SPRI
Une méthode d’efficacité rédactionnelle
appliquée à la présentation du diplôme
par Henri Peyre
A qui est destiné cet article ?
Cet article veut
donner quelques bases méthodologiques aux étudiants des écoles d'art
et de photographie dont j'ai pu observer qu'ils étaient souvent en
difficulté dans la présentation de leurs travaux en situation
d'examen. En réalité, l'approche proposée va plus loin et peut
permettre à chacun d'avancer avec simplicité et efficacité dans son
travail de recherche.
Nous utilisons ici
une excellente méthode de reformulation venue (Ô horreur !) du monde
de la productivité des entreprises, la méthode SPRI. Sur
galerie-photo on aime bien l'iconoclaste mélange des genres !
Suivront ceux qui aiment vivre sans œillères !
La méthode SPRI
elle-même a été formulée dans :
La méthode SPRI, Louis Timbal-Duclaux, Editions Retz, 1983.
Poussée autrefois par F. Richaudeau, l'ardent défenseur de la
Lecture Rapide, elle est aujourd'hui passée de mode et le livre
devenu introuvable. La méthode compte encore quelques ardents
supporters... dont nous sommes ! Codifiée autour de la volonté d'un
"mieux écrire" en particulier en entreprise, elle présente pour
principale tare de proposer tout à fait autre chose que le plan
"thèse-antithèse-synthèse" de l'Education Nationale, qui a produit
des générations de gens fins, subtils, doutant de tout... mais peu
efficaces dans l'action et assez incapables de penser qu'on peut
peut-être réfléchir d'une façon plus positive.
SPRI (Situation-Problème-Résolution-Information) est une méthode
basée sur l'idée qu'on s'exprime pour cerner à l'intérieur d'une
Situation insatisfaisante le Problème le plus important,
en le reformulant précisément ; on le règle ensuite de façon d'abord
théorique (Résolutions) puis en détail, dans ses aspects
pratiques (Informations)
On lira également l'article
comment analyser une photographie ? sur ce même site. Nous y
proposons l'application de la méthode à l'analyse d'images.
Rappel aux étudiants : les enjeux
Au diplôme, on exige de vous la présentation des éléments suivants
- origine
du projet (notes, esquisses, genèse)
-
références culturelles
-
qualité des travaux
La méthode SPRI est un moyen simple et pratique de vous aider à
ordonner votre présentation.
Définition :
SPRI une méthode rédactionnelle en 4 temps
Principe de la méthode SPRI : on part du principe qu’on peut
exprimer tout propos sous forme d’un Problème qui est posé par une
Situation insatisfaisante. On y répond par une ou plusieurs
Résolutions (les solutions possibles en quelques mots) et leurs
applications concrètes (les Informations).
Cela permet que toute forme d’expression soit vivante et bien
ordonnée.
On note en Situation tout ce qui décrit en quoi l’état des choses
est insatisfaisant, en quoi il pose problème... tout ce qui montre
combien il est intéressant et urgent de s’en occuper. Cela permet de
valoriser le problème, de le mettre en valeur, de le « dramatiser »
pour susciter l’intérêt du public.
Ne retenir de la situation que les aspects majeurs, c’est à dire les
faits :
-
Les plus faciles à comprendre
-
Ceux qui constituent une base de départ acceptable par tous
-
Ceux dont l’utilité véritable n’apparaît pas forcément tout de suite
mais qui, « cadrant la situation » et son caractère préoccupant,
révèlent l’importance de l’enjeu du problème.
Il vous faut trouver le cahier des charges du
problème
- Par rapport à quelle volonté, à quel objectif
est-ce un problème ?
- A quelle condition sera-t-il considéré comme
suffisamment résolu ? (suivant quels critères d’intérêt pourra-t-on
juger que les problèmes sont résolus ?).
- Pour trouver le problème : se poser la
question, pour chaque idée qui peut constituer le problème « En quoi
est-ce un problème ? » Si nous pouvons encore expliquer en quoi
c’est un problème, c’est qu’on ne tient pas encore la formulation
ultime ! Le mieux est d’essayer d’arriver à REDIGER votre problème
en une question et une seule
La résolution présente les remèdes au problème :
- Elle décrit et justifie les grands principes de
la solution.
- Les grandes lignes de la résolution de
principe doivent correspondre aux grandes lignes du problème.
- En rester à la boîte noire, ne pas entrer dans
les explications de procédure (réservées à la partie suivante)
Cette fois on examine le contenu de la boîte noire
- Décrire les procédures mises en oeuvre, de la plus essentielle à
la plus accessoire, pour faire passer la résolution dans les faits
-
En quelques phrases, on pourra résumer les idées du SPRI en
fin de présentation. La conclusion n’est pas obligatoire
-
Il n’y a pas besoin absolu d’introduction. L’exposé de la
situation peut en tenir lieu. En tout état de cause, si on tient à
en faire une, il faut ne la composer qu’en dernier, lorsque toutes
les autres parties ont été achevées.
-
C’est l’énoncé de la résolution qui annonce le plan
- Faire
un SPRI c’est baser toute la communication sur la volonté d’action
- Arriver
à communiquer l’Information, c’est proposer des solutions.
La méthode présuppose qu’une communication sans solution est peu
intéressante. C��est donc une méthode socialement positive
-
Appliquer la grille SPRI permet de déterminer les bons
arguments et le bon ordre de présentation (c’est l’ordre qui
captive)
- Déterminer
le but de la communication. il n’y a
pas de communication sans récepteur. Cela incite à ne pas se fiche
de lui. Trouver la « bande passante » du récepteur (Quoi de neuf
pour lui, à quoi est-il sensible ?)
Application :
SPRI pour le dossier au diplôme
Vous présentez l’orientation générale de votre travail :
Genèse globale de votre travail, comment l’idée vous est venue de
travailler à cette question, ce qui vous y intéresse, l’exploration
que vous avez faite dans l’histoire de l’art autour du sujet,
particulièrement :
-
Ce que les artistes qui vous ont précédé ont tenté de faire
en ce domaine
-
En quoi leurs recherches ont été limitées et ne vous donnent
pas satisfaction (présentez des documents de ces artistes)
Tout ceci doit vous permettre d’annoncer que vous trouvez la
situation actuelle insatisfaisante et que votre travail se propose
de l’améliorer.
Déterminer le problème auquel répond votre
travail.
La méthode suppose que vous vous posez une question fondamentale et
une seule. Si vous avez l’impression que vous vous en posez
plusieurs, essayez de les grouper en une seule interrogation. S’il
vous semble que vous n’y arrivez pas, hiérarchisez-les et ne
présentez que la principale.
pour vous aider à la trouver : c’est la question qui résiste à « en
quoi est-ce un problème pour vous ? »
A
la fin le problème auquel répond votre travail doit être énonçable
en une question d’une phrase, la plus précise possible.
ce sont les Résolutions de la méthode SPRI. Présentez ici uniquement
les grandes lignes de recherche. « Voila les 3 axes dans lesquels
j’ai travaillé... on peut globalement répondre à ce problème en
explorant cette voie, celle-ci et celle-ci... »
Présentez vos travaux
Vos travaux sont les Informations de la méthode. Vous pouvez
maintenant montrer comment vous avez répondu à la question que vous
vous êtes posée.
Il vous faut avoir groupé vos travaux suivant les axes des
Résolutions que vous présentez.
Dans l’exposé vous vous rapprochez alors physiquement de vos travaux
et les présentez comme illustration des voies de recherche que vous
avez définies.
Pour chaque groupe de travaux vous devez rappeler :
-
L’origine du projet (notes, esquisses, genèse)
-
Les références culturelles (filiation montrant que vous
n’avez pas cherché seul dans votre coin et que vous avez bien été
voir où les contemporains en étaient)
-
En quoi tient la qualité des travaux (intérêt novateur,
qualité plastique particulière. Il vous faut surtout montrer en quoi
il y a solution au problème que vous vous êtes posé)
Ce passage à la moulinette SPRI de votre travail présente un grand
intérêt :
1/ il vous oblige à un regard extérieur sur votre travail.
2/ il vous oblige à vous poser la question de votre voie de
recherche. Si vous avez des difficultés à mettre en mot le problème
que vous vous posez, il est possible que ce soit parce qu’il n’est
pas encore très bien défini en vous. Cela vous permet d’y réfléchir,
de l’affiner et de le documenter.
3/ Si vous suivez bien l’ordre de présentation et que vous avez une
vision claire et ferme des solutions que vous apportez, votre
présentation sera captivante pour l’auditeur.
dernière modification de cet article
: 2008
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