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auteur de l'article

Henri Peyre
Né en 1959
photographe
Beaux-Arts de Paris en peinture
webmaster de galerie-photo
ancien professeur de photographie
à l'Ecole des Beaux-Arts
de Nîmes

www.photographie-peinture.com
organise des stages photo
www.stage-photo.info


 

 

 

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Rotule Arca Swiss
Cube GP :
Prise en main

 

par Henri Peyre

Cet article vise à présenter la rotule vedette d'Arca-Swiss, le cube GP(1), rotule destinée aux chambres grand format et aux appareils lourds.

arca swiss cube gp

Caractéristiques générales

Comme son nom l'indique bien, cette rotule d'Arca-Swiss se présente sous la forme d'un cube de 109 mm de plus grande largeur (au niveau des boutons) et d'environ 109 mm de hauteur (hauteur totale de 118 mm avec le système d'étau) pour un poids de 1040 g.

Le cube est avant tout conçu pour porter des charges très lourdes puisque le fabricant indique que, sous certaines conditions (pas de porte-à-faux), la rotule peut arriver à porter des masses de 100 kg.

Au déballage du paquet on est frappé par l'extrême élégance du cube et l'aspect très qualitatif des matériaux employés.

Les premières manipulations permettent de découvrir toutes les ressources du système.

Une première bascule sommitale en berceau permet des réglages de plus ou moins 30°.

2 boutons à frictions solidaires et opposés commandent ce mouvement. Ce n'est pas un luxe. Même si cela s'adoucira probablement avec le temps, la friction est très ferme et, à mon avis, on a bien besoin des deux mains. Je n'ai pas trouvé que le réglage de friction +- que l'on voit au-dessus du berceau permette vraiment d'adoucir/durcir l'effort à faire ; j'ai compris par la suite l'intérêt réel de cette mollette argentée : dans sa position + elle réduit l'espace où se produit le mouvement ; ce faisant elle accroit encore la rigidité de la rotule. Pour moi ce n'est pas un réglage de friction (et surtout pas un blocage, elle n'empêche pas les boutons d'être tournés), c'est surtout un intérêt supplémentaire pour la rigidité de l'ensemble lors de la prise de vue, après réglage et, vu comme cela, c'est bien joué.
Le démultiplié de la friction est vraiment très progressif : on comprend dès le premier usage qu'on a dans les mains une rotule qui vise la précision. Quand on tourne les 2 boutons de la bascule, l'index évolue lentement sur les graduations. 1 tour complet du bouton permet d'avancer de 10° d'angle sur le berceau.

Dès l'usage du premier réglage, le ton est donné. On a en main un instrument de haute précision qui permet des réglages lents et précis. A noter : il n'y a pas de point zéro au passage de l'axe, mais on l'accepte tout à fait : cela pourrait sembler contradictoire à l'esprit du matériel d'avoir une petite zone de pression/dépression sur l'axe. Le mouvement perdrait au passage du point zéro la précision d'un mouvement continu.

 

On teste ensuite le deuxième berceau, en-dessous du premier :

Ce deuxième mécanisme en berceau est rigoureusement identique au précédent. Sur la rotule que j'ai eue en test, il m'a semblé que le réglage +- agissait un peu plus sur la dureté des 2 boutons du berceau, sans aller ni du côté - à fluidifier complètement leur avance, ni du côté + à les empêcher de tourner. Par contre, lorsque les réglages sont achevés, le passage en côté + aide manifestement, là encore, à éliminer toute vibration qui pourrait subsister dans le mécanisme. Si l'on monte sur la rotule des instruments de laboratoire cela peut vraiment faire une différence.

Passons au mouvement suivant.

Nous avons gardé les deux premiers berceaux ouverts et avons déployé à présent, en-dessous du deuxième berceau un troisième réglage : on voit que la base du cube est maintenant déployée.

Comme le montre la vue ci-dessous, prise de l'autre côté du cube, on peut ajouter à la deuxième bascule, actuellement à 30°, les 60° d'une troisième bascule, qui n'est pas en berceau. On voit évidemment tout de suite à quoi cela peut servir : 30° + 60° = 90°. Avec ce mouvement supplémentaire on pourra passer un appareil de la position paysage à la position portrait. A noter : la précision de la troisième bascule est plus approximative que celle des 2 autres. C'est une tirette qu'on positionne en gros sur 30, 45, 60° ou tous angles intermédiaires.

La description sera complète si on ajoute enfin 2 autres mouvements :
- un panoramique libre en bas, sur un cercle non-gradué. Le levier triangulaire permet de bloquer/débloquer un de ces mouvements panoramiques parfaitement fluides dont Arca-Swiss a le secret.
- un mouvement micrométrique panoramique sur cercle gradué en haut de rotule (le "Geared Panning", "GP" du cube GP) - Sur le cube C1 non GP on ne dispose pas de ce bouton micrométrique en haut, mais d'un second levier triangulaire identique à celui de la base).
L'origine de la graduation panoramique est repositionnable. On tourne juste, à la main, la bague d'origine au-dessus du panoramique.

Mouvement panoramique non-gradué en bas et gradué en haut ; cette observation donne l'indication d'une philosophie. Si on a présenté la rotule de haut en bas dans cet article, la précision des mécanismes croît sur l'engin du bas vers le haut. Dans l'esprit de ses concepteurs on commence à faire les réglages "en gros" en bas et on procède en remontant.

 

Emploi du Cube GP

Dans un premier temps portons un gros reflex sur le cube. Il s'agit ici d'un Nikon D800E avec un lourd objectif sans collier de pied. D'habitude nous utilisons cet ensemble sur une P0. Une plaque longue attache l'appareil en recul par rapport à l'axe de la rotule, ce qui est plus confortable sur une P0 et ouvre également à des raccords facilités en panoramique multi-vues.

L'appareil une fois engagé sur la rotule en position paysage offre une surprise agréable. Le mouvement panoramique sommital éloigne assez largement le talon de l'appareil des niveaux ; leur lecture en est d'autant facilitée ; quand mon Nikon était engagé avec sa plaque longue sur ma P0, le niveau était encore visible ; mais le montant en L Monoballfix en utilisation le masquait complètement. Ca ne sera pas le cas avec le cube.

Essayons le berceau vertical, des deux mains, vers le haut.

Puis vers le bas, toujours des deux mains :

On ne se rend absolument pas compte qu'il y a un appareil photographique sur le cube. Les impressions sont exactement les mêmes avec et sans appareil. La mécanique est très largement surdimensionnée à l'effort que je lui demande...

Tentons un mouvement en berceau sur la deuxième bascule, toujours des deux mains, dans un sens...

Puis dans l'autre. Même impression : le rotule ne semble porter aucune charge.

Si on place l'œil, en photographe, derrière l'appareil, on goûte au formidable confort des mouvements en berceaux qui permettent de rechercher les bons alignements horizontaux ou verticaux sans perdre le cadrage de vue, comme c'est malheureusement le cas avec une rotule 3D classique.

J'ai essayé de vous montrer ce que donne le mouvement en berceau sur un petit gif. Avec les mouvements en berceau, on a l'impression lors de la bascule latérale que l'appareil est une simple fenêtre devant un paysage qui ne bouge pas :

C'est toujours le cas bien sûr dans le réel mais on perd cette impression avec une tête 3D classique : la moindre intervention sur l'axe latéral y projette violemment le sujet hors de l'écran (Essayez avec ce Gif à côté de vous pour comparer !).

Le cadrage en est grandement facilité et il s'ensuit une incroyable impression de confort à la prise de vue. L'appareil devient "transparent". Je pense que lorsqu'on a goûté aux réglages en berceaux on ne peut plus s'en passer.

Passons maintenant l'appareil en mode portrait. Attention c'est une manœuvre en trois temps.

Premier temps, on bascule la base :

Plaçons-nous plutôt de l'autre côté ; nous verrons mieux ce qui se passe : regardez la graduation à la base, positionnée sur 60° dans ce premier temps :

Deuxième temps, on utilise la bascule du dessous à 30°.
30° + 60° = 90°.

A ce moment, heureuse surprise, je découvre que le cube peut servir de statif. J'ai un simple trépied carbone de Gitzo, mais dans cette position j'ai la certitude que je peux faire de la reproduction de documents sans aucun problème tant la position est solide et sans vibration. A noter que  le petit levier panoramique triangulaire de la base peut être activé pour bien positionner la prise de vue par rapport aux pieds. J'imagine aussi l'intérêt pour un passionné d'insectes...

Troisième temps, on utilise le panoramique GP sommital pour redresser l'appareil en position portrait :

Nous y sommes. L'appareil est en portrait.

Reconnaissons que le passage de paysage en portrait, par la position statif, n'est pas très rapide. Il laisse également l'appareil dans une position "abracabrantesque" comme l'aurait dit Chirac (image ci-dessus). Mais si cette vue prête à sourire, elle ne témoigne pas de l'incroyable rigidité de l'ensemble. Ca a l'air bricolé mais l'ensemble est d'une rigidité stupéfiante. Et vous ferez des photographies certainement excellentes dans cette position. (A noter : naturellement, si vous avez une chambre ou un dos numérique et, donc un dos "tournant", vous n'aurez bien entendu pas à utiliser cette position... on comprend  lors de cette manipulation à qui le cube s'adresse).

Mieux, tout comme dans la position paysage, on garde la possibilité de tous les réglages micrométriques :
Le panoramique du bas (non micrométrique) permet de tourner l'appareil photographique dans la direction qu'on désire. On peut peaufiner ce mouvement avec la bascule en berceau supérieure, qui est micrométrique. Le mouvement haut/bas de l'objectif est assuré lui aussi de façon micrométrique par le mouvement panoramique sommital, qui a pris cette nouvelle fonction.

Il y a toutefois un petit manque fonctionnel : dans cette position les niveaux en place, qui sont positionnés sous le mouvement panoramique sommital, ne prennent pas en compte la rotation de ce dernier : 

Il est donc utile de placer sur l'appareil lui-même un niveau à bulle double qui permet d'obtenir la bonne horizontalité de la prise de vue en portrait.

Le même niveau assurera également un très bon contrôle en position statif. L'ajout de ce petit accessoire nous semble très important du fait de la philosophie générale du cube, qui est un instrument de haute précision :

Une autre solution, plus élégante mais plus encombrante, consiste naturellement à placer l'appareil sur la plaque Monoballfix en L que j'ai déjà sur ma P0(2). Cet accessoire permet sur le cube de passer plus rapidement de la position portrait à la position paysage, et sans changer le point de vue :

Dans ce cas, on bénéficie en permanence avec son reflex des niveaux bien dégagés du cube, et le cube devient exactement aussi agréable à utiliser qu'avec une chambre ou un appareil à dos tournant :

 

Conclusion : le cube pour qui ?

Le cube est un instrument de haute précision particulièrement adapté aux chambres photographiques et aux appareils photographiques à dos tournant. Il les rejoint dans une pratique lente, très précise et très calculée.

La précision de ses mouvements en fait un support fonctionnel qui dépasse largement le champ photographique : de nombreux laboratoires scientifiques dans le monde utilisent le cube pour le placement des appareils ou des échantillons. Son emploi est particulièrement utile lorsque des réglages très fins et sans vibration sont attendus (bien penser alors à l'utilité des deux bagues +- des berceaux).

L'emploi du cube se justifie particulièrement lorsque l'appareil de prise de vue à mettre en place est particulièrement lourd ou lorsque les vibrations doivent être le plus possible contenues.

L'emploi d'un cube avec un appareil reflex est plus discutable. Il ne conviendra certainement pas à un photographe pressé qui a le souci de la rentabilité.
Il reste un outil hautement conseillé pour certains domaines photographiques, comme la photographie d'insectes ou la macrophotographie, la photographie de reproduction d'objets d'art, ou dans certaines conditions de prises de vue difficiles (vent).
Avec un reflex il est très utile de le compléter d'un montant en L.

Avec le cube on a l'impression de faire des photographies au statif. Cet outil rigoureux ne conviendra donc certes pas aux photographes intuitifs ; il plaira aux photographes précis, qui savent exactement ce qu'ils veulent et exige un contrôle très exact de l'image, dans un type de photographie lente et mûrement réfléchie.

 

Notes 

(1) On trouvera les cubes sur la boutique ici :
https://www.arca-swiss-magasin.com/contents/
fr/d35_cube-arca-swiss.html  

(2) Plaque rapide universelle MonoballFix en L 2 bases ref 802308.5 : voir sur le magasin arca-swiss ici.

 

 

 

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Dernière modification : janvier 2021

 

 

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