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l'auteur

  

Henri Peyre
Né en 1959
photographe
Beaux-Arts de Paris en peinture
webmaster de galerie-photo
ancien professeur de photographie
à l'Ecole des Beaux-Arts
de Nîmes

www.photographie-peinture.com
organise des stages photo
www.stage-photo.info


 


Découvir
les rotules
Arca-Swiss munies
du système clicPan sur
magasin-arca-swiss.com

 


 

 

Photographie panoramique
au CoreLeveler 75 clicPan
d'Arca-Swiss

par Henri PEYRE

Introduction

La sortie par Arca-Swiss du système clicPan, système de mouvement panoramique à angle variable, réglable simplement au moyen d'une bague sur le mouvement lui-même, est l'occasion de s'intéresser une nouvelle fois aux compositions d'images en photographie panoramique.

On peut faire des images panoramiques pour obtenir... des panoramas, mais on peut aussi fabriquer par la composition d'images multiples une seule image de très haute résolution, bien plus résolue qu'une image sortant du dos numérique le plus moderne.

Les logiciels de composition de photographie panoramique sont de leur côté de plus en plus performants et rattrapent pas mal de petits ajustements mal faits à la prise de vue. En les aidant un peu avec une prise de vue à peu près propre, on obtient assez facilement de bons résultats.

Dans cette perspective j'ai testé en avant-première le CoreLeveler 75 clicPan de chez Arca-Swiss. Je prends dans cet article prétexte de sa sortie pour rappeler aux débutants les 3 types d'acquisition panoramique principaux, panoramique horizontal un rang (appareil en paysage), panoramique horizontal un rang (appareil en portrait), panoramique horizontal multi-rangs (appareil en portrait).
Pour ne pas trop aider la rotule, je me sers au montage d'un vieux Photoshop 12.1, avec son encore très extérieur assistant Photomerge, qu'on appelait dans la commande Automatisation Photomerge.
Les logiciels de montage récents se sont énormément améliorés. Ce que je j'arrive à faire avec un vieux logiciel de composition, vous le ferez encore plus facilement avec n'importe quel logiciel récent.

Plus sévèrement encore je réalise ici dans la partie test un panoramique d'intérieur, avec des objets très proches. On sait en effet que faire un panoramique à main levée avec les premiers objets à plus de 8m ne pose aucun souci. Ceux qui auront essayé avec des objets proches savent que l'affaire est toute autre.

J'ai ainsi la curiosité de voir ce qu'on peut attendre du Coreleveler 75 clicPan monté en rotule généraliste sur un trépied. Le test est mené avec un vieux Nikon D800E avec son objectif lui aussi généraliste de 50mm (AF-S Nikkor 50mm f1:1.4G).

Description rapide du CoreLeveler 75 clicPan

Le CoreLeveler clicPan d'Arca-Swiss a été annoncé fin octobre 2022, en même temps que la "famille clicPan", composée de trois rotules photographiques et de leurs déclinaisons suivant les types de mâchoires montées : la moderne (et bien meilleure en facilité d'utilisation, rapidité et sécurité d'usage) fixation Monoballfix encore sous brevet, et les fixations Classic et Fliplock autour du vieux standard Classic, mal commodes mais dont le brevet est tombé dans le domaine public.

Sur l'illustration ci-dessous on découvre de gauche à droite
- le CoreLeveler 75 clicPan avec une fixation Monoballfix,
- un cube C1 clicPan avec une monture Fliplock,
- une P1+ en monture Classic à vis.

Famille Arca-Swiss- clicPan

Il existait déjà auparavant des rotules CoreLeveler, Cube C1 et P1+.
La nouveauté est le système panoramique sommital clicPan, reconnaissable à sa bague d'un bronze très chic, qui est proposé en remplacement du système panoramique micrométrique ou libre des rotules déjà existantes. Cet extrait du mode d'emploi des Leveler en explique le fonctionnement ; la bague bronze y est l' "adjustment ring":

Le principe de base du mouvement panoramique est très simple :
On choisit l'angle de rotation panoramique qu'on désire en positionnant la bague bronze sur un chiffre donné : par exemple 30°, qui autorise une rotation de l'appareil sur lui-même d'un tour complet avec 12 arrêts suggérés. Lorsqu'on tourne manuellement l'appareil on entend un petit clic et on sent une proposition de type "point zéro" tous les 30°.
Le choix de la position 0 permet de choisir une rotation complètement libre. Le fonctionnement est d'un moelleux impossible à décrire ici... on se contentera donc d'une petite vidéo sur Vimeo pour s'en donner une idée.

Le mécanisme de la bague bronze est vraiment d'une très grande simplicité et beauté technique et il étonnera certainement tous ceux d'entre vous qui ont déjà utilisé des rotules panoramiques où l'on devait changer des jeux de rondelles pour réaliser la même opération.
La présence de ce mécanisme parfait définit la famille clicPan.

Parlons du CoreLeveler 75 lui-même à présent.


CoreLeveler 75 © Arca-Swiss

Le CoreLeveler 75 est à l'origine une rotule destinée à la mise à niveau rapide de chambres lourdes. Dans la théorie, on sait qu'on commence toujours une prise de vue à la chambre par la remise à zéro de tous les mouvements de l'appareil et par la mise à niveau de la chambre sur le trépied.
Une rotule de mise à niveau permet de s'accommoder des positionnements approximatifs du pied. On met grossièrement le pied en place et on peaufine le niveau grâce à la rotule de mise à niveau (leveler en anglais).
Pour la mise à niveau, on dispose de deux mouvements micrométriques en berceau. Ces berceaux peuvent permettre par alternative un travail extrêmement précis et confortable de cadrage sur le terrain si on ne se sert pas d'eux pour faire la mise à niveau du pied, mais pour aider à la visée. Ils permettent alors une approche très précise du sujet en particulier en photographie d'architecture quel que soit appareil photographique employé.

La rotule est très bien montée et porte fermement l'appareil, avec le moins  de vibration possible.


CoreLeveler 75 © Arca-Swiss

Les caractéristiques du CoreLeveler sont les suivantes, dans la version Monoballfix :
Type : tête à engrenages micrométriques
Poids : 690 g
Charge admissible : 40 kg
Dimensions : 121x110x110 mm
Diamètre de base : 75 mm
Système d’attache au trépied : pas de vis 3/8"
Panoramique inférieur : Oui, 360°
Panoramique supérieur : Oui, 360°
Bascules des berceaux : +15/-15° en X et Y à réglage micrométriques autobloquants
Niveaux : 2 niveaux tubulaires à bulle
Contrôle de la friction : Non
Caractéristiques du panoramique supérieur : Panoramique pas à pas avec 10 pas
angulaires sélectionnables - 40°, 30°, 24°, 20°, 15°, 12°, 10°, 7.5°, 6° et « OFF » pour un
rotation libre à 360°

Réalisation
d'un panoramique horizontal à 1 rang,
appareil en paysage

Le panoramique horizontal 1 rang, appareil en paysage est le premier type de panoramique auquel s'attaque l'amateur. Il répond à la sidération  que la beauté d'un vaste paysage cause au photographe. L'appareil est tenu en mode paysage et le photographe tente de s'approprier le plus d'espace possible à l'horizontal. Le paysage est plus vaste encore que l'appareil ne permet de s'approprier. Vient l'idée de juxtaposer à l'horizontale plusieurs clichés pris en paysage et de les fusionner entre eux, de sorte de n'obtenir qu'un long cliché qui embrasse tout le paysage.

La méthode d'acquisition obéit à quelques principes :
- On tâche de prendre les photographies successives avec un recouvrement de 30%.
- Pour un meilleur assemblage logiciel, on essaie d'éviter la présence d'objets trop proches qui pourraient se trouver dans une zone de raccordement des images.
- L'appareil est placé à niveau sur le pied grâce à la rotule.

Voici quelques résultats obtenus avec l'appendice Photomerge de Photoshop, comme on pourrait en obtenir avec tout autre logiciel destiné à la photographie panoramique. Le procédé est d'ailleurs présent aussi sur les téléphones portables où, comme avec l'appareil photographique, pour peu qu'on soit soigneux et qu'on n'inclut pas de premiers plans trop proches, cela marche presque à tous les coups.

Ici nous envisageons de combiner trois images. Photomerge nous demande sous quelle forme de projection assembler ces images :

Nous laissons d'abord la coche sur le mode Auto. Voici le résultat :

En choisissant la projection cylindrique on obtient un tout autre aspect au montage : 

La projection sphérique donne un aspect proche du précédent : 

Les deux dernières projections semblent les plus agréables et gaspillent moins de pixels. On les préférera donc, pour une image finale de 127 cm de large sur 40 cm de haut avant massicotage dans Photoshop.

 

Toutefois sur un horizon un peu vaste, et suivant le sujet acquis, il peut y avoir d'importants changements de lumière d'un bord de champ à l'autre, en témoigne ce panoramique à 5 vues :

Avec ce genre de panoramiques c'est la principale difficulté. Suivant cette règle qu'il faut sauver les hautes lumières, auxquelles les yeux humains sont les plus sensibles, on choisira donc sur l'appareil photo un mode d'exposition manuel et on fera le réglage sur la zone la plus lumineuse du panorama qu'on entend recueillir. Et c'est avec ce réglage qu'on prendra toutes les photos... quitte à rejouer l'ouverture naturelle de l'œil humain en utilisant après l'assemblage un réglage de niveau sur masque de Photoshop pour remonter un peu la lisibilité dans les ombres de la partie gauche de l'image :

 

Je suggère ici une recommandation pour le photographe sur le terrain sans pied et sans rotule. Il mettra son corps entier tourné vers la dernière image qu'il envisage de prendre. Lors de la prise de vue, il tournera son corps vers la première prise de vue puis reviendra au fur et à mesure des prises de vue vers la position originale de face. En général les amateurs ont tendance à faire le contraire ; ils se mettent face à la première image qu'ils envisagent de prendre puis tournent le corps au fur et à mesure. Cela produit un déséquilibre du corps qui non seulement a tendance à les faire tomber, mais induit au minimum une fâcheuse descente de la prise de vue à mesure que l'on tourne. A l'assemblage, comme on tâche de retrouver un horizon droit, il faut couper le montage en haut et en bas. Or comme toutes les photos ont déjà été prises en paysage, la bande finale va être encore plus étroite dans sa hauteur. C'est là l'avantage définitif de travailler avec une rotule même sur ce type de panoramique facile à assembler. On travaille à la rotule pour garder une bonne horizontalité de la première à la dernière vue, de sorte de réaliser un montage sans déchet dans la hauteur, celle-ci étant au départ déjà faible.

Il n'y a pas grand chose à ajouter aux commentaires déjà énoncés sur le panoramique horizontal à 1 rang, appareil en paysage. Les panoramiques obtenus font évidemment un effet de bande longue ; ils donnent toujours l'impression, étant constitués de photographies contigües en paysage, d'être bas de plafond. Une astuce pour contrarier cette impression pénible est de choisir d'encadrer le panoramique de chaque côté par des éléments sombres, comme dans les panoramiques ci-dessus. L'effet de cadre réduit la perception de l'allongement excessif de la vue.

Ce type de panoramique est adapté à l'évocation des chaînes de montagnes, à la description de vastes vallées ou de grandes plages de sable en bord de mer, mais, finalement, la gamme des sujets peut apparaître un peu limitée.
Le principal problème rencontré vient plus de la gestion de la lumière que de la prise de vue et du montage. C'est probablement le principal facteur limitant du panoramique horizontal à 1 rang, avec l'appareil en paysage.

C'est pourquoi j'insisterai un peu plus sur le deuxième grand type de panoramique courant, qui est bien plus utilisé, et bien plus intéressant dans les résultats obtenus.

Réalisation d'un panoramique horizontal à 1 rang, appareil en portrait

Ce type de panoramique est bien plus intéressant pour les raisons suivantes :
- il permet de faire des panoramiques sans effet de plafond bas, en cumulant par exemple 3 ou 4 vues prises en portrait,
- il permet d'obtenir un effet grand angulaire même si on ne dispose au moment de la prise de vue que d'un objectif standard,
- il permet de réaliser des vues de très haute définition en cas de besoin.

Il nécessite toutefois :
- une rotule, la mainlevée devenant plus difficile puisque le positionnement des 30% de recouvrement de l'image pris, cette fois, dans le partage de son petit côté, tolère moins d'erreur de positionnement,
- un montant en L pour monter sur le pied l'appareil en position portrait, tout en maintenant une rotation qui ne soit pas désaxé par rapport à l'axe de la rotule,
- une plaque longue qui permet d'avancer ou de reculer l'appareil sur la rotule de sorte que ce soit le centre optique de l'objectif qui puisse être placée sur l'axe de rotation de la rotule, et pas le corps de l'appareil.

Dans la présentation du premier type de panoramique, bien connu de l'amateur et facile à réaliser, nous nous étions contentés de recommander au photographe de ne pas mettre d'objets proches dans le champ de la prise de vue. Dans ce second type de panoramique, à emploi courant dans la photographie professionnelle, nous devons insister sur les précautions à prendre pour que ces objets proches soient bien gérés par les logiciels d'assemblage au moment de la construction du panoramique.

Pour que tout marche bien, il faut en effet s'assurer non plus seulement de l'horizontalité de la prise de vue mais d'une fixité quasi parfaite de la position du système photographique placé devant le sujet. Plus exactement, l'objectif photographique présente un centre optique qu'on appelle la "pupille d'entrée", où se croisent les rayons lumineux envoyés par l'objectif sur le capteur (1). S'il y a des objets proches, on cherche où est la pupille d'entrée de l'objectif et on tâche de placer l'appareil photo sur la rotule de sorte que lors du mouvement panoramique la rotation ait lieu exactement autour de cette pupille d'entrée (qui est souvent au centre physique de l'objectif mais pas tout le temps). Pour ce faire le plus simple est probablement d'utiliser la méthode qui consiste à limiter la parallaxe lors de la rotation de l'appareil (2).

Pour ce faire, on place l'appareil monté sur le montant en L bien de niveau sur le pied. Pour le montant en L je vous conseille la Plaque rapide MonoballFix universelle en L 2 bases de chez Arca-Swiss (3).
Sous l'appareil on fixe une plaque longue. Ici la plaque Monoballfix 100 ref 802283 de chez Arca-Swiss.


On vise deux montants d'une fenêtre bien ouverte (c'est mieux si un peu de soleil tombe dessus), on place l'appareil en mode liveview très proche et, tandis qu'on tourne l'appareil photo de droite à gauche et de gauche à droite, on surveille l'écart entre les deux montants de la porte. Cet écart doit être constant lors de la rotation. Si l'écart n'est pas constant on avance ou on recule l'appareil photo sur sa plaque longue(5) jusqu'à trouver la position où il demeure enfin constant.

 

On notera, dans cette recherche de la pupille d'entrée, qu'un objectif médiocre présente une image déformée et des verticales de portes peut-être pas si verticales que cela sur les côtés de l'image. On fera donc du mieux qu'on peut avec son matériel, et surtout, on se rappellera que les objectifs médiocres peuvent être corrigés par les profils d'objectifs quand l'image est prise en Raw. Le retraitement par les profils fournis par le logiciel de traitement d'image (au pire par l'appareil lui-même au moment de la prise de vue si on travaille directement en jpg) doivent être absolument utilisés à l'acquisition des images de base, pour le meilleur assemblage possible.

Exemple du processus en image : nous avons photographié une pièce avec des objets proches de sorte de vérifier ainsi que l'assemblage des objets même disposés à moins d'un mètre de l'appareil photographique était parfait.

Le mode opératoire est le suivant :
- L'appareil est utilisé en mode manuel. Toutes les vues doivent être exposées de la même façon. Nous vérifions soigneusement à l'histogramme pour ne brûler aucune haute lumière.
- La mise au point aussi est manuelle ; comme nous sommes dans une petite pièce nous faisons la mise au point juste après les fauteuils entre 1/2 et 1/3 du champ à couvrir.
- La prise de vue a lieu en RAW pour rattraper au maximum les écarts entre les hautes et les basses lumière lors du développement des images.

- Le développement effectué dans Camera Raw vise à diminuer au maximum le contraste entre l'extérieur et l'intérieur de la pièce en remontant les basses lumières où se trouvent la plupart des pixels décrivant la pièce. Précaution :
- On demande bien pour toutes les images l'application de correction de profil d'objectif en choisissant dans la liste déroulante notre profil d'objectif pour neutraliser au vol toutes les déformations qui menaceraient notre assemblage.

- Nous lançons dans Photoshop la commande Fichier/Automatisation/Photomerge et appelons la série de photographies qui nous semble la mieux prise :

- A la fin du traitement, qui peut prendre un certain temps suivant la résolution des images de départ, Photoshop nous propose une fusion des images. Chacune apparaît dans un calque (en haut à gauche), accompagnée d'un masque. Sur le masque figure en blanc la localisation des pixels que Photoshop propose de retenir pour l'assemblage. En noir les pixels qui ne seront pas retenus. Si on est d'accord, on peut aplatir notre image pour fusionner les calques en une seule photographie.

- Après massicotage dans Photoshop on obtient la photographie finale.

resultat-photo-panoramique-arca-swiss-leveler

Les raccords sur les fauteuils en proche premier-plan sont parfaits. La préparation de la rotation autour du point nodal et la régularité dans la prise de vue assurée par le système clicPan de la rotule ont permis d'obtenir cet assemblage avec la plus grande facilité.

On note simplement la déformation de la poutre en haut de l'image, assez visible (les planchers en bas ont pris un peu d'arrondi mais on s'en rend moins compte). Ces déformations sont inhérentes au procédé d'assemblage choisi. On va les retrouver exacerbées dans l'étape suivante.

Réalisation
d'un panoramique horizontal multi-rangs

Ces panoramiques sont rarement pratiqués en photographie pour plusieurs raisons :
- Ils sont en général longs à fabriquer. De ce fait, ils ont connu leur heure de gloire au moment des débuts de la réalité virtuelle mais on a vu arriver progressivement des appareils spécialisés qui permettent de faire facilement des panoramiques à 360°. C'est plutôt avec ce genre d'appareils qu'on fera aujourd'hui des photographies panoramiques à large couverture.
- Une autre difficulté réside dans le balayage de l'espace qui doit progressivement être étendu de plus en plus à partir du moment où l'on quitte la position horizontale pour monter ou pour descendre. Ce balayage étendu est nécessaire pour remplir les coins de l'image qui resteraient vides si on se contentait de prendre les multiples rangées de vues en ligne de la même largeur.
- Une dernière difficulté de l'exercice est enfin constituée par le fait qu'on peut hériter de lignes horizontales proches qui ont l'air courbes, comme avec un objectif Fish-eye, suivant le type de projection adopté à l'assemblage. Or notre cerveau attend que les plafonds restent à peu près droits, surtout en architecture. Cet effet déjà ressenti dans la fabrication de notre panoramique à 1 rang peut devenir ici nettement plus désagréable.

Le panoramique horizontal multi-rangs, appareil tenu en portrait, permet aussi de fabriquer occasionnellement des images à très haute résolution d'une qualité exceptionnelle. Par exemple on peut penser à faire un panoramique multi-rangs avec un objectif de 100mm pour obtenir une seule image beaucoup plus résolue que celle que l'on aurait obtenue avec un 50mm sur le même appareil.

De nombreux constructeurs ont leur système de panoramique multi-rangs ; Arca-Swiss lui-même en propose sous le nom de Pan-Sytem (4).

Sur les rotules du Pan-System sont placés des montants en L un peu perfectionnés, au sens où l'on trouve sur le montant vertical du L non pas une simple mâchoire, comme dans le montant en L que nous utilisons pour cet article, mais un mouvement panoramique. Ce mouvement panoramique permet, si l'objectif est bien positionné par rapport à lui, de basculer l'objectif vers le haut ou vers le bas en tournant autour de sa pupille d'entrée.

On peut ainsi constituer des panoramiques multi-rangs qui respectent la règle absolue de la rotation autour de la pupille d'entrée non seulement lors d'un mouvement de gauche à droite, mais aussi lors d'un mouvement de haut en bas. C'est cela qui ouvre la possibilité du montage panoramique multi-rangs.

Nous n'avons pas ce système monté actuellement sur notre Corelever 75 clicPan. Donc ce genre de panoramique est théoriquement infaisable.

Je me suis toutefois posé pour cet article la question de savoir si les mouvements micrométriques en berceau du CoreLeveler 75 clicPan pouvaient servir au-delà de leur simple fonction de mise à niveau.
Ils sont conçus en effet pour que le mouvement se fasse le plus près possible du centre l'objectif, plutôt qu'à la base de l'appareil photo.
Que pouvait-il bien se passer si je me servais du pied pour la mise à niveau, à l'ancienne, pourrait-on dire, et si dans le cadre d'un panoramique 3 rangs, appareil en portrait, je me servais du mouvement vertical en berceau pour passer d'un rang à l'autre (je précise : avec, pour le panoramique horizontal, le réglage de la rotation autour de la pupille d'entrée conservé) ? Il y aurait forcément un petit décalage en allant vers le haut et vers le bas, la prise de vue n'étant pas aussi rigoureuse qu'avec la rotation du montant vertical au niveau de la pupille d'entrée du MonoballPan System. Mais ce décalage serait faible et très régulier et mon vieux logiciel d'assemblage pourrait peut-être s'en accommoder.
Cela valait le coup d'essayer.

Le mode opératoire est tout à fait semblable, avec les mêmes préconisations pour la prise de vue (réglage de la lumière et de la mise au point en manuel, développement avec profil d'objectif).

Dans Photomerge, l'assemblage dans le mode automatique ne donne pas satisfaction du tout...

Après quelques essais pas tout à fait concluants avec d'autres types de projection...

Je finis par adopter le type de projection Sphérique...

que je complète en améliorant l'image dans le filtre de correction d'objectif personnalisé de Photoshop :

On voit nettement sur l'image ci-dessus que je n'ai pas assez élargi le nombre de vues prises en partie basse de l'image. Il y manque donc de la matière.
Cela montre bien la règle : plus on éloigne la prise de vue du rang horizontal vers le haut ou vers le bas, plus il faut élargir le rang lors de la prise de vue.

Un autre essai avec le choix de l'option sphérique avec rang plus étendu en bas d'image me donne ce résultat :

que je retravaille avec l'outil torsion :

pour un résultat final convenable dans les raccord mais médiocre dans les déformations diverses :

Avec une prise de vue panoramique à 3 rangs je peux même placer également le plafond dans la vue :

On voit bien ci-dessus l'effet Fish-Eye hérité du procédé employé.

 

Ces quelques essais réalisés montrent que la combinaison logiciel + berceau donne satisfaction quand à la continuité des objets de premier plan avec ma configuration (un Nikon D800E sur un montant en L : je mesure environ 12cm du plat du plateau supérieur de la rotule au centre de l'objectif) et... le secours probable de Photomerge. Les raccords sont impeccables et sur un assemblage à 3 rangs empilés, avec certains des objets assez proches, les insuffisances de l'image ne viennent pas des raccords mais des tensions dans les perspectives.

Ceci étant dit, au fur et à mesure que je testais un assemblage puis l'autre montait en moi le dégoût de tout ce qui n'est pas image parfaitement maîtrisée. Ce dégoût me vient de tout ce qui ressemble de près ou de loin à des montages un peu trop visibles, ou des effets trop marqués. Les photographes qui ont touché à l'espèce de pureté et au contrôle parfait de l'image qu'on conçoit dans le dépoli d'une chambre me comprendront.

Qui plus est les déformations optiques inhérentes à ces procédés cumulatifs sont particulièrement remarquables et malvenues sur des sujets comme notre montage d'exemple et l'architecture en général. Tout autre est l'effet obtenu sur des paysages avec des végétations dominantes où les lignes et les repères de perspectives sont confus. Les déformations n'y sont de ce fait pas visibles. A ce moment le panoramique horizontal multi-rangs avec l'appareil tenu en portrait peut permettre d'obtenir des images intéressantes... puisqu'on n'y voit pas les défauts inhérents au procédé. Et on pourrait parfaitement utiliser cette belle rotule avec la plaque rapide universelle MonoballFix en L 2 bases dans ce cadre précis. Toutefois, il faut reconnaître que ce serait vraiment sans aucun plaisir. L'aspect bricolage est lourd et menace toute inspiration.
Pour bien travailler en multi-rangs, il faut  vraiment un système MonoballPan, qui permet de tourner un mouvement vertical juste à la pupille d'entrée de l'objectif, et on ne doit pas sortir de là.

Conclusion de cette partie exploratoire : il faut absolument réserver cette rotule à son emploi idéal, le panoramique 1 rang avec l'appareil photographique en portrait. C'est le domaine d'application de Leveler clicPan 75 en panoramique et il y est absolument parfait !

Application sur le terrain :
des sensations vraiment merveilleuses !

Maintenant que nous avons compris que cette rotule est parfaite dans la réalisation des panoramiques horizontaux 1 rang appareil en mode portrait, nous partons faire quelques photographies.

Disons le tout de suite cette rotule est vraiment très belle. La qualité des matériaux est indiscutable et on a tout de suite envie de travailler avec. Moment d'enthousiasme donc qui porte vers l'avant, aussitôt tempéré par un regret : l'atelier m'a envoyé pour essai une rotule monté en fixation Classic à vis ; moi qui n'utilise plus depuis des années que la fixation Monoballfix j'ai l'impression de revenir au Moyen Âge. Je trouve que la plaque Monoballfix est un peu difficile à placer sur cette entrée à deux tiroirs, qu'il faut aller chercher la vis de fixation sous le coude du montant en L. Je ne comprends pas qu'il y ait encore des gens pour utiliser des fixations Classic au prétexte qu'ils ont déjà des plaques à ce vieux standard. Personnellement je dispose de 4 plaques pour mon système Arca-Swiss. J'ai pourtant de nombreux appareils, mais c'est toujours un peu les mêmes qu'on utilise à chaque période. Bref, ne renoncez pas au système Monoballfix pour des raisons d'économie de 4 plaques que vous auriez déjà dans un autre standard. C'est absurde. Ces rotules durent une vie entière, et l'investissement dans la meilleure fixation du monde vaut bien qu'on sacrifie son jeu de plaques anciennes. J'arrête là, je pense tout simplement que les gens qui continuent avec le système Classic ne se sont jamais servis du système Monoballfix. Franchement je ne vois pas d'autre explication.

Arca-Swiss communique sur le CoreLeveler 75 clicPan en mettant en valeur la facilité avec laquelle, niveaux à bulle et mouvements micrométriques aidant, on arrive facilement à faire le niveau au moment de l'installation de l'appareil, quelle que soit la position du pied au sol. C'est tout à fait exact. Concrètement :
- On met le pied grosso-modo en position.
- On active le premier mouvement micrométrique en berceau auquel est associé le premier niveau qu'on met à la bulle.
- On active le deuxième mouvement micrométrique en berceau auquel est associé le deuxième niveau qu'on met à la bulle.
Cela prend environ 15 secondes et c'est fini. On est à niveau.

Si on n'a pas encore choisi le pas de prise de vue on tourne alors la bague bronze jusqu'à trouver un angle qui assure un recouvrement d'à peu près 30% entre chaque vue. Cela prend quelques 10 secondes de plus. On est prêt.

La liberté de choisir l'angle de rotation du mouvement panoramique aide grandement pour un bon recouvrement de chacune des vues. Le réglage de l'angle se fait par le positionnement de la bague, qui réserve aussi une position libre (bague sur 0). Le déplacement d'une position à l'autre, lorsque l'angle a été choisi est assez moelleux et ne risque pas d'emporter le pied. Enfin l'arrivée sur la position suivante est marqué par un pas sensible à la main et fait un petit "clic". Tout cela est vraiment très agréable et très bien conçu. Tous ceux qui ont déjà une rotule Arca-Swiss comprendront le genre de plaisir que cela peut procurer.

L'intérêt de la facilité de manipulation du Leveler clicPan est qu'on peut se concentrer sur l'essentiel, qui est la photographie.
En photographie panoramique, la composition est encore plus difficile qu'en photographie "normale". Les premiers-plans on en effet tendance à venir s'inviter en masse dans une image très élargie. Le fait que le matériel soit parfaitement adapté et se fasse oublier est véritablement un facteur de réussite pour un type de photographie qui demande une prévisualisation extrême : comme le montage ne se fera pas sur place, on ne voit pas le résultat à la prise de vue. On ne peut pas compter sur l'appareil pour comprendre ce qu'on va cadrer. On ne peut donc pas corriger.

J'ai choisi, pour faire un essai du CoreLeveler 75 clicPan sur le paysage, le joli site Corot à Saint-Junien (87). C'est un endroit où la Vallée de la Glane est pittoresque au point que les locaux y ont inventé que Corot était venu y peindre, ce qui est parfaitement faux mais à ce point plausible que la légende est désormais solidement établie. La municipalité s'acharne à y poser des tables à piquenique, comme si la contemplation du beau devait irrésistiblement donner envie de manger du saucisson. Les économies qui sont devant les collectivités devraient heureusement peu à peu tarir ces interventions dégradantes pour la nature et dispendieuses pour le contribuable. 

Les images sont prises en Raw et développées comme précédemment avec imposition du profil d'objectif dans Camera Raw (illustration ci-dessous). J'ai pris l'habitude d'intercaler une photo de main pour me signaler une fin de prise de vue panoramique (une main en première imagette en haut à gauche). Je développe la main avec les autres photos. Cela ne coûte pas plus cher et est bien utile pour savoir où on en est quand par la suite on remonte une série d'images dans Photomerge.

 

L'assemblage en mode cylindre de Photomerge a permis par exemple de réunir 7 photographies faites au Nikon D800E pour cette longue image de la rivière : on voit les masques et les zones retenues pour la fusion finale dans la fenêtre des calques.



L'emploi de la rotule et le positionnement absolument parfait des images les unes quasiment à côté des autres avec un recouvrement ici bien inférieur à 30% a permis d'éviter le gaspillage de pixels : les zones perdues et à recouper en haut et en bas sont de ce fait très limitées. On gagne énormément sur un temps de montage qui peut, sur des images aussi lourdes, devenir important. Ces images dépassent en effet en poids très largement les images qu'on peut obtenir avec les meilleurs dos numériques actuels.

Après massicotage des zones perdues on obtiendra finalement en 7 prises de vue au départ une image finale de 2,25 m sur 68 cm en 300ppp (qualité requise habituellement pour l'impression)...
Sur un bandeau de cette taille on a intérêt, comme déjà vu, de "raccourcir" l'effet de bande en théâtralisant l'image : bords sombres et sujet seul vraiment lumineux au centre... au total, la zone qui fait spectacle au centre représente peut-être le cinquième de l'image totale et permet de faire oublier la longueur excessive de l'ensemble. Les deux côtés du bandeau ne servent finalement qu'à envelopper psychologiquement le spectateur.

Je montre un deuxième essai me semble-t-il plus réussi.
Il s'agit d'une image composée de 4 prises de vue au format vertical.
On voit ici le résultat monté par Photomerge avec l'option cylindrique. Les 4 images là aussi sont quasiment côte à côte, avec très peu de recouvrement et donc quasiment pas de pertes sur les bords :



Comme dans l'image précédente on recadre au massicot de Photoshop.

 

L'image finale fait 1,32m de long sur 60 cm de hauteur, en 300ppp : 

 

 

Voilà cette image terminée : 

 

 
   

 

Elle définit pour moi, dans le fond, ce qu'est une bonne image panoramique : une image qui reste naturelle et dont on n'a surtout pas l'impression qu'elle est panoramique. Elle ne semble pas étirée anormalement en longueur, ne convoque pas d'effets grands angulaires tapageurs, et se sert de son format pour enrober insensiblement le spectateur dans l'atmosphère de son sujet.

Conclusion

Il faut utiliser le mouvement panoramique clicPan de cette rotule vraiment pour le meilleur :
Panoramique horizontal 1 rang, appareil en portrait, avec recul de l'appareil sur une plaque longue, elle-même montée sur un montant en L, mise à niveau rapide par les mouvements en berceaux du CoreLeveler 75 clicPan, et choix très intéressant des angles de chevauchement minimum par le système encliquetable proposé. Cette rotule ne donnera alors que du bonheur.

A l'intérieur de ce cahier des charges, le CoreLeveler 75 accompagné d'une plaque longue et d'un montant en L peut vraiment prétendre à être la seule rotule généraliste du photographe, et gérera de temps en temps, quand le professionnel en a besoin, un panoramique à 1 rang pour une image plus vaste, ou l'accroissement de résolution que permet le montage. Elle est merveilleuse pour cette utilisation.

Si par moment prend la folie, sur certains sujets sans contrainte de perspective, de faire du panoramique multi-rangs avec l'appareil en vertical, on pourra réussir à raccorder les premiers plans grâce aux berceaux de la rotule mais des déformations difficiles à gérer seront de la partie. Je pense que pour du panoramique multi-rangs il faut rester sérieux et recourir au Monoball-XPan système chez Arca-Swiss. Notre rotule en test n'est pas faite pour cela.
Ceci dit, on a obtenu très facilement ci-dessus une image parfaitement naturelle de 1,32m sur 60cm en panoramique 1 rang... a-t-on réellement souvent besoin de plus ?

Le CoreLeveler 75 clicPan d'Arca-Swiss est donc vraiment un très bel outil , finalement quasi universel une fois combiné à un montant en L (3) et une plaque longue de la marque (5)... qu'on aura bien soin d'acquérir en fixation Monoballfix pour un bonheur et une efficacité maximale !

 

 

 

Notes

(1) Lire sur les fondements physiques du montage panoramique le monumental article Pupilles et Panoramiques d'Emmanuel Bigler sur galerie-photo

(2) On utilisera la méthode citée au point 5.5.4 de l'article Pupilles et Panoramiques d'Emmanuel Bigler sur galerie-photo : "On peut également déterminer la position du point de rotation qui minimise les effets de parallaxe. Cette méthode simple et efficace est expliquée en détail sur la page web de M. Hamblenne, « La Grille » avec lien en note 9.

(3) Plaque rapide universelle MonoballFix en L 2 bases de chez Arca-Swiss
ref 802308.5 sur cette page de la magasin-arca-swiss.com.

(4) Le Monoball Pan System. Voir en
https://www.arca-swiss-magasin.com/contents/fr/d72_plateau-monoballfix-arca-swiss.html#p493

(5) Plaque longue utilisée dans cet article : plaque Monoballfix 100 à 2 fixations ref 802283 sur cette page de magasin-arca-swiss.com.

(6) CoreLeveler 75 clicPan en version Monoballfix : ref 860151 sur la page
https://www.arca-swiss-magasin.com/contents/fr/d103_Rotules_Panoramic_clicPan.html#p968

 

 

Découvir les rotules Arca-Swiss munies du système clicPan sur
magasin-arca-swiss.com

 

   

 

dernière mise à jour : 2022

 

 

 

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