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les auteurs

  

Jean Desmaison



né en 1948 en Limousin
Passionné de photographie
et de musique
depuis l'âge de 8 ans

Auteur-réalisateur vidéo
10 place Manigne
87000 LIMOGES

05 55 34 80 21
06 70 96 73 20
www.jeandesmaison.com
clip(at)jeandesmaison.com
 



Henri Peyre
Né en 1959
photographe
Beaux-Arts de Paris en peinture
webmaster de galerie-photo
ancien professeur de photographie
à l'Ecole des Beaux-Arts
de Nîmes

www.photographie-peinture.com
organise des stages photo
www.stage-photo.info


 


Un grand merci à
 Eric Chenal
pour la découverte
de cet appareil
et des points précis
de cet article !


Voir aussi
sur galerie-photo
netteté
en photographie
de paysage
avec le Sigma fpL

 

Leica Q3, premières impressions

Une interview de Jean Desmaison

 

Jean, vous êtes un des premiers utilisateurs du nouveau Leica Q3. Pour que le lecteur comprenne bien d'où vient le jugement que vous portez sur l'appareil, pouvez-vous nous décrire un peu votre parcours ?

Formateur psychosocio en « relations humaines » pour les dirigeants et cadres d’entreprise, je suis venu à l’audiovisuel en 1975 un peu par nécessité.

En appui de ces formations, les films 16 mm et supports pédagogiques à disposition qui traînaient dans les placards étaient tellement vieillots ou ringards que je me suis lancé un jour dans la fabrication d’un petit diaporama plus adapté à nos dynamiques de groupe.
Expérience plaisante, retours positifs, si bien qu’en 3 ans, je suis passé en fondu enchaîné du métier de formateur (épuisant) à celui de réalisateur (amusant), d’abord en diaporama multivision sur système Electrosonic jusqu’à 30 projecteurs Carrousel Kodak, puis Simda, plus rapides en changement d’image, puis (un peu) en film 16 et 35 mm et enfin en vidéo à partir de 1982 avec les premiers magnétoscopes monstrueux 1 et 2 pouces PAL et SECAM de Pipa à Montrouge, puis l’U-Matic/ BVU, puis la Betacam SP.

Cette production de supports de communication s’est rapidement ouverte à tous les secteurs d’activité, industrie, commerce, services, monde rural. Plusieurs récompenses de festivals sont venues opportunément m’encourager dans cette nouvelle vie, aujourd’hui faite de plus de 500 films.

Parallèlement j’alimentais ma passion pour la photographie qui me prenait aux tripes à l’âge de 8 ans depuis ce vieux Zeiss Ikon 4,5X6 paternel avec lequel je mitraillais la famille, chiens et chats compris. Mais les développements et tirages coûtaient cher à mes parents. Je me suis donc rapproché d’un labo associatif, et avec l’aide de plus grands que moi, j’ai appris la tambouille N&B, plus tard la diapo avec le process Agfachrome 50S, ensuite le C41 à la Jobo et pour finir, l’E6 pour les diaporamas avec une machine entièrement faite maison.

Comme beaucoup sans doute ici, pendant des années, je lisais, caché dans les tabac/journaux, tout ce qui se publiait ; je bavais devant les articles de Chenz et sur ces matériels inaccessibles, Nikon F, Pentax Spotmatic, Canon FTQL, Minolta SRT101, Rolleiflex, Linhof et surtout les Leica M.

Avec mes premiers sous, j’ai acheté un Leica IIIc rincé, puis un IIIf, puis un M3ds, puis M2, M4, plus tard un M6, j’ai aussi hérité d’un gentil monsieur de la presque totalité des R, et enfin un MP.
Cet engouement inconditionnel pour la marque a été douché net avec la sortie du M8, les premiers pas tardifs de Leica en numérique étaient plutôt chaloupés et bien peu convaincants.
Aucun Leica M numérique ne m’aura convaincu, les millions de pixels et le télémètre me paraissant incompatibles, anachroniques. Quant aux séries S, les budgets à investir paraissaient dissuasifs et pas vraiment justifiés.
Donc en pro+plaisir, j’ai continué en MF : Blad, Alpa12SWA, ARCA Rm2d.
En GF : Sinar, Linhof, Wista Field (ma préférée), Arca Misura, Toyo, Tachihara…
Mais avec le temps, le poids et l’encombrement de ces belles machines devenaient
cruels et dissuasifs.

Côté vidéo, même abattement malgré quelques progrès avec les premières caméras HD JVC.
Sont alors tombés du ciel les premiers boîtiers full frame Canon 5D qui cumulaient au moins 2 avantages : la photo ET la vidéo pour un poids plume et un budget dérisoire. Gros succès mondial avec le 5DII puis le 5DIII, mais avec le IV, Canon s’endormait sur ses lauriers. Sony jaillissait dans l’ouverture avec ses Alpha 7 sII et RII, puis atteignait des sommets avec sa FX3 cineline et son boîtier amiral, l’Alpha 1.
Pour le travail photo et vidéo, c’était qualité, confort et sécurité de production, optiques Zeiss, le bonheur. What else…

C’est alors qu’a surgi de nulle part ce Leica Q. Le temps de glaner des retours significatifs et le QII sortait à son tour, puis le surprenant QII Monochrom sur lequel je me jetais enfin.
Je le revendais quelques mois plus tard : Rien que du N&B, c’était un peu triste, et surtout, un lourd planning de production documentaire (pour Canal+ entre autres) allait m’éloigner pour 3 ans de la photo-plaisir, ce qui condamnait ce Q2 Monochrom à déprimer sur l’étagère.
L’annonce récente du Q3 60 MP et 8K en vidéo ravivait des envies latentes et c’est avec quelques complicités amicales, (merci Baptiste de Panajou Bordeaux) que j’ai reçu le mien en juin (il est toujours difficile à trouver en ce début septembre 2023 ! ).

 

Quelles étaient vos attentes à l'achat du Leica Q3 ?

Séparer le plaisir du travail. Les Sony pour le boulot, le Leica pour le perso. Un peu comme quand on se change en jogging pour aller courir ou quand on pose sa voiture de travail pour aller jouer avec sa Caterham Seven le WE dans les collines.

Surtout, la nostalgie des images « au rasoir mais dans la soie » de ce fabuleux Summilux 1,7 de 28 mm que j’avais connues avec le Q2 Monochrom et qui me manquait viscéralement.
Cette optique fixe, donc peu de chances de poussières sur le capteur, s’utilise à différentes focales (28, 35, 50, 75, 90) à des résolutions différentes bien entendu, grâce à des cadres lumineux dans le viseur dans l’esprit des M et ça, c’est particulièrement malin.

 

En quoi le Leica Q3 vous a-t-il particulièrement comblé ?

D’abord la performance effarante de cette optique.
Associée à ce capteur de 60 MP, c’est la sensation enivrante d’avoir dans les mains une 20X25 de poche. À chaque ouverture de fichier, c’est « WOW! »…
Ensuite, cet encombrement dérisoire et ce déclenchement inaudible qui assurent mobilité et discrétion.
Son écran orientable permet de viser comme avec un Flex ou un Blad.
Une tropicalisation bien réelle rassure et confirme le sentiment de sécurité générale.
Enfin une ergonomie simplifiée à l’extrême, l’échelle des distances macro qui se substitue par glissement, la qualité des JPEG, la « correction de perspective » immédiate qui s’affiche dans le viseur et agit comme un décentrement (très amusant ça), la finition Leica…
Sans faire de fétichisme outrancier, ce Q3 m’a réconcilié avec la marque et je le considère comme le plus intelligent et le plus abouti de la gamme actuelle.

 

En quoi le Leica Q3 a-t-il pu vous décevoir ?

L’absence (provisoire nous dit-on à Wetzlar) d’une prise de microphone extérieur : elle serait prévue sur le port USB type C. Patience.
Le demi-sac de protection mal foutu (et son prix très Leica !), mais ces petites pinailleries ne sauraient ternir l’aura de ce somptueux boîtier.

 

Quel usage allez-vous faire du Leica Q3 ?

Comme dit plus haut, il sera réservé à un travail/plaisir personnel de production d’une série d’images régionales en vue d’un livre et d’une expo sur « l’arbre, l’eau et la biodiversité ».
Raison/motivation : Il y a quelques décennies, ma région(1) avait pour slogan « Le pays de l’arbre et de l’eau ». Nos offices de tourisme l’avaient modifié à l’époque, considérant qu’il n’encourageait pas les vacanciers à venir séjourner ici par crainte de s’y ennuyer. Avec le changement climatique, ce slogan a retrouvé sa force et toute sa légitimité, il est de nouveau ô combien vendeur et d’actualité (© protégés par Datasure).

 

Quels conseils auriez-vous à donner au futur utilisateur du Leica Q3 ?

De l’acheter! Ouvrir la boîte à réception, c’est déjà un grand moment!

 

Pouvez-vous nous présenter quelques images faites avec l'appareil et dire en quoi le Q3 a pu particulièrement les servir

En voici quelques unes. Le Q3 m'a semblé servir particulièrement correction de perspective, couleur, latitude de pose, définition, poids plume en crapahut, discrétion en street…

leica q3
Leica Q3 : un format de poche

paysage au leica Q3
Belle image de la ville de Châteauponsac en 80,6 sur 53,6 cm... La première qualité du Leica Q3 est son capteur de haute résolution (2)

detail paysage au leica q3
Ci-dessus un détail de l'image précédente (sans accentuation)

 

paysage au Leica Q3
Une des entrées de Châteauponsac


Un détail de l'image précédente.

 

cadre focale leica Q3
La très  haute définition de l'image permet, en limitant bien sûr le nombre de pixels en sortie, de ne pas avoir à emporter une suite de focales fixes dans le sac. Ici les marques du viseur donnent le cadrage de l'objectif Summilux 28mm f/1,7 ASPH employé comme un 50mm.

leica q3 au 90mm
Sur la même place voici l'image obtenue en simulation de 90mm...


...et un détail au pixel.

redressement perspective leicaQ3
Le Leica Q3 permet aussi un redressement de la perspective verticale.
Quand l'option est choisie, les futures verticales apparaissent dans le viseur sous forme de lignes blanches :


Limitation importante toutefois, le redressement ne donne que des jpg déjà développés et pas du DNG natif.

redressement perspective leicaQ3
Un exemple de l'application du redressement des verticales...


Détail de l'image précédente.

 

L'objectif offre une position macro (avec une délicieuse substitution mécanique des profondeurs de champ normale/macro sur le barillet, on achèterait l'appareil rien que pour ça) :
macro au Leica Q3

 

Toujours en position macro, un exemple du bokeh obtenu :
macro bokeh au 28mm avec Leica Q3

 

La haute définition combiné à un excellent rendu des couleurs permet de donner un bon relief à des scènes fouillées, comme cette devanture de librairie ancienne :


... dont on présente ci-dessous un détail pris à la porte :

 

Cette image au format panoramique de la place de la Motte à Limoges permet de juger de l'agréable rendu des couleurs de l'appareil :
panoramique au leica q3

Nous ajoutons 3 détails au pixel, pris sur l'image :

detail panoramique leica Q3

 

En conclusion, selon vous, quel va être le profil-type de l'acheteur d'un Leica Q3 ?

C’est un photographe mordu de la marque et nostalgique du rendu et des performances passées vécues en argentique.

C’est un photographe peu convaincu par les M numériques qui coûtent 2 fois plus cher pour des raisons assez obscures, par exemple ce viseur optique récurrent dont la conception première remonte au début des années 50. Je n’ai fait que des photos floues avec un M10 qu’on m’avait prêté !

C’est un photographe remuant qui cherche un appareil compact, léger, joueur, avec des performances de GF.

C’est un photographe qui en a plein le dos de trimbaler des kg et des kg de matériel, d’optiques, d’accessoires pas forcément indispensables à 100%. De temps en temps, ça fait du bien. Pas pour remplacer, juste pour souffler avec une petite machine de qualité hyperbolique de 700 g dans les mains.

C’est un photographe intransigeant sur la qualité de ses fichiers, qui a gardé sa capacité d’étonnement et d’émerveillement pour une machine minimaliste d’exception dans ce fatras en renouvellement mondial continu.

C’est un photographe résolument tourné vers l’avenir, qui remerciera ce boîtier à fort potentiel de développement pour avoir réveillé en lui d’anciennes joies et envies endormies.

 

en complément... jpg leica Q3 et jpg fpl avec Zeiss biogon de 35mm :
une comparaison de jpg

par Henri Peyre 

Nous tentons ici une très rapide comparaison de jpg sortis des leica Q3 et fpl avec Zeiss Biogon de 35mm .

Pourquoi cette comparaison ?
Les deux appareils sont petits et facilement transportables tout en offrant le meilleur capteur 24x36 actuel, de 61mpx.

Une rapide comparaison permet de se faire une idée du potentiel de l'un et de l'autre mais aussi et surtout d'entrevoir des questions que l'utilisation de ces appareils sophistiqués peut laisser appréhender.

Voici tout d'abord la photographie d'une place de Limoges prise au Leica Q3 avec son optique fixe Summilux 28mm f/1,7 ASPH :

leica Q3 ensemble

Et voilà la photographie recueillie au même endroit par le fpl avec un objectif amovible Zeiss biogon de 35mm (connu pour son absence quasi complète de défaut de distorsion) :

zeiss fpl biogon 35mm ensemble

On joint ci-dessous les données IPTC pour les deux appareils.

Leica Q3 d'abord, données complètes : 

Sigma fpL ensuite, dont on observe les lacunes : l'appareil est bien incapable d'échanger avec l'objectif : 

Un détail ensuite, cette fois plus à l'avantage du Sigma fpL : 

Les passants au Leica Q3 :

Les mêmes, au Zeiss Biogon sur le fpL: 

Les couleurs semblent nettement plus agréables sur la deuxième image.
Le rendu JPG du Leica Q3 sur la première est ici par défaut, tandis que le rendu JPG du Sigma fpL était celui obtenu pour améliorer les couleurs prises avec un autre objectif, un Summilux 50mm comme expliqué ici : https://www.galerie-photo.com/sigma-fpl-test-objectif-couleur.html : l'image est légèrement réchauffée.
On voit qu'on ne s'est pas posé de question sur les couleurs dans cette comparaison, mais qu'il semble fort utile de s'en poser : le passage automatique des Raw en jpg a été calibré sur le Sigma fpL et cela peut avoir un résultat heureux.

Par ailleurs la netteté (à la différence de focale près) est presque aussi bien traitée par les deux appareils. On en observe la confirmation sur l'image suivante :



La netteté semble toutefois artificiellement renforcée sur le Q3 (voir les artefacts au-dessus du mot AGENCE ci-dessus... tandis que sur ce point le biogon est un compétiteur talentueux dont le rendu avec le fpL ne souffre aucun reproche.

Sur ce détail de toiture, l'exposition plus faible choisie par le Q3 sauve bien les hautes lumières de la toiture lors du passage en jpg :

... là où le tandem fpL - biogon passé en jpg, au meilleur rendu dans les parties ombrées, brûle les reflets sur les ardoises :

Deuxième exemple pris l'instant d'après de la même place, mais en se tournant vers la cathédrale (en arrière-plan) en semi-contre-jour.

Le Q3 d'abord : 

Le Sigma fpL ensuite : 

La comparaison n'est clairement pas à l'avantage du tandem fpL-Biogon. L'image du Leica offre une neutralité qui induit une mise à distance raffinée, propre à la photographie architecturale et en accord avec le sujet.

Sur le même sujet, le Biogon présente un vignettage natif que le fpL est incapable de corriger au vol dans la production du JPG, faute de dialogue avec l'objectif. Dans un cas d'image difficile de cette sorte, le Q3 et son objectif scellé s'en tire bien mieux : toutes les faiblesses de l'objectif sont corrigées au vol et le résultat est d'une neutralité impeccable.
Le sigma fpL accueille certes tous les objectifs du monde ou presque, mais il est nécessaire de travailler ses DNG avec un derawtiseur pour en tirer le meilleur. Si on n'a pas cette ambition, le Leica Q3 offre une solution bien tentante.

Quelques détails quand même, ici le clocher de la cathédrale au Q3, au pixel :

et, ci-dessous, toujours au pixel, le même clocher au fpL-Biogon :

Un petit détail pour la netteté, ici sur le Q3 : 

... et ci-dessous sur le fpL : 

Enfin un dernier détail, arraché à la croix de la pharmacie, ici sur le Q3 : 

...et, ci-dessous, avec l'extraordinaire Biogon, dont le travail est vraiment très propre :

Ce bref examen de 2 vues en jpg prise à la volée donne une idée de la philosophie des deux appareils :
- le Leica 3 offre une solution de haute qualité bien intégré dans un compromis poussé avec une focale fixe. Il vise au meilleur résultat possible dans le cadre d'une utilisation reposante.
- le Sigma fpL est un appareil ouvert qui nécessite et provoque l'obligation de posséder des connaissances pour obtenir les bons mariages au service de la meilleure image possible... mais il peut y avoir du sport, et le passage par la case derawtiseur est vraiment nécessaire.

 

Notes

(1) Le Limousin

(2) capteur plein format (24×36 mm) de 60 Mpix 9520 x 6336 pixels en définition maximum, suivant format d'image choisi

 

   

 

dernière mise à jour : 2023

 

 

 

tous les textes sont publiés sous l'entière responsabilité de leurs auteurs
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