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les auteurs

Marc Genevrier 
Ingénieur de formation
puis traducteur technique,
aujourd'hui luthier à Nîmes.
Passionné de grand format
et familier du numérique
www.violon-et-luth.fr

 

Philippe Domingos
né en 1976
Photographe, il vit à Nancy.



http://www.philippedo.eu/wysiwyg/
contact(at)philippedo.eu
 

 

 

 
 

 

Cette page fait partie des
Actes du IVème Congrès
 de la photographie haute résolution
(Bourges 2008) :
interview de gérard métrot par jean demaison
l'objet photographique
le collectif dans l'édition photographique
le flare (1) - présentation expérimentale
le flare (2) - explication : lumière diffuse et réflexion parasite
le réel en photographie
photographe(s) - l'histoire d'un groupe
évolution du droit à l'image

 

 

 

 


 

 

Histoire d’un projet photographique
L’expérience du groupe  Photographe(s)

 

par Philippe Domingos et Marc Genevrier

 


Une publication du groupe :
Noirlac(s) Réel(s) photographique(s) / Photographic realities

 

 

1. L’origine du groupe

Les visiteurs de ce site ont certainement déjà découvert les deux ouvrages réalisés par le collectif Photographe(s) et parus aux éditions Gaud. Rappelons que ce groupe, né d’une initiative d’Henri Gaud en tant qu’éditeur, tire en fait son origine des échanges et rencontres qui ont eu lieu sur le forum depuis 2001. Et c’est à l’occasion du congrès de Nîmes en 2004 qu’est née autour d’un bon repas l’idée d’un projet collectif devant déboucher sur la réalisation d’un premier livre.

De nature informelle (il n’y a pas de statuts), à géométrie variable, le groupe se veut ouvert et en constante évolution. Il reflète ainsi l’esprit du site et en reprend l’exigence d’excellence et de qualité plusieurs fois formulée par Henri Peyre, fondateur de galerie-photo.com. Telle est au moins son ambition.

L’idée de départ était simple : croiser les regards et les impressions, sortir de la solitude du photographe moyen, s’enrichir de la diversité du groupe. Le lien avec le site se révélait également par l’exigence technique : travailler en grand format, ou du moins en « haute résolution ». Au fil du temps, « résolution » est devenu de moins en moins synonyme de « définition » et de pixels, pour se rapprocher de « réflexion, volonté d’avancer ». Ainsi est apparue peu à peu (sur le site, le forum et dans le groupe) une philosophie que nous pourrions définir aujourd’hui par le slogan « grandir ensemble » . La composition du groupe peut changer d’une rencontre ou d’un projet à l’autre, l’esprit qui y règne reste le même. Et dans tous les cas, l’objectif premier est le livre, à telle enseigne que le « cahier des charges » préalable demande en principe aux photographes de travailler d’emblée dans l’optique de la double page imprimée.

Par principe, le groupe s’appuie sur une méthode simple : tout le monde peut participer et a son mot à dire du début à la fin d’un projet. Il faut évidemment prendre des décisions, mais selon les circonstances, elles sont soit collectives, soit on laisse la parole au plus compétent dans un domaine ou un autre. C’est ainsi que l’éditeur choisit en général le sujet (c’est son job !), les photographes en affinent la formulation (normal !) et ils réalisent leurs images en toute indépendance. Pour les ouvrages, les plus expérimentés prennent les choses en main sous l’œil des nouveaux venus, quitte à proposer plusieurs versions possibles d’une maquette pour ensuite choisir ensemble.

Mais avant d’entrer dans ces détails de réalisation, intéressons-nous à l’origine et à la conduite générale des projets.

2. Naissance et conduite des projets

Rappelons que trois projets ont été conduits à ce jour :

• Abbaye de Fontfroide
• Abbaye de Noirlac
• FOT Imprimeurs (ouvrage en cours de réalisation fin 2008)

2.1 Définition d’un projet

Le premier projet est né, nous l’avons dit, d’une idée simple autour d’une table. Encore fallait-il un sujet adapté et facile à mettre en œuvre, ne serait-ce qu’au niveau des autorisations, par exemple. Les liens étroits entre Henri Gaud et la famille d’Andoque, propriétaire de l’abbaye de Fontfroide, ont tout naturellement conduit à ce choix.

L’ouvrage sur Noirlac a plutôt procédé d’un mécanisme inverse, puisque c’est après avoir pris connaissance de l’ouvrage sur Fontfroide que le Conseil général du Cher a émis le souhait de conduire un projet similaire.

Enfin l’imprimerie FOT, près de Lyon, joue un rôle actif lors de la Biennale d’art contemporain de Lyon et a déjà travaillé à de nombreuses reprises avec des artistes. Une banale réunion de travail entre client et fournisseur a constitué le déclic et révélé un intérêt partagé entre l’entreprise et l’éditeur/les photographes.

Pour chacun de ces projets, la composition du groupe est établie principalement par l’éditeur, selon le projet, mais aussi en fonction des contacts du moment ou de considérations de proximité géographique. Des ajustements en cours de projet ne sont pas exclus, par exemple pour pallier à des défections en cours de route. Évidemment, on comprend bien en revanche que le nombre de participants ne peut pas être illimité. Rappelons enfin que notre groupe présente la particularité de mêler photographes professionnels et amateurs.

2.2 Financement des projets – Rétribution des auteurs

Ces projets sont coûteux, mais le modèle établi permet de réduire considérablement la facture pour les partenaires éventuels. On part globalement de la répartition suivante :

• Prises de vue (frais techniques, déplacements, hébergements, etc.)
  – 1/3 du total
• Travail éditorial (numérisations, mise en page, épreuvage, etc.)  – 1/3
• Impression et façonnage – 1/3

Les deux premiers postes sont pris en charge par les photographes eux-mêmes, qui offrent leur temps, leurs moyens et leur travail. Seul le troisième poste nécessite donc un financement, qui est apporté soit par l’éditeur, soit par un partenaire sous la forme d’achat d’un certain nombre d’exemplaires. L’objectif est seulement de couvrir les coûts de fabrication, sans dégager de bénéfice direct.

En retour, les photographes reçoivent au titre du droit d’auteur un certain nombre d’exemplaires du livre, dont ils peuvent disposer à leur guise. Aucune rétribution financière n’est prévue. Pour les membres du groupe, ce sont donc clairement des projets « plaisir et recherche », des projets qui coûtent certes de l’argent, mais qui sont l’occasion de progresser et de s’enrichir au contact des autres. Accessoirement, chaque photographe pourra aussi se prévaloir de sa participation à ces projets dans le cadre de ses activités professionnelles, que ce soit face à un client potentiel ou pour une candidature à une bourse ou une résidence. L’expérience montre que cela peut s’avérer efficace comme « carte de visite », mais il ne s’agit que d’une retombée secondaire.

2.3 Organisation d’un projet

Chacun de ces projets fonctionne jusqu’à présent selon le même principe, avec trois « temps forts » qui s’étalent sur une période de douze à dix-huit mois :

- la prise de vue, le plus souvent individuelle, même si les participants aiment souvent se retrouver sur les lieux à plusieurs.

- les rencontres : sur le site au moment du lancement, puis chez H. Gaud pendant et après le projet. Ce sont d’importants moments d’échange qui, souvent, orientent le projet et enrichissent les travaux des uns et des autres.

- la mise en page, aux éditions Gaud, avec tous ceux qui souhaitent y participer.

 


Visite du groupe à l’abbaye de Noirlac

2.4 Les rencontres

a) Rencontre initiale

Le projet débute donc par une rencontre de lancement, qui comprend bien sûr la visite des lieux ainsi que des considérations logistiques ou de calendrier. Mais le week-end se termine toujours par une réunion avec tour de table de tous les participants, pour procéder à un véritable débriefing : qu’est-ce que chacun a ressenti, a trouvé intéressant ? Est-ce qu’il a une idée de la démarche qu�������������������������������������������������il va adopter ? Au fil du week-end et plus encore lors de cette réunion, chacun a l’occasion de confronter sa vision à celle des autres pour affiner son approche. Ces échanges peuvent également orienter la formulation du projet par rapport à l’idée de départ.

 


Débriefing final à l’abbaye de Noirlac

 

b) Rencontres ultérieures

Un week-end de rencontre est organisé en milieu de projet. C’est évidemment l’occasion de voir les travaux en cours, qu’il s’agisse d’images « en vrac » ou de séries déjà construites. Chacun donne son avis, on trie, on essaie de comprendre et de dégager les lignes de force, et chacun se nourrit ainsi du travail des autres. C'est une étape importante, car elle permet de relancer un travail ou de compléter les prises de vue.

Enfin, une rencontre finale est organisée à la fin des prises de vue. Son fonctionnement est similaire à celui de la rencontre précédente, sauf qu’on approfondit la réflexion sur les images, par exemple en commençant à opérer un choix plus restreint et à construire des séries à partir des travaux présentés. C’est donc une première étape vers la réalisation du livre.

3. Maquette et mise en page

L’ouvrage est à peu près finalisé en deux séances de trois ou quatre jours. Tous les membres du groupe disponibles aux dates choisies sont évidemment les bienvenus.

Première séance :
•  Les photographes ont rendu leurs fichiers ou leurs originaux. Les textes sont regroupés et transmis au traducteur anglais.
•  Impression de toutes les images et sélection – pour chaque auteur séparément.
•  Constitution d’une présérie pour chaque auteur, en reprenant éventuellement les résultats des rencontres précédentes. Dans certains cas, la série est déjà terminée à l’avance.
•  Première estimation du nombre total de pages pour voir où l’on va.
•  Élaboration d’un premier « chemin de fer », c’est-à-dire la séquence des travaux dans l’ouvrage. Validation en étalant toutes les images par terre.
•  Création d’un premier fichier PAO et d’un PDF reflétant ce travail : une première ébauche de l’ouvrage est née !

 


L’évaluation du chemin de fer grandeur nature.

 

Deuxième séance (quelques semaines plus tard – entre-temps, numérisations et préparation des fichiers) :
•  On reprend et on améliore. S’il faut des fichiers supplémentaires, on les demande ou on les prépare.
•  Les articles et les textes des photographes sont là, ainsi que leurs traductions. Mise en page (bilingue !). Dernière relecture approfondie.
•  Élaboration du chemin de fer définitif : images, textes, pages de garde...
•  Travail sur la couverture, d’après les propositions éventuelles des uns et des autres. On travaille souvent sur plusieurs versions à la fois.
•  Gros travail de retouche d’image (éventuellement chromie, dépetouillage), normalement assuré par les auteurs, mais il faut tout vérifier.

Les éditions Gaud finalisent ensuite l’ouvrage : conversions CMJN, production des fichiers d’impression, épreuvage, contact avec l’imprimeur, considérations économiques (budget, tirage).

Voilà, il ne reste plus qu’à se retrouver (avec plaisir !) au moment de la sortie du livre, pour ébaucher déjà de nouveaux projets !

 

dernière modification de cet article : 2008

 

   
 
   
 

 

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