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l'auteur

Raphael SCHOTT
 


photo Elena Espejo

né en 1971 en Lorraine
 Installé dans le Sud-est en France

 Accède en autodidacte
 à la photographie en 1988
 et collabore depuis avec la presse
 (Pèlerin, La Vie, Le Parisien, Figaro
Madame Figaro, VSD
Usine Nouvelle, Maxi Basket…)
Réalise à plusieurs reprises
 les photos de la campagne
 du Cirque d’hiver Bouglione
 et deux collections homme
pour Agnès.B.

Publie un ouvrage
« Le Cirque Arlette Gruss »
 à l’issue d’un reportage de fond
 accompagné d’une exposition
de cinq ans avec les galeries FNAC
 Ce travail sur le Cirque
également primé au
Humanity Photography Awards 2002
 sera remarqué au lectures
de portfolio à Arles
 et exposé en partie
aux ateliers SNCF en 2006

 

De 2005 à 2008
Photojournaliste
pour le groupe NICE-MATIN
En 2010 primé par le prix
Caisse d’Epargne Lucien Clergue
pour le sujet « Ma’Miss »


Raphaël SCHOTT
1050 route de la mer
06410 BIOT
Tél : 06 08 62 12 66
http://schottraphael.blogspot.com/
schottraphael@gmail.com
 

 

 

 

 

Raphaël Schott : Ma'Miss

 

Galerie-photo : Raphaël, quel est votre parcours personnel et comment en êtes-vous venu à la photographie ?

J'ai eu un parcours autodidacte.
Mon premier appareil offert à l’occasion de mes huit ans par ma grand-mère était un Polaroïd avec deux packs film. Le premier a servi à immortaliser le repas familial de cette journée, l'autre je l'ai emmené en classe verte pour photographier le quotidien de mes camarades.
A 17 ans un voisin réalisateur de courts-métrages m'a demandé d’officier comme photographe de plateau à l'aide de son Zénith. Là j'ai irrémédiablement pris goût à l'image. J'étais dans un lycée Cannois et dans l'année j'ai beaucoup manqué les cours pour aller au festival du cinéma.
Les stars ne m'intéressaient pas, j'enregistrais les anecdotes et le trombinoscope des personnages décalés qui arpentaient la croisette. Il n'en a pas fallu plus pour que j'arrête brutalement mes études. La photographie j'en étais sûr serait ma voie. J'ai alors beaucoup pratiqué le laboratoire, uniquement en noir et blanc pour des raisons pratiques et économiques. A force j'ai réveillé une vision monochrome et me sens très mal à l'aise quand je dois utiliser la couleur. J'admire pourtant beaucoup d'œuvres couleur.
Aujourd’hui je suis journaliste photoreporter dans un quotidien.

 

Où et dans quelles circonstances ont été prises ces photographies ?

J'ai débarqué à la finale varoise de miss « maison de retraite » 2007 avec chambre, trépied et polaroïds une demi-heure avant l’élection. Dans une pièce à côté de la salle d'attente des miss, j'ai décroché les cadres et poussé le mobilier pour libérer un pan de mur comme fond. L'éclairage était uniquement du à des petits plafonniers néon encastrés.
La prise de vue à durée en tout une heure trente, j'ai réalisé environ quarante polas. J’allais chercher les miss une à une et devait les ramener avant leur tour de passage devant le jury.
Après ça j'étais sur les genoux. On se dit qu'un assistant ne serais pas de trop sur ce type de prise de vue, mais sur un projet autofinancé il n'y a pas les moyens de... alors on joue l’homme orchestre.

 

Ces photographies ont été réalisées à la chambre 4x5. Quelles sont les contraintes que cela implique ?

Contre les règles de bon sens, j'ai utilisé l'objectif à pleine ouverture et en contre- bascule. Je n'aime pas les conventions !
A f5,6 ou f6,8 et avec le polaroïd 55 que j'expose à 40 iso je suis tombé à ¼ voir ½ seconde de pose.
Bien sur ces options on irrémédiablement produit des images floues de bougé ou à la netteté douteuse.
Si j'ai longtemps chassé l'ultra net comme une chimère, j’aime de plus en plus le flou ou plutôt l'entre flou-net.

Je craignais que la pose longue ne produise un masque trop figé chez les modèles.
Au contraire ces dames en venaient même à parler durant la pause. Elles étaient empreintes d'une certaine frénésie, finalement elles m'ont toutes donné une image assez pétillante.
La difficulté était de faire le point précis sur le dépoli peu lumineux dans la pénombre puis de placer le pola assez vite pour ne pas perdre le net. Malgré leurs bonnes volontés, elles n'étaient plus toutes capables de s'immobiliser. Par sécurité j’ai doublé chaque miss.
J'ai même été remis en place par un : « qu'est ce que vous croyez jeune homme, on à déjà vu ça » alors que je tentais d'expliquer le fonctionnement de la chambre à une mamie qui, c'est vrai, aurait pu livrer ses courbes à Man Ray.
Cette machine qui parait si étrange à nos contemporains de l'ère pixel-chrome ne l'est pas pour elles. Mes explications sur la pose, le plan film, l’obturation et la vitesse lente, c’est du remâché pour cette génération.

 

Depuis combien de temps et pourquoi utilisez-vous la chambre photographique ?

J'utilise la Linhof depuis peu, je viens de l'acquérir et les clichés de cette série «Ma'miss» sont en fait mes premières images à la chambre. C'est avec du stress mais aussi la naïveté du novice que j'ai réalisé ce travail en avril.
Pour mon job j'utilise le numérique, pour des travaux personnels je pratiquais le moyen format. Dans les deux cas j'ai produit beaucoup d'images. J'avais besoin pour ne pas perdre l'envie de faire un renouveau dans ma photographie. La lenteur qu'impose l'usage du matériel lourd, la réflexion qu'il déclenche et la sensation récréative qu'il procure m'ont été salvateur. J’aime sur une séance de portrait repartir serein, satisfait après n’avoir exposé que trois plans films et imaginer que j’ai effleuré l’essentiel. De toutes façon il n’y a pas besoin de chercher bien loin. Le sujet voit bien qu'avec la chambre il y a une démarche honnête et respectueuse et il vous rend cela dans l'image… il y a une réciprocité équitable et au moment ou vous déclenchez la relation est déjà établie.

Avec quoi travaillez-vous ?

J'ai opté pour une Linhof super Technika V que j'ai complété récemment par une Master. Une folding s'imposait, j'ai la bougeotte et pas de studio.

Pour les cailloux j'en ai plusieurs, les Ma'miss ont été prises avec un ANGULON 6,8 / 90 mm des années 60 et avec un symmar (pas S) 150mm / f 5,6. Dans mon trousseau j'ai aussi un Sinaron W 90mm / f4,5 et un Sinaron S 210mm / f5,6. Je crois que je suis prêt à les troquer contre l’objectif de l’île déserte, vous savez celui qui reste dans la chambre fermée.

La pellicule...et bien c'est celle qui m'a empêché de passer directement au 8*10. J’ai adopté le polaroïd pn 55, pour ces marges et les défauts analogiques produits dans l'image par le procédé chimique, pour la richesse et les valeurs de gris et bien sur le coté extrêmement pratique du développement instantané. Je n'ai plus de laboratoire, passé entièrement en chambre blanche je scanne sur un imacon qui va jusqu'au 13*18 et j'imprime en piezography NB sur Hahnemuhle. Avec ces solutions je suis pleinement autonome en province.

 

Diriez-vous que vous êtes un photographe humaniste ?

Hmm ! Est ce au photographe de se qualifier lui même ? Ce que je peux dire c'est que plus jeune enivré par l'image romantique que dégageait le métier de « correspondant de guerre », je suis partis en Bosnie-Herzégovine qui était en 1994 au cœur du conflit. Je voulais aller au front avec mon M6, mais pour faire les derniers 30 Kms jusqu'à la ligne d'affrontement il fallait beaucoup de pognon que je n’avais pas. J'étais loin de me douter que c'était un business. Tout prend une autre dimension dans un pays en guerre et le litre d'essence vaut de l'or, c'est logique finalement. Je me suis rabattu sur un village voisin ou se déroulait un pèlerinage de croyants, c'était plus positif comme sujet de toute façon. J'ai été arrêté par des miliciens, j'ai vécu un bombardement de nuit et trouvé les stigmates de combats à tous les coins de rue. La noirceur de l'humanité était omniprésente. J'ai donc décidé au bout de 6 jours de rentrer et de me consacrer dans l'avenir à relater uniquement les histoires humaines ou l'homme cherche à s'accomplir dans des projets positifs et constructifs. J'espère toujours placer l'homme au cœur du propos, dévoilant ses mœurs de manière bienveillante.

Si l’on considère aussi que pour se qualifier d'humaniste il faut d'abord aller à la rencontre de l'autre qui ne saurait être un gibier et que tout est basé sur un échange dans une rencontre respectueuse voir complice et aller jusqu’à devenir un protagoniste de l'acte et non plus seulement un reporter furtif... Je conçois mes séances de portraits d'abord comme une rencontre et la photographie n'est là que pour entériner cette relation. Alors je suppose qu'il doit y avoir dans ma démarche au moins une part d’humanité... il est certain également que j'ai subi l'influence de quelques uns des photographes qui sont considérés comme des humanistes.

 

Vers quelle direction aimeriez-vous aller en photographie ?

Le projet que je viens d'entamer à la chambre doit aboutir à une galerie de plusieurs dizaines de portraits probables et improbables, du simple quidam au chef d’état. Si j'ai quelquefois des pulsions de voyages, je regarde autour de chez moi et je vois que les possibilités de rencontres sont assez extraordinaires. Finalement je n'ai pas besoin d'exotisme. Ca fait longtemps que j'ai compris que l'herbe n'était pas forcement plus verte dans le prés d'à côté. Le formidable se cache au coin de la rue voire sur son propre palier. Je ne suis pas pressé dans mes projets mais j’ai aussi conscience que l'humain reste fragile face au temps qui s'égraine. Pour essayer de garder une trace et témoigner de ce que je vis je photographie continuellement.

 

dernière modification de cet article : 2007

 

 

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