces
imposantes maisons des Mormons. Ici pas besoin de Bulli
(célèbre Van de chez Volkswagen) qu’utilisent les Becher lors de
leurs expéditions photographiques. Bulli réaménagé avec une
plate-forme sur le toit, échelle pour augmenter la hauteur de prise
de vue face au sujet… pour les cas extrêmes on monte un échafaudage
! Tous ces outils que les Becher emmènent avec eux pour rendre à la
frontalité de leur sujet, toute la puissance visuelle.
5) Sur le terrain, température extérieure fraîche qui évite
l’évaporation et empêche le temps voilé. Nous sommes là à une
température moyenne sur l’année de 11°C. .
6) Un lointain extrêmement défini.
7) Un film N-B le plus défini sur le marché américain, en 1979 ; là,
le Kodak High-Contrast Copy film.
8) Un révélateur film adéquat, le Perfection Micrograin qui
atténue les caprices de ce film… mais qui n’était pas importé en
Europe.
9) Un zone system à l’emporte pièce (5 valeurs différentes
pour chaque prise de vue) mais qui en définitive permet un choix du
meilleur négatif possible.
10) Un positionnement adéquat du photographe par rapport à la
lumière solaire pour garder la définition maximale de ce qui est
photographié…Cela va des imposantes maisons aux petits cailloux au
sol ! Quelle est donc la position solaire accentuant la netteté ?
Une lumière souvent latéralisée à 45°… Là, le parasoleil est
obligatoire.
11) Une frontalité face au sujet.
12) Toutes ces techniques se suffisent-elles à elles-mêmes, pour
donner sens à l’image photographique ? Non, bien sûr. Pour accentuer
le sens qu’il veut donner à ce travail là, il reste d’une fidélité
absolue à l’esprit des New Topographics dont il fait partie
d’ailleurs, en continuant à montrer la main mise de l’homme sur la
nature…les New Topographics s’opposant, par leur nouvelle
direction, aux idées d’Ansel Adams et de ses consorts qui livrent
une photographie où souvent seule l’esthétique pr��domine. Cependant
Baltz nous prévient lors de ce travail sur Park City… Il met en
exergue cette phrase : ‘I want my work to be neutral and free
from aesthetic or ideological posturing
Note personnel : Baltz se fit un devoir de montrer aux
propriétaires des maisons qu’il photographiait à Park City des
tirages de leur future demeure, demeure imposante, car les
propriétaires, souvent des Mormons, croyaient à une fin du monde
imminente… Donc ils stockaient énormément de nourriture dans de
vastes pièces.
Personne ne s’intéressait à mes photos raconte Baltz, photos que
je pouvais leur céder à vil prix ou même offrir.
Lewis Baltz et la Mission Photographique de la Datar
En France, en 1989, Lewis Baltz fait partie de cette grande
Mission Photographique. Son espace de travail se situe à
Fos-sur-Mer.
Si nous restons sur le plan technique en comparaison avec Park
City : comment se présente la problématique majeure sur ce terrain
là ?
Avec ses 2955 heures d’ensoleillement (chiffres 2013) contre une
moyenne nationale des villes de 1819 heures de soleil... très très
peu de pluie (541mm contre une moyenne nationale de 895mm, en 2013),
peu de vent pour dégager la pollution... situé géographiquement près
de l’étang de Berre, d’Engrenier, de l’Estomac, de l’étang de
Lavalduc et bien d’autres. L’évaporation partielle de toute cette
masse d’eau forme un léger voile atmosphérique difficile à
annihiler. Les lointains ne sont donc guère définis. Tout le
contraire de Park City avec ses 11°C de température moyenne.
Que faire ? Se rabattre sur des gros plans, trouver des astuces
pour redynamiser les images : sur une même image, flou en avant
plan, netteté maximale au plan médian, flou à l’arrière plan tout en
jouant avec les diaphs, et donc la profondeur de champ.
Pour une vision globalisante, le travail à Fos-sur-Mer, n’atteint
donc pas la qualité technique de Park City !
Cette difficulté de travailler
photographiquement avec une précision ultime dans les lointains
(dans ces territoires du sud de la France), Ansel Adams s’en est
déjà rendu compte lorsqu’il a photographié Jacques-Henri Lartigue,
lors des Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles,
en 1974. Cette difficulté est relevée en page 117 de son livre :
Examples: The Making of 40 Photographs , livre paru chez Little,
Brown and Company à Boston (3).
Lewis Baltz et Bernard Lamarche-Vadel
Si vous cherchez un texte complet qui remette Lewis Baltz dans le
contexte historique, d’Edward Weston à Walker Evans, d’Alfred
Stieglitz à Paul Strand, de Robert Adams à Dan Graham, de Larry
Clark à Robert Mapplethorpe, de Carleton Watkins à Berenice Abbott,
de Robert Frank à Lee Friedlander, de William Klein à Diane Arbus,
alors plongez-vous dans le livre de Bernard Lamarche-Vadel paru en
1993. Son titre, tout simplement : LEWIS BALTZ
.

Le livre de Bernard Lamarche-Vadel sur Lewis Baltz
(ISBN 2-7291-0906-4)
En langue française, en page 9 à 40. Avec en exergue ces
mots de Jean Genêt :
Sache contre qui tu triomphes.
Contre nous, mais… Ta danse sera haineuse.
On n’est pas artiste sans qu’un grand malheur s’en soit mêlé.
De haine contre quel Dieu ? Et pourquoi le vaincre ?
Jean Genêt
Bernard Lamarche-Vadel, a quelques mots au sujet de l’unique
commande passée à Lewis Baltz aux Etats-Unis, entre 1984-1990. Il
s’agit de Candlestick Point, lieu ingrat que doit photographier
Lewis Baltz avant que le lieu ne devienne un parc dénommé maintenant
Candlestick Point State Recreation Area au 1150 Caroll
Ave à San Francisco... lieu jouxtant la mer et les quartiers les
plus pauvres de la ville.

Lewis Baltz - Lewis Baltz
- candlestick point

Bernard Lamarche-Vadel : ces franges incontrôlées de l’urbanisme,
mélange de mouvements de terrain, de rebuts, d’excrétions, de
végétaux, un non-lieu que je vois destiné aux chiens, c’est à dire à
nous ! Et il conclut : décidément l’art américain n’est jamais en
meilleure forme que dans l’effondrement, le no man’s land, la ruine
et le marécage, la décharge et la dépression, le déséquilibre et la
souffrance.
Lewis Baltz : de Robert Adams à Michael Schmidt en passant par
Guy Debord et ED Ruscha
Ce que dit Lewis Baltz :
- de Michael Schmidt : J’adorais ce photographe. Cet homme
avait l’esprit le plus précis que je connaisse, même si je n’étais
pas toujours d’accord avec lui. Dès la première fois, nous avons
argumenté et bataillé jusqu’au bout de la nuit… Il avait un
caractère qui pouvait paraître difficile parce qu’il ne faisait
jamais de compromis. Je le respectais infiniment.
Recueilli par Brigitte Ollier et paru dans le journal Libération du
4 juillet 2014.
- de Guy Debord : Après le 11 septembre, je l’ai beaucoup
relu, il avait compris avant tout le monde. Aujourd’hui, c’est
facile de dire qu’il était un prophète, d’ailleurs il aurait détesté
cette idée d’être un prophète. Ca veut dire quoi être un
prophète ? ça veut dire que tu peux voir plus clairement le temps
présent, sans idées reçues, et ça c’était vraiment lui.
Nota perso : La Société du Spectacle, livre de Guy Debord, a été
édité pour la première fois, le 14 novembre 1967… Eh oui !
- d'Ed Ruscha : en 1968, Lewis Baltz découvre le petit livre
Twentysix Gasoline Stations, paru en avril 1963, d’Ed Ruscha… livre
qui sera refusé par la Library of Congress.
L’approche de Ruscha, à travers ses Twentysix Gasoline Stations
me parut valider ce à quoi j’aspirais personnellement - une
photographie "degré zéro".
De son côté Ed Ruscha nous dit ceci en lien avec le désert :
Même quand la civilisation empiète sur le désert, il reste beau. Je
viens d’acheter une photographie de Lewis Baltz : on y voit une
canette de bière dans le désert, totalement explosée par une balle
de fusil. Cette image n’a pas une beauté conventionnelle, mais elle
m’évoque le désert, et donc je l’aime. On peut faire du stop dans le
désert et tomber sur un frigo totalement détruit et carbonisé : il y
a de la beauté dans cette image. Le laid, en revanche, ce sont tous
ces magasins comme Home Depot qui poussent tels des champignons dans
les villes du désert. Vous ne m’y verrez jamais. Si vous me
cherchez, n’allez pas à Home Depot !
- au sujet de Robert Adams… un ami. Lewis Baltz : quand j’ai
vu le travail de Robert Adams au moment de l’exposition New
Topographics, j’ai vraiment été conforté dans mes intentions, je ne
suis pas seul, ai-je pensé.
Bien sûr, parmi les auteurs, il y a aussi Jacques Derrida, dont
je recommande le livre La carte postale : de Socrate à Freud et au-delà
paru chez Flammarion en
1980

Jacques Derrida -
La carte postale : de Socrate à Freud et au-delà
(ISBN 2-08-212516-5)
Et bien d’autres auteurs.
Lewis Baltz et le Getty Museum à Los Angeles
Le 28 août 2013 est une date importante pour Lewis Baltz, les
chercheurs en art et les photographes : The Getty Research Institute
acquiert toutes les archives photographiques de Lewis Baltz. Dès que
l'ensemble sera décrypté et classé, il sera mis à disposition du
public et des chercheurs. A cela s'ajoute le testament photographique
laissé chez Steidl en 2010, en un coffret avec 10 volumes de son
travail sur le paysage.
Archivage… ai-je dit archivage ? :
A ce sujet, les USA donnent le ton :
Robert Adams est archivé à la Yale University Gallery.
Garry Winogrand est archivé à Tucson, au Center for Creative
Photography / The University of Arizona, avec 20000 tirages de
travail et planches contact, 100 000 négatifs et 30 500 diapos. Sont
ainsi protégés à Tucson, parmi 2000 photographes, des auteurs comme
Ansel Adams, Frederick Sommer, Edward Weston, Aaron Sisking, Harry
Callahan, Carleton E. Watkins, Walker Evans etc…
Lewis Baltz est maintenant archivé au Getty Museum à Los
Angeles.
Même Bill Gates, patron de Microsoft, s’est fait creuser, en
1998, une montagne qui lui a été cédée par la Iron Mountain Inc.
pour 39 millions de dollars. Pour y mettre quoi ? Les archives
photographiques Bettmann et Sygma sous le label Corbis. 15
millions de documents dès sa création. Où donc ? En Pennsylvanie, à
1 heure de Pittsburg.
Pourquoi un tel antre dans une montagne ? pour sa climatisation
naturelle. Comme le précise Wilhelm Imaging Research,
certains documents nécessitent même une température négative.
D’après Henry Wilhelm, un Kodachrome peut rester stable 32 000
années durant, si ce film est stocké à une température de 0°F (=
-17,7°C).
Et la France dans ce domaine ? L’abandon est le terme qui
convient. Ceux qui ont un peu d’argent, se font une Fondation, comme
la Fondation Henri Cartier-Bresson, pour échapper à la
déliquescence étatique.
Voilà !
C’est donc le chemin artistique de Lewis Baltz vu à travers le
regard d’un de ses anciens élèves.
Bernard Birsinger Photographe.
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