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l'auteur

Henri Gaud
Photographe pour les Editions GAUD
Editions familiales publiant des livres
spécialisés dans les domaines du patrimoine
en premier lieu les abbayes cisterciennes
puis le vitrail contemporain et
aujourd'hui majoritairement
les jardins contemporains
le rapport minéral végétal.

Editions Gaud
11 rue Brulard
77950 MOISENAY
tél. 01 60 66 94 60 - 06 07 65 08 70
fax 01 60 69 92 08

henrigaud55@gmail.com

 

 

 

Les abbayes cisterciennes dont Henri Gaud est le photographe passionné se sont développées à partir des années 1100 essaimant progressivement dans toute l’Europe. L’ordre, fondé sur la règle de Saint-Benoît, prône une vie de dépouillement et d’ascèse et une véritable rigueur architecturale. Avec son extension et la réussite financière des moines, nombre des abbayes connaîtront dans le temps un assouplissement de la règle. L’architecture ne restera pas ainsi toujours aussi rigoureuse (Henri Gaud y fait allusion dans son texte).
On retrouvera ces abbayes et en image le voyage d’Henri Gaud en Europe dans le livre :
Routier Cistercien, Abbayes et Sites (France – Belgique – Luxembourg – Suisse) par Bernard PEUGNIEZ
Editions Gaud
www.editionsgaud.com  

 

 

 

Photographier les sites cisterciens

Par Henri Gaud


Abbaye de Fontfroide (France)
Le site vu du ciel vers 14 heures (Ecureuil)
Canon EOS 1N, Zoom 28-70 L F/2,8 - F/5,6
Ektachrome 100 Iso

Avant-propos : méthodes

Je pratique la photographie depuis 1976, et cela uniquement dans le domaine du patrimoine architectural.

La photographie n'est ni une science, ni un art, mais plutôt une forme d'artisanat. Ma devise "Un photographe au service de l'Art" est bien claire. Pour être au service il faut connaître son métier de photographe et comprendre le sujet.

J'ai été amené très tôt à réfléchir sur la relation entre photographie et architecture ; cette réflexion prend racine dans une connaissance du sujet, une grande habitude du travail photographique, puis quelques idées a priori. Enfin l’ensemble des méthodes se rode par l'expérience sur le terrain.

Ces méthodes de travail sont d'ordre général pour l'architecture mais trouvent une application particulière avec l'architecture cistercienne.

Il ne s'agit pas de recettes, celles-ci font partie des idées reçues sur le métier de photographe, mais bel et bien de méthodes qui permettent de photographier un sujet.

Il ne s’agit pas non plus de créer une oeuvre, mais de décrypter un sujet et de le rendre accessible. Cela implique une bonne connaissance du sujet, bien sûr, mais aussi un grand respect pour lui, de son sens premier, de sa finalité, de son histoire et de son état actuel.


Abbaye de Tisnov (Rep Tchèque) : Les arrosoirs.
Canon EOS 1N, Zoom 70-200 L F/2,8 - F/4
Ektachrome 100 Iso

Les postulats

Ces postulats sont personnels et totalement arbitraires, ils me permettent simplement de commencer mon travail. Ils consistent globalement à respecter le sujet architectural. 

Postulats généraux

Il faut :

- Respecter le propos de l'architecte, du créateur du lieu. Le photographe doit s'effacer devant celui-ci. 

- Mettre le sujet en valeur, montrer une version qui évoque un idéal.

- Faire le tour du sujet, la photographie est un commentaire.

- Privilégier les prises de vues orthoscopiques 1

- Photographier surtout par beau temps. 


Abbaye de Vyssi-Brod (Rep Tchèque) : 
Les voûtes du chapitre.
Canon EOS 1N, 14mm Ortho F/2,8 - F/8
Ektachrome 100 Iso

Postulats propres à l’architecture cistercienne

Il faut :

Respecter "Les bâtisseurs cisterciens" : 

Au XIIe - XIIIe  les moines cisterciens étaient l'élite de la nation, par leur talent d'organisateur du travail, puis d'ingénieur bâtissant des vaisseaux vers le ciel. 

Les photographies doivent être sobres, les cadrages simples. J’évite les cadrages qui transforment la nature du sujet : il ne faut pas trop jouer sur les perspectives. La distance avec le sujet doit rester "normale". Ni trop près ni trop loin. 

- Respecter le propos de l'ordre cistercien qui peut se résumer en quelques mots : efficacité, sobriété et prière.

- Mettre le sujet en valeur : la pureté cistercienne

- Photographier la lumière : Les cisterciens ont inventé une architecture sans décors à l'aide de deux matériaux : la pierre et la lumière.

Tous les éléments sont réunis et nous allons pouvoir commencer. L'idée maîtresse du travail est de révéler la pureté cistercienne.

En 1997, je pars avec ces postulats pour un reportage sur les abbayes cisterciennes dans toute l’Europe… mais je m’aperçois au fur et à mesure du voyage que révéler la pureté cistercienne m’est de plus en plus difficile. Ma méthode et moi-même sont contraints d’évoluer…

La pureté de cette architecture - selon l'idée que l'on en a venant de France - est très variable selon les régions d'Europe et les périodes de développement de chaque abbaye. Les abbayes françaises connues à ce jour ne nous permettent pas d'appréhender  l'ensemble des abbayes européennes. Le mot pureté, si courant dans le discours des amateurs ou des connaisseurs d’abbayes, ne peut pas s’appliquer à l'ensemble des abbayes que je connais maintenant. 

La richesse et la diversité des abbayes sont les sujets qui se substituent à cette recherche de la pureté – même si celle-ci reste très présente malgré tout. Nous avons parfois beaucoup de mal à découvrir la pureté, en nous attachant trop au détail. La pureté ne se retrouve pas toujours dans le détail, mais elle est bien plus permanente dans les ensembles, le plan, l'organisation de l'espace, la logique de l'ensemble et surtout dans le site cistercien lui-même.

J’ajoute deux remarques :

- Etre confronté à un sujet comme une abbaye cistercienne, porte à une sorte de voyage initiatique. On enterre rapidement ses idées reçues, qui pourtant étaient les conditions sine qua non de la réflexion de départ. De la même façon qu’il est nécessaire de démonter un échafaudage après les travaux, notre première idée, une fois le reportage terminé, n'a plus aucune importance. 

- De l'importance d'être pressé et de la méthode : la réflexion précède l'action. En arrivant sur le site le plan d'action est prêt mais pas totalement arrêté. Les sites cisterciens présentent l'avantage d’offrir un plan type, réalisé dans deux versions et orienté selon un axe unique, sauf exception.


Abbaye de Silvacane (France)
pilier sud-ouest de la croisée du transept à midi en hiver.
Sinar P 4x5 ; Apo Grandagon 75mm F/4,5 - F/32
Ektachrome 100 Iso

Photographier la lumière,
« mati���re cistercienne »

L'architecture cistercienne est une boite qui abrite, contient, la prière des moines et qui leur permet de vivre de façon rationnelle sans perdre de temps. Seul l'intérieur compte, l'extérieur n'est qu'une anecdote, et sa lumière n'est qu'anecdotique. L'intérieur est construit autour de la lumière, et la photographie tourne autour de cela, c'est donc le seul axe à considérer. Nous allons observer des instants de lumière " cisterciens ". L'espace clé est par nature l'église et l'heure clé, la fin de matinée, l'heure de la messe, quand le chœur s'illumine et illustre la résurrection. Nous avons là une matière qu'il faut détecter et mettre en évidence.

Dans le but de respecter l’esprit cistercien, toutes les photographies sont faites en lumière naturelle.

La lumière est faite pour sculpter l'espace. Quand on parle de lumière on pense au rayon de soleil, cette lumière dirigée est l'origine, mais nous nous intéresserons à tous les fils de ce rayon : réfléchis par la pierre, diffusés par quelques brumes ou nuages.

Ces règles sont une aide, un fil conducteur, mais en aucun cas une contrainte négative, c'est pour cela que je les transgresse souvent, quand l'occasion se présente. Elles constituent une simple contrainte constructive permettant de resserrer le sujet qui deviendrait autrement beaucoup trop vaste.


Abbaye de Silvacane (France) : 
L'église à midi en hiver.
Sinar P 4x5 ; Grandagon N 90mm F/4,5 - F/32 
Ektachrome 100 Iso

Règles : localiser le sujet photographique. 
Une revue des sujets possibles

3 façons d’utiliser la lumière 

- La lumière crée une ambiance particulière dans un espace et il faut restituer cette ambiance.

- La lumière à certain moment et sous un certain angle a une action forte sur la matière. La photographie est surtout un média du rendu de matière. J'utilise les éclairages très frisant pour montrer le grain de la pierre, la patine d'un bois, pour magnifier la matière travaillée par les compagnons qui ont bâti les lieux. Ce type d'éclairage nous permet de bien voir le travail de construction.

- La lumière peut enfin être directement le sujet : quelques taches au sol ou sur un mur.

Les mouvements du soleil sont heureusement prévisibles, d'est en ouest, le mouvement horizontal est toujours le même, c'est l'inclinaison verticale qui change selon les saisons. Le parcours du soleil est beaucoup plus bref en hiver qu'en été.

L'intérêt pour nous se manifeste par des besoins différents dans un même lieu. Le cloître - qui n'est ni intérieur ni extérieur - nous permet de bien comprendre ce que l'on peut tirer de ces variations :

prenons le cloître de Fontenay, le 21 juin. Nous sommes dans la cour et regardons le petit clocher et le dortoir ainsi que la galerie est du cloître. Il est environ 15 h, le soleil est très haut. Eclairage rasant sur le mur du dortoir et la galerie est. Pour le côté sud de la nef de l'église, grâce à la hauteur du soleil, le soleil presque rasant dégage des ombres qui mettent en valeur la pierre, tout est bien pour notre photo.

Même jour, même heure. Déplaçons-nous dans la galerie nord qui est puissamment éclairée. De petites taches d'une lumière très forte se forment  sur le sol près des arcatures de la galerie et le reste est presque dans l'ombre par contraste, cela ne va pas du tout.

Changement de saison, 21 décembre. Nous n'avons pas changé de place, l'heure est présentement la même, le soleil le même, même orientation, plus faible, de couleur plus chaude et beaucoup plus bas. Il dessine de grandes taches sur le sol de la galerie jusqu'au mur de l'église. Ces grandes taches de lumière éclairent les voûtes, tout est bien pour la photo.

Retournons dans la cour du cloître. Le mur du dortoir est bien éclairé d'un éclairage frisant mais l'ombre de la galerie sud masque les deux tiers du jardin et balaye la galerie est d'une ombre trop grande. De plus le mur de la nef est éclairé de peine face ce qui ne nous convient pas du tout.

Photographie d’extérieurs

Il faut décrypter l'espace, rendre les volumes visibles, donner la sensation d'espace sans artifice. 

Pour photographier les extérieurs, seul compte le but à atteindre. On doit dégager les volumes des bâtiments pour les rendre crédibles, pour ne pas avoir une vue plate des choses. Transcrire les trois dimensions en deux dimensions.

Les heures et les saisons ont une importance très particulière, non pas pour des questions de sens, mais pour des questions de géométrie et de hauteur de soleil à une heure donnée.

Il ne faut pas se fier aux apparences, notre oeil est un outil subjectif qui transcrit ce qu'il voit en impression. La lumière naturelle, celle du soleil, peut sembler plus ou moins forte ou plus ou moins dure. En fait cette lumière peut être très abondante donc assez aveuglante pour l’œil, mais ce n'est pas une qualité. Pour un photographe seul comptent les qualités (angle du soleil et orientation, coloration chaude ou froide, lumière diffuse ou bien très franche). Il faut plus se fier à l'analyse des équilibres entre les ombres et les lumières pour bien dégager les volumes, qu'à une impression générale liée à la sensation thermique de froid ou de chaleur, à l’aveuglement dû à une lumière écrasante ou au charme des tonalités d'un coucher de soleil.

Photographie d’intérieurs

Il faut là se laisser guider par la lumière intérieure, cette lumière qui a un sens, la lumière mystique. 

Pour photographier les intérieurs, j'utilise la lumière significative, par rapport à l'utilisation de la salle, à une heure particulière et à une saison particulière. Cette lumière sublime le lieu, et la photographie célèbre cet instant. Par exemple, la salle du chapitre orienté plein est, doit être  photographiée le matin assez tôt pour que le soleil soit bas et pénètre jusqu’en son milieu. Les saisons les plus intéressantes sont le printemps ou l'automne parce que l'angle d'éclairement permet à la lumière de bien pénétrer par les fenêtres. 


Abbaye d'Otterberg (Allemagne) :
appareillage du pilier du transept nord à midi en automne.
Fuji GX 680 ; 6x8 ; Fujinon 180mm F/5,6 - F/16
Ektachrome 100 Iso

Photographie de détail

Je m’attache à photographier tous les éléments qui sont révélateur de la vie cistercienne et de la manière de bâtir : chapiteaux, erreurs de construction, aspect de la pierre et différentes composantes du plan cistercien.

Méthode pratique : matériaux, outils, choix de l’œil

Films

Les films d’aujourd'hui facilitent le travail, le rendu est assez flatteur et ils tolèrent quelques erreurs. De toutes façons nous ne pouvons pas discuter la qualité des films, il faut choisir parmi ceux que fabriquent les deux derniers fabricant de surfaces sensibles, Kodak et Fuji. Personnellement  je n'utilise que du film diapositive2 couleur de ces deux marques.

En dépit des progrès réalisés par les fabricants d’émulsion le sujet original est beaucoup plus riche en contraste et en détail que le film n'est susceptible d'en enregistrer. Il faut donc choisir ce qui nous intéresse, ce que l'on veut montrer et le moment le plus intéressant pour cela.

Appareils

Les appareils possibles sont très nombreux, personnellement je travaille dans quatre formats3 de prises de vues. Chacun a sa destination (utilisation de l'image) et son sujet de prédilection. J’utilise les formats 24x36 mm, 56x76 mm, 10x12,5 cm et 20x25 cm. Chaque format est 2 fois plus ou moins grand que le suivant. Plus le format est grand, meilleur est le résultat et la difficulté technique est proportionnelle au format.

L'architecture cistercienne est une architecture de lumière et d'élévation. Photographier l'élévation d'un bâtiment nécessite un type d'appareil particulier, car j'ai choisi pour les vues descriptives de faire des photographies orthoscopiques. Ce type d'appareil ou d'objectif rend les décentrements possibles ce qui permet de remonter le centre optique de l'image et de conserver peu de sol tout en gardant une bonne vision des verticales qui restent verticales Il ne s’agit pas de transformer Pontigny en Kéops. 

A propos du grand angle

Luttons contre une idée reçue : l'utilisation d'un objectif grand angle entraînerait des déformations. Non. Seul le point de vue déforme, il faut placer son appareil avec le plus grand soin. Tout d'abord éviter d’être trop près du sujet, respecter une hauteur normale (1,5 m environ), garder l'axe optique horizontal. Un grand angle bien utilisé ne pose aucun problème, il faut respecter la vision orthoscopique avec beaucoup de rigueur. Seul le point de vue compte, ensuite on choisit un angle, donc un objectif, pour faire rentrer son sujet sur le film. Les prises de vues en architecture nécessitent un grand nombre d'objectif car une grande partie des points de vues est imposée par la nature du terrain. 

Temps de pose et choix de l’œil

Les automatismes calculant le temps de pose ne permettent pas une analyse complète d'un sujet architectural. Il y a un moment où il faut faire un choix, ce que ne sait pas faire un calculateur, tout du moins pas encore. 

Voilà comment je choisis : souvent le sujet est trop contrasté pour "entrer" dans le film. A partir de là, deux possibilités : revenir un autre moment de la journée ou de l'année, ou choisir dans le sujet, c'est-à-dire recadrer sur une partie du sujet.

- choisir un autre moment permet que le soleil tourne et nous donne un éclairage plus doux, ou un éclairage indirect, ou un contre-jour qui permet de bien dégager les différents plans de façade et de réduire le contraste du sujet. Une autre météo, temps d'orage, de neige etc. permet de valoriser telle ou telle représentation.

- choisir dans le sujet : on peut recadrer le sujet pour réduire son contraste, ou choisir le sujet secondaire, les ombres ou la lumière. Dans telle image seules les ombres ou les lumières seront correctement rendues, c'est le réglage du temps de pose qui nous permet d'ajuster, mais le choix est artistique. Visuellement il est plus facilement acceptable d'avoir de grands espaces d'image très sombre que des espaces très clairs sans aucun détail. Donc il ne faut sacrifier les parties claires que si elles sont de toute petite surface. Ces petites zones tr�����������������������������������������������s claires ne seront là que pour donner une bonne dynamique à l'image.

Travail préparatoire

Il faut tourner autour du sujet, pour repérer les sujets photogéniques, les sujets incontournables, les vues générales et les motifs illustrant le sujet. Repérer les orientations, imaginer les bonnes heures des différents sujets repérés pour pouvoir établir un planning. Le plan type des abbayes cisterciennes nous facilite la tâche mais attention pour certaines abbayes (cloître au sud) le côté nord de l'église devient un lieu important et n'est éclairé que quelques jours par an durant quelques heures seulement. 

Il ne faut pas trop rêver,  en règle général on a peu la possibilité de photographier les façades nord sous un éclairage " idéal ", on peut évidemment se débrouiller tout autrement.

Photographier avec la lumière : méthode pratique 

Il faut tourner avec la lumière. Le soleil tourne, le photographe également, mais son mouvement est différent. Pour des vues extérieures, la simplicité des élévations de façades et l'absence de décor, me conduit à choisir des angles d'éclairement de l'ordre de 30% et un soleil assez haut (printemps, été). 

Déroulement de la journée : le matin vers 9 heures, je me place à l'angle nord-est de l'église. Le côté nord est légèrement éclairé ; j'avance vers l'angle sud-est ; maintenant c'est le chevet qui a un bon éclairage ; puis retour vers l'angle nord-est pour une vue du chevet dans l'autre sens, etc. Si le bon éclairage est sous 30% environ il y a toujours deux parties bien éclairées, et je passe de l'une à l'autre ; le soleil continue sa course et deux autres parties qu'il me faut voir sont bien comme je le souhaite à présent. La journée se passe ainsi en allées et venues et le soir j'ai fait le tour du monument. Le lendemain, même travail à l'intérieur des bâtiments, et de la même façon je tourne avec le soleil.


Abbaye de Silvacane (France) : 
Travée du côté sud de la nef à midi en hiver
Sinar P 4x5 ; ApoSironard WS 150mm F/5,6 - 32
Ektachrome 100 Iso

La réussite à tous prix : 
il y a toujours une photographie possible

Photographier par tous les temps

Je ne peux pas rentrer sans avoir fait les photos du reportage.

Pour une photographie "idéale" dont le but est la mise en valeur, la promotion, ou tout simplement la révélation au grand public, seul le soleil est possible. Les vacances n'existent que grâce au soleil, idem pour les photos qui doivent évoquer tourisme et vacances.

Pourtant on peut vraiment faire des photographies par tous les temps.

Pour les moments où le soleil est bien présent : le soleil n'est là que pour créer les ombres, le sujet est très noir et blanc, entre ombres et lumières toute l'image doit se construire sur cet équilibre.

Par temps de pluie, les ombres et la lumière n'existent plus, mais la couleur est beaucoup plus présente, la composition est commandée par les contrastes chromatiques. 

Pour qui est la photo?

Il y a 2 façons de voir les choses, qui conditionnent le travail. Le but peut-être de faire quelques bonnes images ou bien de réaliser un reportage donnant une bonne idée du site.

Chaque reportage a son but précis. Tous les reportages sont réalisés en fonction des besoins et demandes. Le point de vue "Editeur" est très différent d'un regard "Magazine" et les connaisseurs du site au sens large, propriétaire, partenaire, gestionnaire, ami, visiteur, n'ont pas la même façon de faire leurs choix. Mes images étant faites pour tous ces publics, les reportages s'adaptent, même si une bonne partie d'un reportage convient à un large public. 

Petite revue des catégories d’image

Une fois sur place, et en dépit des règles qu’on s’impose, un grand nombre d’images restent possibles. Elles correspondent à diverses façons d’appréhender la photographie. En voici la liste

Photographie descriptive

Elle  vise à montrer le mieux possible le sujet architectural, sans prendre trop parti, sans non plus réaliser une " trop belle image " à l'ambiance décalée par rapport au sujet. Les photographies d'ensemble ou de détail sont orthoscopiques et font souvent appel à un matériel moyen ou grand format. Ce type d'image représente une partie importante de mon travail et demande une connaissance du sujet et du but du reportage photographique. La méthode, la préparation et la connaissance du métier de photographe sont très importants, car il faut savoir tout photographier quelles que soient les conditions… or à certains moments certains lieux sont quasiment impossibles à photographier. 

Photographie de plaisir

Elle se fait autour d’une couleur étrange, d’une très belle matière, de la simple envie de fixer une vision fugitive qui n'a peut-être aucun rapport avec le sujet. C’est une impulsion à fixer, une image en plus.

Photographie graphique

Elle est de même nature que la photographie descriptive, mais sans soucis pour le sujet réel puisque c'est la composition qui devient le sujet. On ne cherche pas à décrire, mais à composer même au détriment de la compréhension du sujet.

Photographie opportuniste

Un cadrage imprévu ou une ambiance lumineuse se présentent, et parfois les deux dans le même temps. En photographiant cette scène j'ai la certitude (même si cela ne se vérifie pas toujours) que l'image aura un bon rendu et plaira au plus grand nombre, sans pour cela être un hommage à la médiocrité. Ces images se présentent et il faut simplement les fixer sur le film.

Photographie "oeuvre personnelle"

Ce type d'image ne se réalise pas du tout avec le même esprit que les autres, si ce n'est qu'il faut un film et un appareil photo. Il s'agit de création pure et même des défauts techniques peuvent être des éléments créateurs (voir la Lomophotographie). Seul compte le photographe et son idée. Le sujet n'est qu'une matière, un prétexte. Nous avons quelques éléments : films, appareil, matière et lumière, et une vision exprimée par un cadrage mais tout peut être transformé sans respect pour le contexte.

Notes

1 Orthoscopique : qui correspond à la réalité, que les lignes horizontales restent horizontales, que les lignes verticales restent verticales. Si l'on se place devant la photographie à une distance donnée, la vision est telle la réalité. En pratique cela revient à placer l'axe optique orthogonal au sujet, soit en architecture, parfaitement horizontal et d'utiliser un objectif orthoscopique (toutes les droites qui traversent le champ restent des droites).

2 Diapositive : films positif, transparent généralement en couleur. Ces images sont des diapositives que l'on regarde sur une table lumineuse. Ce terme ne comporte aucune notion de format, il faut donc préciser celui-ci. 

3 Format photographique : taille des photographies originales, s'exprime en millimètre, en centimètre et en inch pour certain format. Exemple 24x36 mm, 56x72 mm, 6x6 cm, 6x8 cm, 10x12 cm, 4x5 inch, 20x25 cm, 8x10 inch.

 

dernière modification de cet article : 2002

 

 

tous les textes sont publiés sous l'entière responsabilité de leurs auteurs
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