Daguerréotypes de
Patrick BAILLY-MAITRE-GRAND
Comment êtes-vous
venu à la daguerréotypie ?
Tout à fait par hasard, vers les
années 1980, quand une personne aimée m'a offert un étrange petit
coffret en cuir contenant le portrait d'un personnage ayant l'aspect
d'un fantôme insaisissable, qui semblait flotter sur un miroir.
On me disait que ce procédé était très
ancien et que ça s'appelait un Naguèrotype ou quelque chose comme
ça… Depuis, je n'ai eu de cesse que de poursuivre ce fantôme et de
connaître les chimies et les circonstances de son apparition. Pas
facile quand on est seul et naïf, mais accessible quand on est
débrouillard !

Quelle part de votre temps de photographe vous prend la
daguerréotypie ?
J' ai réalisé énormément de
daguerréotypes (environ 300 plaques) entre 1984 et 1990, mais le
look quincaillier savant me pesait trop et j'ai pris plaisir à
prouver que je pouvais aussi faire de la photographie "normale" de
qualité.
Les galeries Michèle Chaumette puis
maintenant Baudoin Lebon ont été convaincues de cette prétention en
présentant régulièrement mes divers travaux sur leurs murs. (On peut
y jeter un coup d'œil sur
mon site)
Avec quel matériel sont pris ces daguerréotypes ?
Rien que de plus classique : des
vieilles chambres en bois au format des plaques à réaliser.

Avez-vous établi des
ponts entre votre pratique de la daguerréotypie et la photographie
numérique ? Strictement aucun, cela
n'aurait aucun sens !
Le daguerréotype est une alchimie de
matériaux physiques et terrestres (iode, mercure, argent, or), qui
n'a rien à voir avec la froide mathématique des pixels.
Et puis je hais le numérique où tout
s'élabore et s'embellit, le cul sur une chaise…
Quels sont les avantages et les inconvénients du daguerréotype au
sein de la famille des procédés photographiques ?
Son avantage majeur est qu'il est
plein d'inconvénients. Ce qui fait que votre voisin a très peu de
chances de vous casser les pieds avec ses propres fantasmes
daguerriens.

Pensez-vous que
certains sujets s’accordent particulièrement avec la pratique du
daguerréotype ?
Ceci est réellement une bonne question
et même essentielle pour moi.
Comme il n'y a plus aujourd'hui cette
urgence historique à " tirer le portrait " avec le daguerréotype, il
convient de percevoir que cette technique a un rapport évident avec
la poussière et le souvenir.
Un bon daguerréotype montre de
l'embaumement, de la momification, des vieux murs, de la lumière
lunaire, des situations glauques. Pas des photomatons ni des
festivités de mariages !

Comment voyez-vous
l’avenir du daguerréotype ? Exactement
comme Daguerre à la fin de sa vie : sans avenir.
Avez-vous des conseils à donner aux jeunes photographes qui
voudraient faire du daguerréotype ?
Je leur dirais ceci : Courage les
mecs ; le château de la princesse endormie est entouré de ronces et
de dragons vénéneux …
voir également sur la daguerréotypie :
daguerreotypes de sean culver eric-mertens : daguerréotypes jerry spagnoli : daguerréotypes marc kereun : daguerréotypes marc kereun : l'exposition de daguerréotypes contemporains de Bry sur Marne marc kereun : technique du daguerréotype marinus j. ortelee : daguerréotypes patrick bailly-maitre-grand : daguerréotypes reproduire pour exposer rob mcelroy : daguerréotypes
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