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l'auteur

Hervé Sentucq a commencé la photographie 1988
et s'est spécialisé depuis
fin 1997 dans la photographie panoramique haute-définition
 Il constitue
la première photothèque panoramique française d'images de France
Chaque
image est une aventure de plusieurs journées absorbées à restituer de
manière poétique l'atmosphère de lieux, à peaufiner des images
intemporelles qui symbolisent ce qu'il est et ce qu'il aime. Ses images
cadrent très large sans qu’on s’en rende compte, et fusionnent des laps
de temps séparés.

Chemin des Vignes
2 Allée du Bouquet
26410 Châtillon-en-Diois
www.panoram-art.com

tel 06.09.35.74.75

 

 

 

 

 

 

La composition en photographie panoramique (de paysage) 

 

Les règles sont utiles au débutant en permettant d’emblée de donner une image correctement équilibrée. Mais la composition picturale, par essence intuitive, est plus du domaine de l'art que des sciences. Les règles sont donc faites pour être dépassées et il ne faut pas y adhérer systématiquement sous peine que vos photos panoramiques de paysage se ressemblent peu ou prou, ce qui engendrerait vite une sensation de banalité et d’ennui. Je ne parlerai ici que de la composition à la chambre 6x17 cm qui est le format standard en panoramique dans les agences photos du monde entier : on peut placer l’horizon où bon nous semble, sans le courber… On peut jouer sur les perspectives en utilisant différents objectifs.


Baie de Cannes, Côte d'Azur, PACA ©

Une grande application

La photographie panoramique grand format est onéreuse et est donc réservée aux photos d’exception pour des sujets léchés, c’est-à-dire à la fois très bien composés et éclairés. On ne ramène souvent qu’une seule photo pour une journée entière de travail. La recherche du lieu à photographier qui se prête au format allongé est bien plus longue qu’en format standard. La composition demande également plus de soin. Enfin l’attention dans une journée ne doit jamais baisser afin de ne pas rater l’instant magique de lumière qui va sublimer le paysage.


Parc de l'estuaire de la Seine, Seine-Maritime, Hte-Normandie ©

Dynamique

Alors que l’oeil peut facilement scruter un rectangle normal en un instant, la longueur d’un panoramique aux proportions 1/3 ne permet à l’oeil de considérer qu’une partie de l’image à la fois, ce qui correspond à la manière dont on observe une scène de la vie courante. Les parties extrêmes d’une telle image doivent être situées loin sur les côtés, afin de respecter les conditions typiques de la vision humaine. De plus, en ralentissant la vitesse de scrutation, on prolonge l’intérêt du spectateur pour l’image explorée. Les panoramiques ont la qualité d’attirer le spectateur au cœur de l’image (si celle ci est agrandie et observée de près) et d’obliger son regard à circuler dans la périphérie.


Tonnay-Charente, Charente-Maritime, 
Poitou-Charentes ©

Plusieurs photos en une

Les règles de composition sont différentes ainsi que la façon de voir le monde. L’appareil photo est juste un outil, c’est le photographe qui doit être capable de penser et créer ses images en composition panoramique. Quand on débute on trouve peu de sujets qui semble se prêter à ce format, il faut apprendre à voir en mode panoramique et cela prend un certain temps. Quand le photographe panoramiste arrive sur un lieu et commence à s’y promener, il est encore loin du moment où il déclenchera et il doit au préalable se poser tout un tas de question. Une photo large raconte une histoire et englobe différents éléments qui auraient été plus probablement photographiés isolément en 24x36. Il faut d’abord regarder la scène dans son ensemble, quitte à ensuite ne s’intéresser qu’à une partie. Le point de vue nécessaire à l’histoire que l’on veut raconter et qui permet d’utiliser au mieux les caractéristiques de l’appareil photo se précise alors. Chaque élément de la photo doit être bien présenté isolément tout en fonctionnant avec les autres.


Locomotive près de Tomatin, Highlands d'Ecosse ©

Cadrage vertical

La grande majorité des panoramiques sont cadrés horizontalement, c’est idéal et naturel pour le paysage car cela reproduit au mieux l'image que nous percevons. Le cadrage vertical en panoramique est plus original et convient aux sujets qui ont de la hauteur, un arbre des racines jusqu'au faîte par exemple, une cascade, une scène de rue avec des personnes... Le sujet se retrouve coincé entre deux marges vraiment très étroites ! Il faut un premier plan riche en détails et des fuyantes bien maîtrisées afin de dynamiser la fuite des plans vers le lointain. L'idéal est de se placer à mi-hauteur du sujet photographié. Ainsi, on ne donne pas une importance démesurée à ce qu'il y a à nos pieds, le premier plan se retrouve au delà de la distance minimale de netteté et le sujet vertical ne tombe pas en arrière.

Rue Saint-Romain, Rouen, Seine-Maritime, Haute-Normandie ©

Sens de lecture

Le format allongé est plus descriptif, incitant à " lire " l’image de gauche à droite et on s’attend logiquement à trouver le point fort dans la partie droite du cadre. Il faut verrouiller l’image avec ce point fort, sinon l’œil sort du cadre et la photo est négligée. Cette caractéristique doit être prise en compte, par exemple en reliant les divers éléments de la composition par des lignes de fuite servant de chemin de lecture au regard (compositions en Z très appréciées) et donnant de la profondeur à l’image : point non négligeable dans un format qui a tendance à tasser les plans vers l’horizon ! Evidemment, chaque photo n’est pas composée de manière identique : points forts complémentaires, lignes de fuite, symétries, équilibre des masses visuelles et psychologiques forment un tout à doser selon ses goûts ! Les points forts complémentaires peuvent être placés dans la partie gauche du cadre. Ils doivent informer et compléter le message transmis par le point fort principal. Exemple de recette classique utilisée par les cadreurs de cinéma : le regard s’informe auprès du point fort complémentaire situé dans la partie gauche, devine où la scène se déroule dans l’arrière-plan central et s’arrête sur le point fort principal placé à droite du cadre !


Maison Charentaise, Charente-Maritime, 
Poitou-Charentes ©

Sujet centré ou coupé

Une utilisation inhabituelle du cadre panoramique peut permettre de traiter un sujet de façon abstraite. En ne montrant pas le haut et la base d’un monument religieux par exemple, la photo obtenue ressemble plus à un assemblage géométrique de pans de murs que la représentation d’une église. L’image, compressée entre le haut et le bas du cadre, est moins réaliste, et oblige l’œil à s’intéresser à la structure en dehors de son contexte. Si le cadrage du sujet est centré il devient le sujet principal et son environnement est alors moins présent voire absent.


Vallée des Saints, Puy-de-Dôme, Auvergne ©

Point de vue surélevé

Le format panoramique impose certaines limitations techniques qui influencent la composition. En effet il est parfaitement adapté à certains paysages dont la zone intéressante est située vers l’horizon car il permet d’éliminer les parties inutiles de la scène — un ciel vide, un premier plan sans intérêt. Dès la prise de vue on privilégie le rythme de la ligne d’horizon, les éléments essentiels sont mis en valeur et les autres supprimés. En format 6x17 cm, la focale la plus utilisée est le 90 mm, correspondant sensiblement à une vue recadrée en bande prise au 20 mm avec un reflex 24x36. Dans ce dernier cas, le cadrage panoramique à la prise de vue nécessite un point de vue surélevé par rapport à celui que vous adopteriez pour une vue 24x36 non recadrée en panoramique. Il est donc très souvent nécessaire de monter sur un escabeau ou sur le toit de son véhicule.


Mers-les-Bains, Somme, Picardie ©

Les 3 tiers

La règle la plus importante est sans doute celle des trois tiers. Ainsi, on s’efforcera de positionner l’horizon, soit au tiers inférieur, soit au tiers supérieur de la photographie. Attention, en l’absence de tout décentrement, un appareil photographique calé bien à l’horizontale (au niveau à bulle pour éviter toute inclinaison de l’horizon et toutes fuyantes des verticales) situe toujours l’horizon pile à la moitié de l’image�� De la même manière, on s’efforcera de positionner les points de force de sa photographie sur une des deux lignes de tiers verticales. On peut aussi diviser l’image en 4 ou 5 parties. Une image où l’horizon est situé au milieu du cadre est généralement inesthétique : cela convient néanmoins pour les compositions où le ciel est riche d’intérêts (très souvent à l’aube ou au crépuscule) ou bien où l’horizon n’est pas une ligne droite (alignement d’immeubles ou de montagnes…).


Loch Arklet, Highlands d'Ecosse ©

Premier plan

Le premier plan significatif : c’est la meilleure façon de créer une image dynamique et très expressive. Un " solide " premier plan contient plus d’information que le reste de la scène (plus détaillé, plus contrasté, moins affecté par la brume atmosphérique). L’accent sur le premier plan confère à votre image une forte sensation de profondeur et d’échelle grâce aux effets de perspective. Il constitue une puissante accroche pour le regard, qui va ensuite explorer naturellement le reste de la composition dans la profondeur de l’image.


Montagne Saint-Emilion, Gironde, Aquitaine ©

Map minimum

Avec l’objectif de 90 mm en 6x17 cm la distance minimale de mise au point est au mieux de 1,50 m, ce qui empêche de placer un l’élément significatif au tout premier plan, à moins que le flou de netteté soit recherché. La possibilité de décentrement avec les chambres Linhof 617, Gilde 66-17ou V-Pan 617 permet d’obtenir une distance minimale de mise au point plus faible.


Détail de la devanture d'une boutique 
dans des halles ©

Système de visée

Tous les appareils panoramiques sont munis d’un viseur optique dit de Galilée délimitant le champ mais ne permettant pas d’observer l’image réelle. Il est sans système de contrôle de parallaxe et ne donne pas une idée réelle de la perspective que saisira l’objectif. Cela oblige à un peu d’imagination et à anticiper sur le résultat. Le viseur étant plus haut, il est par exemple difficile de positionner précisément des éléments naturels de façon à ce qu’ils cachent certains objets dégradant le paysage comme une pancarte. Le viseur ne permet pas non plus d’apprécier visuellement la profondeur de champ. Dans un tel cas, la solution la plus simple est d’estimer la distance du premier plan, puis d’utiliser l’échelle de profondeur de champ de l’objectif afin de déterminer l’ouverture et la distance de mise au point : l’hyperfocale est la solution qui s’impose le plus souvent.


Chambord, Loir-et-Cher, Centre ©

Dos à verre dépoli

Les appareils peuvent recevoir un dos à verre dépoli, grâce auquel on peut établir une composition très précise, vérifier l’effet d’un filtre, etc. La visée sur dépoli est possible seulement sans film dans l’appareil et nécessite l’emploi du voile noir. Ce problème ne se présente pas avec les appareils à dos interchangeables (Gilde, V-Pan).

Viseur détachable

Certains appareils ont des viseurs détachables pour chacun des objectifs. On peut alors promener ses viseurs sans l’appareil pour tourner autour du paysage. Ainsi, il est possible de chercher des compositions en étant allégé et de revenir plus tard avec l’appareil et le bon objectif quand on a trouvé un sujet. Ces viseurs sont très lumineux et permettent de cadrer précisément avec un grand confort de lecture. Ils montrent 100% de la scène de gauche à droite quand la mise au point de l’objectif est à l’infini. Pour des sujets rapprochés, le dos à verre dépoli permet de corriger les problèmes de parallaxe.


Boucle de l'Orne à Clécy, Calvados, 
Basse-Normandie ©

Trépied

Un pied robuste et stable et un petit niveau à bulle sont absolument indispensables pour la photographie de paysage et c’est d’autant plus vrai pour le grand format et le panoramique. Grâce à eux, on s’affranchit des problèmes de vitesse pour ne se concentrer que sur la profondeur de champs. On peut poser une ou deux secondes, si nécessaire. Ensuite on contrôle beaucoup mieux son cadrage. Avec un trépied, on prend son temps. On peaufine. On vérifie que les verticales restent bien parallèles. On monte ou l’on descend plus ou moins son appareil. On prend le temps de tourner son œil sept fois dans le viseur avant de déclencher. En un mot, on évite la précipitation induite par la maniabilité accrue des appareils modernes.


Cabourg, Calvados, Basse-Normandie ©

Diaphragme

Avec l’appareil panoramique, on utilise rarement une ouverture supérieure à f/22 car un diaphragme fermé s’impose pour rattraper la profondeur de champ limitée à cause du grand rapport d’agrandissement et qu’il est indispensable de diaphragmer pour éviter tout vignettage. Il s’ensuit qu’avec un film lent et des filtres absorbant pas mal de lumière, comme le polariseur et le filtre dégradé central, le temps de pose est proche d’une seconde, même en plein soleil.


Pont Alexandre III, Paris, Île-de-France ©

Niveau à bulle

Il faut toujours contrôler l’horizontalité du cadrage car la moindre inclinaison ne pardonne pas. A cette fin, on utilise un niveau à bulle non solidaire de l’appareil que l’on positionne au niveau du viseur de l’objectif. Le niveau à bulle solidaire de l’appareil est généralement imprécis et ne renseigne plus sur l’horizontalité de l’appareil dès que ce dernier a été basculé vers l’avant ou vers l’arrière afin de ne pas séparer le cadre en deux parties égales.


Etretat, Seine-Maritime, Haute-Normandie ©

Téléobjectif

Le panoramique ne rime pas nécessairement avec grand-angle. On peut très bien faire des images au format panoramique avec un objectif standard ou un téléobjectif. On embrasse alors un champ moins large, mais on évoque toujours la grandeur du paysage par des proportions allongées qui se rapprochent de notre vision naturelle. Dans une photo de forêt, on peut tout en ayant une vue large du bois montrer les détails d’un tronc au premier plan et compresser la perspective de la scène. Les arbres à l’arrière plan apparaissent entièrement et sont encore riches en détails car non rejetés au loin. Les méandres d’une rivière, grâce à la compression de la perspective, peuvent être accentués et guident le regard vers le lointain.


Parc de Brotonne, Seine-Maritime, 
Haute-Normandie ©

dernière modification de cet article : 2001

 

 

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