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l'auteur

Jean-Bernard Roux
auteur photographe
1, impasse Broca
31300 Toulouse

pseudo forum : zonesys

jeanbernard.roux@wanadoo.fr

 

 

 

 

Randonnée photographique avec un âne
sur le chemin de Robert-Louis Stevenson

Interview de Jean-Bernard Roux

 

 

Introduction

Robert-Louis Stevenson, jeune écrivain écossais et futur auteur de « L’Ile au Trésor » et de « Dr Jeckyll et Mr Hyde », séjourne régulièrement en France depuis 1874. En 1878, espérant oublier un amour impossible avec Fanny Osborne, une Américaine de 37 ans rencontrée dans une auberge de Grès-sur-Loing, il entreprend de visiter les Cévennes. Il prend le train et s'arrête au village du Monastier-sur-Gazeille (Haute-Loire) à quelques kilomètres du Puy-en-Velay. Pour 65 francs germinal et un verre de cognac, il achète à un paysan une ânesse qu'il surnomme "Modestine" et s'équipe pour le voyage. Le 22 Septembre 1878, il quitte Le Monastier-sur-Gazeille avec Modestine. Douze jours, 220 km et de nombreuses d’aventures plus tard, il arrive à Saint-Jean-du-Gard où il revend Modestine avant de rejoindre Alès en diligence. Il emporte dans sa valise soixante-dix pages d'écriture serrée relatant sa randonnée, son « Journal de Route » qui sera publié un an plus tard sous le titre « Voyage en Cévennes avec un âne ».

Aujourd'hui, le chemin qu'emprunta Stevenson a été retracé sous la forme d’un sentier de grande randonnée, le « GR 70 » dont l’itinéraire traverse d’abord le Velay et le Gévaudan puis le Mont Lozère avant de se terminer dans les Cévennes.

C'est ce chemin qu'a suivi Jean-Bernard Roux, avec sa chambre photographique :

 

 

   

 

Pourquoi cette randonnée photographique sur le GR 70 ?

Amateur de littérature de voyage, randonneur régulier et photographe « grand format » j’ai formé le projet de combiner ces trois passions dans une randonnée photographique avec un âne sur le GR 70. Cette randonnée correspondait à un triple objectif :
- réaliser « le voyage » de R-L. Stevenson, toutes proportions gardées (les conditions matérielles d’une randonnée de nos jours sont très loin de celles rencontrées par R-L. Stevenson en 1878 …) ;
- randonner à rythme modéré (un âne marche à un pas très régulier entre
3 et 4 kms/heure) favorisant la découverte des lieux et la contemplation, tous éléments propices à la réalisation de photographies à la chambre grand format ;
- et plus trivialement, assurer le portage du matériel photographique nécessaire au projet.

Le parcours complet a été accompli en deux randonnées. Une première randonnée de 7 jours, en Mai 2008, m’a permis d’explorer la partie « Sud » du GR 70 (de Chasseradés à Saint-Jean-du-Gard). La partie « Nord » (du Monastier-sur-Gazeille à Chasseradés) a été réalisée en Mai 2012. Au long de ces deux parcours, j’ai réalisé une centaine de photographies (systématiquement doublées par sécurité) qui ont abouti à un portfolio de 23 photographies.

Quel matériel avez-vous emporté ?

J'ai emporté :
- une chambre CANHAM folding 4x10
- un trépied GITZO (1ère randonnée)
- un trépied RIES (2ème randonnée)
- trois optiques : WOLLENSAK Wide Field Ektar 150mm ; FUJINON C 300mm ; FUJINON C 450mm avec leurs déclencheurs souples (+ un de secours)
- 12 chassis FIDELITY 4x10
- 3 boîtes de ILFORD HP5+ (+ 4 boîtes vides pour les plan-films exposés)
- un voile de visée
- une tente de chargement/déchargement HARRISON
- une loupe de mise au point SILVESTRI (+ une WISTA en secours)
- un dépoli 4x10 de rechange avec sa protection
- un spotmètre digital PENTAX(+ une GOSSEN Profisix en secours)
- un carnet de notes prise de vue (jour, lieu, données d’exposition, instruction pour développement (N, N+, N- …)
- un nécessaire d'entretien/réparation : jeu de clé Allen, jeu de tournevis horloger, gaffer, colle frein, piles, etc…

 

   

 

Etiez-vous seul ?

Non. J'étais accompagné par un ami, Gilles. Outre ses compétences de géographe et ses qualités de randonneur confirmé, il a fait preuve d'une qualité particulière : la patience, et il en faut pour "supporter" un photographe grand-formiste qui demande à s'arrêter à tout de champ et passe entre 15 et 45 minutes à mettre en œuvre son "barda" pour prendre une photographie... ou pas.

 

Quelles sont les difficultés particulières à ce type de projet ?

C'est une randonnée sur plusieurs jours consécutifs, contexte très différent d'une "sortie" à la journée. Même si notre âne "Sherpa" porte la plus grande partie de l'équipement et du matériel rando/photo, il faut quand même se préparer à répéter des marches de 15 à 20 kms chaque jour. Une bonne préparation physique est indispensable. Personnellement, avant la 1ère randonnée je n'avais jamais réalisé ce type d'exercice ; je me suis donc entrainé un mois et demi avant en réalisant des parcours de 20-25kms en forêt de Bouconne à proximité de Toulouse.

Ensuite, il faut bien préparer les itinéraires sur les cartes IGN au 1:25000ème. Comme pour tout GR le balisage est complet et clair et la carte IGN permet d'identifier les passages plus ou moins difficiles (dénivelés, montées/descentes abruptes ou techniques). Dans cet exercice, l'aide d'un géographe est très précieuse. La carte IGN rando a permis également de repérer quelques points d'intérêt particulier à l'avance (hameau abandonné ; signal en cairn en haut de montagne...).

Enfin, il faut préparer son équipement photo (je ne parle pas de l'équipement de randonnée "classique") en dressant la liste la plus exhaustive complète de tout ce qu'il faut emporter pour fonctionner en autonomie pendant
6-7 jours et... essayer d'anticiper les pépins pouvant survenir.

 

     

Quel reste votre meilleur souvenir de cette équipée ?

Les contacts et les échanges avec d'autres randonneurs et les habitants des hameaux et villages traversés : randonner avec un âne confère déjà un intérêt important sur la route ; s'y ajoute l'intérêt traditionnellement porté à la photographie à la chambre avec trépied. Certains jours, l'information sur notre drôle d'équipage arrivait dans les villages avant nous et nous étions "attendus". Dans la traversée de villes comme Langogne ou Florac nous faisions l'attraction.

 

Y a-t-il eu des moments difficiles ? Pourquoi ?

Un seul moment a été réellement difficile : lors d'une journée, nous avions sous-estimé la distance et la difficulté de l'étape et nous sommes arrivés au gîte d'étape vraiment sur les genoux vers 21 h. Sinon, sans que ce soit réellement un "moment difficile", durant le premier jour, "Sherpa" nous a testés pour savoir qui serait le "patron" de la randonnée ; on nous avait prévenus, c'est un moment capital, si on le manque, la randonnée peut devenir un véritable cauchemar avec un âne qui n'en fait qu'à sa tête ; Nos loueurs Annie et Remco (1) ont eu le cas de randonneurs avec âne partis pour une semaine et ayant fait demi-tour au bout de 48 heures...

 

Quels sont vos modes de développement des plans-film et des tirages ?

Révélateur Pyrocat HD dilution 2:2:100 ; développement par inspection  

Tirages :
Tirage contact sur Lodima Fine Art (successeur de l'Azo de Kodak)   Révélateur Amidol (formule de Michael Smith)

 

 

Notes

(1) Je tiens ici à remercier vivement l'Asinerie Badjâne (Annie et Remco)  qui m'a aidé dans ce projet en :
- sélectionnant et fournissant "Sherpa" (nom bien approprié) : lors de la 1ère randonnée, Annie nous a demandé d'arriver la veille en fin de matinée afin de prendre le temps d'être briefé sur la manière de mener un âne, de le gérer au quotidien (nourriture, entretien et soins), de comprendre son comportement (comprendre la "psychologie" de l'âne - ne riez pas - est très important pour la bonne marche quotidienne et le succès de la randonnée) ; ainsi le choix de "Sherpa" a été fait par Annie et Remco seulement après nous avoir "observés", Gilles et moi, durant notre 1/2 journée d'apprentissage et lors d'une courte randonnée "test" d'une heure et demi autour de l'Asinerie avec "Sherpa" (cela leur permet également de vérifier que l'on sait lire et utiliser une carte IGN 1:25.000 ...)
- découpant des étapes quotidiennes afin d'avoir des durées/distances compatibles avec les nombreux arrêts nécessités par les prises de vue : Annie et Remco connaissent parfaitement le parcours du chemin de Stevenson (et les difficultés possibles) et ont pu nous faire des propositions adaptées (4 heures de marche effective en moyenne afin de réserver du temps pour les prises de vue)
- sélectionnant et réservant des hébergements (petits hôtels de village, chambres chez l'habitant ou à la ferme) offrant le gîte et le couvert pour nous et "Sherpa" (Annie est tout aussi vigilante sur les conditions matérielles pour son âne que pour nous...)

 

Dernière mise à jour : mai 2013

 

     
     
     

 

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