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István SOLTÉSZ

 

Galerie-Photo : István, vous photographiez à la chambre grand format et vous en fabriquez. Comment arrive-t-on à une vie consacrée la chambre ?

I.S. : J'ai commencé la photographie il y a maintenant 16 ans avec, bien sûr, du 24x36. Très rapidement j'ai basculé instinctivement vers le moyen format, et j'ai pris conscience que l'acte de photographier prenait plus de sens. Puis j'ai découvert de vieux négatifs sur verre qui m'ont fait une énorme impression, autant par leur âge que par leur qualité. C'est ce qui m'a mis sur la route directe mais longue qui mène à la photographie à la chambre. L'accomplissement est venu lorsque j'ai commencé à photographier avec les chambres que je fabriquais.

 

Dans votre photographie quelle importance a la haute résolution ?  

Pour moi, la photographie est en haute résolution. Mes yeux aiment vagabonder dans la richesse des détails et je pense que je ne suis pas le seul. Ne pensez surtout pas que je condamne ceux qui font de la photographie en petit format, mais chaque outil a son terrain et ses propres limites. Ne mélangeons pas les choses. Les sujets qui me tiennent vraiment à cœur, je ne peux pas envisager qu'ils puissent avoir de l'existence autrement qu'en grand format.

 

 

 
Game Trails XVI. © István Soltész - 2006

 

l'auteur

István SOLTÉSZ



né en 1967 à Mezokovesd, Hongrie
Formation Ingénieur (Miskolc)
Ingénieur en mécanique
(Collège agricole de Nyiregyhaza)
travaille 5 ans dans une pisciculture
membre du Photo Club
de Nyiregyhaza depuis 1987
membre du Photo Art Studio
of Young Artists (1994)
membre de l'Alliance des
Artistes Photographes Hongrois (1995)
Suit l'enseignement de Jozsef Pecsi

Habite à Nyiregyhaza
lecteur au Département de Culture Visuelle
du Collège de Nyiregyhaza.

a construit et développé
un système de chambre grand format
appelé "Argentum"
Ce système d'appareil
est utilisé
par de nombreux photographes
dans le monde entier

 

In english

http://www.argentumcamera.com
 

 

 

 

Vous utilisez dans vos photographies un bord noir souvent envahissant, comme s'il s'agissait de tenir le réel à distance et, en quelque sorte, de garder dans la photo terminée la magie de la visée de chambre... 

C'est parfaitement exact, vous l'avez vraiment bien vu. C'est le photographe qui décide de ce qui va entrer dans le cadre. Mais je voudrais ajouter quelque chose : tout est beau au travers du dépoli, et si le photographe est peu expérimenté, il peut subir la domination de l'outil.

Parfois mon cadre noir envahit le cadre. Je me laisse souvent aller à cette erreur consistant à laisser le vignettage de l'objectif entrer dans les angles de l'image, afin de conduire l'œil du spectateur. Oui, c'est utile parfois de montrer la photographie comme elle a été prise, sous le voile noir, dans l'exclusion du monde réel.

Dans une de mes expositions récentes, j'ai invité les visiteurs à une aventure similaire : j'ai tiré des négatifs 8x10 sur des positifs en diapositives. Les images présentaient le cadre habituel, et du plexiglas opale était placé dessous, afin de les éclairer par derrière. J'ai construit un mur dans la galerie et une ouverture pour chaque photographie. Le visiteur ne pouvait pas comprendre le montage puisque les encadrements avaient l'air d'être placés au mur comme d'habitude, mais il y avait quelque chose de différent : du coup l'acte de regarder les photographies devenait beaucoup plus intense. Pensez seulement à cela : une diapositive noir et blanc en 8x10, éclairée par derrière, avec toute sa résolution et son extraordinaire richesse de tons...

 

Pourquoi le nom donné à cette série ? Quel est son sujet ?

Pour moi la nature a toujours été un grand sujet de photographie. Lorsque j'ai commencé à faire de la photographie à 16 ans, la nature était mon sujet favori : je déambulais dans la forêt avec un grand téléobjectif et je faisais des photographies d'animaux sauvages. A ce moment là j'avais l'impression que c'était une grande aventure. C'est sur ces traces là qu'a été faite la série "Game Trails". Plus de 20 ans après que j'ai capturé le monde sauvage avec mon appareil photo, je suis revenu dans les mêmes lieux, qui entourent d'ailleurs le village où je suis né.

Cette fois je me suis promené non plus avec un appareil 35mm mais avec une chambre 8x10 en bois. J'ai  souvent dérangé les cerfs et les biches, ce qui est toujours aussi fabuleux, mais cette fois ce qui m'intéresse photographiquement dans ces animaux, c'est plutôt la trace qu'ils laissent, les signes par lesquels ils transforment et humanisent le paysage le rendant propre à ma photographie.

Prendre en photographie un simple paysage ne me satisfait pas. Pour que la photographie soit belle il me faut plus. Il y a un autre niveau à franchir, de sorte que la photographie soit plus excitante à la fois pour moi et pour le spectateur. Ce niveau supérieur est basé sur des émotions pour moi, mais je fais ce que je peux pour ne pas laisser les émotions et mon désir dépasser la puissance visuelle de l'image. Je n'aime pas les photographies trop bavardes.

 

 


Game Trails XIX. © István Soltész - 2006

 

 

L'idée de haute résolution vous motive-t-elle ?

J'essaye d'utiliser la haute résolution comme un moyen d'ajouter des choses en plus dans mes photographies, mais je voudrais insister sur le fait que ce n'est qu'un moyen supplémentaire. La haute résolution en soi ne peut pas être un concept.

 

Comment vont la photographie et les photographes dans votre pays ?

Nous avons des racines solides : Andre Kertesz, Brassaï, Robert et Cornell Capa, Martin Munkacsi, Laszlo Moholy-Nagy pour ne mentionner que les noms les plus connus. Sans eux on ne pourrait pas écrire l'histoire de la photographie. Nombre d'entre eux sont devenus célèbres dans les années 1920 et 30 en France. Brassaî a été décoré de la légion d'honneur en France en 1976. Bien entendu, parmi ceux qui n'ont pas quitté la Hongrie il y a eu aussi des photographes très talentueux, mais leur nom n'est pas connu du monde aujourd'hui.

Après cette période, nous avons connu les 40 années du rideau de fer, au sujet desquelles je dirais qu'il ne s'est pas passé grand chose en photographie, à l'exception du mouvement de néo avant-garde des années 60 et 70 qui a élargi les frontières de la photographie, mais ce mouvement appartient plus aux Beaux-arts.

Je crois que de beaux travaux autobiographiques ont été réalisés, qui constituent la chronique de la recherche du bonheur chez les pauvres, à l'intérieur du carcan. Mon père photographiait comme cela.

Il n'y a pas de tradition sérieuse de photographie à la chambre en Hongrie, peut-être à cause de ce long isolement. La branche la plus forte de la photographie hongroise contemporaine, je pense, est documentaire. Ce champ est celui qui convient le mieux à l'expression de l'humeur Est-européenne, avec son silence parfois nostalgique et magique, et en même temps proche du monde humain et de ses émotions. Je suis aussi là-dessus, mais cette fois avec ma chambre.

 

   
 

 

dernière modification de cet article : 2009

 

 

 

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