Une série d'Autochromes
de 1916 à 1930
Couples Stéréoscopiques 6x13 Achetés à
l'hôtel Drouot en 1977
Un seul magasin porte quelques indications : Port-Cros (Avril
1924) Nargis (Novembre 1923) Rambouillet - Cernay (1924)
Notre héroïne : elle n'a pas l'air très commode, la guerre de 14
a peut-être eu raison de sa bonne humeur.
Vue d'intérieur : pour un film de 1 iso, délicat, la pose a due
être un peu longue ;-) d'où l'air crispé. Les détails du journal
sont bien visibles, pas de date lisible dans le champ, hélas !
Sur le détail du journal, les grains de fécules assez lisibles, mais
je crains que le réseau des grains de fécules, bleu vert et rouge,
cohabite difficilement avec la mosaïque de Bayer du Canon 1Ds II.
Détails des HL et des Ombres : D hl : 1,52 ; D ombres : 2,16.
Notre héroïne : en vacances sans doute ; avec un peu d'entraînement
vous pourrez voir ce couple stéréoscopique en relief. Ces prises de
vues 6x13 sont montées entre 2 verres, et peuvent être visionnées
avec le stéréoscope Planox, semi automatique avec transport des
couples vers la lanterne grâce un système d'aimant .
(Note : toutes les vues qui suivent sont
stéréoscopiques. Pour des raisons de poids et de lisibilité de
l'image, nous ne présentons qu'une vue de chaque couple).
Notre héroïne : la poésie des fleurs, valeur éternelle ;-)))
Les nuances sont très bien rendues, la séparation est bonne, grâce
au système trichrome du procédé autochrome, les saturations sont de
bon niveau, bien que le procédé soit très doux, une pose bien calée,
sans doute grâce au spotmètre de l'époque, le Justophot.
Notre héroïne : Toujours la pose devant des fleurs et plantes
méditerranéennes, le rendu est toujours aussi intéressant, pas de
bascules couleur, les ombres restent très neutres, les hautes
lumières ne sont pas cramées, même le chapeau est bien détaillé.
Le couple idéal, l'assortiment des tons est plutôt drôle, et madame
fait la tête, on peut mettre cette attitude sur le dos du fort
soleil l'éclairant de face.
Sans doute un petit problème technique, comme une sous-ex corrigée
au traitement, ou une tentative de Zone-Système avant la lettre, ce
qui serait praticable avec ce film N&B Couleur où c'est la même
couche qui gère le contraste des trois couleurs.
On peut admirer le rendu de détail, les HL sont très propres, très
détaillées, mais les ombres restent d'une densité raisonnable. Sans
doute un paysage méditerranéen proche des côtes.
Voilà la côte : le voyage de notre photographe se fait en bateau,
cette collection comporte environ 500 couples stéréoscopiques dont
une quarantaine d'Autochrome, le bateau de notre photographe est
souvent présent sur les vues.
Nous voyons assez bien le bateau, nous ne sommes pas chez le petit
peuple ;-)). L'autochrome coûte assez cher, il est réservé plus
encore que la photographie N&B au photographes disposant de bons
moyens ; chaque plaque vaut le prix d'une boite N&B (12 plaques à
l'époque). Madame a besoin d'une canne, le temps passe, on a plus 20
ans ;-).
Les traînées vertes sont typiques des problèmes que peuvent
rencontrer les autochromes, les grains de fécules de pommes de terre
vieillissent mal si l'autochrome ne reste pas à l'abri de l'air
ambiant. Ces autochromes une fois traités sont coupés en deux pour
replacer le couple dans le bon sens et montés sur un verre.
L'ensemble du sandwich de verre est fermé par un papier collant
noir ; si tout se passe bien, l'autochrome reste en bon état, ce qui
est assez étonnant compte tenu de l'étrangeté du procédé.
Vue typique comme on les aime chez les stéréophotographes, qui
recherchent les effets valorisants la stéréoscopie. Le premier plan
donne un effet de profondeur incroyable, si l'on observe le couple
au moyen d'un stéréoscope.
Probablement Venise, l'histoire ne dit pas si c'est son bateau qui a
porté notre photographe jusque là, sans doute d'après les autres
photos N&B qui nous content son long voyage autour de la
Méditerranée. Ces couleurs semblent très "vérité vraie".
Ces vues ont des tonalités différentes, même si l'on sent une bonne
homogénéité. pour conserver ces différences, les reproductions ont
été faites avec une balance des blancs spécifique, calée sur la
table lumineuse. Le Planox dispose d'une lanterne "lumière du jour",
une ampoule classique et un filtre bleu assez soutenu. Il reste du
détail dans les ombres, pour la localisation, c'est comme pour les
autres vues, une devinette, a vous de trouver.
Quelques indices de plus pour une reconnaissance, certains pensent à
la Corse. On est pas loin du contre-jour, et le rendu reste très
correct. Le contre-jour a longtemps été la bête noire du photographe
amateur, ni les optiques, ni les films ne pouvaient le supporter. La
pose est bonne, la règle des F/16 fait ses preuves, avec 1 ISO, la
pose de base est d'une seconde !
Un repos mérité après ce long voyage, à l'abri dans cette maison a
fausses tourelles un peu ridicules, dans le pur style "côte d'azur"
d'un goût souvent discutable ;-)). Mais cela n'enlève rien au charme
de cet endroit. Il faut bien se caler pour supporter la ou les
secondes de pose. Les ombres restent assez détaillées, et les HL
également, vertue du soleil d'hiver, et souplesse de ce film, l'ekta
n'aurait peut-être pas fait aussi bien.
C'est ma préférée de la série, cette image est parfaite, très bon
équilibre chromatique pour un intérieur en lumière naturelle, il a
fallu attendre le numérique pour pouvoir a nouveau se moquer de la
température de couleur de cette façon.
Une petite page économique - dates prisent en compte 1930-2004 :
(Informations extraites du catalogue Photo-Plait de 1930)
Les plaques Autochromes se vendent par 4 soit 13,10 F pour les
plaques 6x13. Le développement et le montage des plaques est facturé
4,80 F.
Le Planox pour visionner les couples vaut 1065 F en 1930. Le
Photomètre Justophot automatique vaut 175 F. Un Heidoscope 6x13
version Tessar F/4,5 et magasin vaut 4100 F.
L'INSEE me donne 1F de 1930 pour 0,5 Euro de 2004
Soit un équipement de 5340 F de 1930 soit 2670 Euros de 2004.
Soit pour un plaque d'Autochrome 6x13 8 F de 1930 soit 4 euros de
2004.
Selon les informations que j'ai pu glaner sur le net un
ouvier-employé de 1930 gagne l'équivalent de 4250 euros par an, soit
350 Euros par mois.
Si vous avez la chance de gagner aujourd'hui 3000 euros par mois,
si vous convertissez le prix de l'équipement stéréo + autochrome en
terme de mois de votre salaire, la conversion vous fait l'autochrome
à 34 euros et l'équipement à 23 000 euros. Ces comparaisons sont
bien sûr hasardeuses, mais permettent de cerner un peu le problème,
et de comprendre l'alliance naturelle entre le coût de la
photographie et la taille du bateau de notre photographe.
Sans doute la vue "Rambouillet - Cernay (1924)". Ce vieillard a sans
aucun doute connu les tout-débuts de la photographie, et se voyant
en couleurs et en relief, une pensée traversa son esprit : "jusqu'où
ira-t-on ?"
Note de 2005
Après la
publication de cet article, M. Jorn Ake, l'un de nos lecteurs
résidant aux États-Unis, a identifié certains des lieux représentés
dans les images de cet article : qu'il en soit remercié.
M. Henri
Gaud
Je ne suis pas
certain qu'on vous ait déjà fait cette suggestion, mais je pense que
les vues autochromes stéréo de votre
articlewww.galerie-photo.com/autochrome.html
sont très
probablement prises lors d'un voyage en Croatie. Le pont
photographié est avec certitude le pont de Mostar, qui a été
reconstruit récemment par le gouvernement bosniaque à grands frais.
Et les images suivantes, suggérant la Côte d'Azur [Riviera] sont en
fait Dubrovnik vue du sud. La vue suggère la Corse mais je suppose
que c'est en fait Trogir ou l'une des autres villes de la côte près
de Split (de la même façon je pense que la scène vénitienne y est
prise, bien que cela puisse être pris plus au nord dans une ville
d'Istrie appelée Rovinj, mais je peux me tromper). De plus, les
images botaniques proviennent des très vastes jardins au nord de
Dubrovnik, jardins dont n'existe plus qu'une toute petite partie.
Quoi qu'il en
soit, les photos proviennent le plus probablement d'une excursion en
Croatie, excursions courantes encore aujourd'hui où les bateaux font
la traversée aller-retour d'Italie en Croatie, pour le simple
plaisir d'un bon repas de poisson ! Vu les hostilités qui se sont
déroulées là dans la deuxième moitié du XXIème siècle, ces images
représentent donc des lieux qui ont toute chance de ne plus
ressembler à ce qu'il y a sur les photos.
Un beau document,
merci,
Jorn Ake.
post-scriptum :
J'espère que je
ne me trompe pas ! Je pense avoir identifié correctement ces images,
sauf peut-être la photo de style vénitien, qui pourrait
effectivement être Venise puisque Venise se trouve à la jointure
entre la Croatie et l'Italie. Peut-être ces voyageurs ont-ils fait
un périple autour des côtes de l'Adriatique pour atteindre
Dubrovnik, avec comme point de départ ou comme destination finale
Venise. Ce serait logique.
Note de 2011
Note de l'auteur : un correspondant nous a donné en mars 2011
plus d'information sur la personne photographiée. Il s'agit de
Madame Henry dont le nom est intimement lié à Port-Cros :
La notoriété de Port-Cros naît par le roman. En 1897, Paul
Bourget écrit « Les voyageuses », Eugène Melchior de Vogüé en 1898
décrit l'île avec sensibilité dans « Jean d'Agrève ». C'est dans la
période de l'entre-deux guerres, avec l'installation sur Port-Cros
en 1921 de Marcel et Marceline HENRY, que l'île devient un véritable
foyer intellectuel. De 1925 à 1938, Jean Paulhan, directeur de la
Nouvelle Revue Française (NRF), loue le fort de la Vigie et Jules
Supervielle s'installe au fort du Moulin. Ils y attirent d'autres
écrivains comme Malraux, Valéry, Gide et Arland, ainsi que
Saint-John Perse, qui vient y jeter l'ancre régulièrement. Amoureux
de la nature et conscients de l'intérêt patrimonial de l'île, le
couple HENRY invite également des naturalistes scientifiques qui
procèdent aux premiers inventaires. Délégués de la Société Nationale
de Protection de la Nature, ils mettent tout en œuvre pour
entretenir l'île et la préserver d'une fréquentation excessive.
C'est sous l'impulsion de Marceline HENRY, qui fait donation à
l'Etat de son domaine, et avec le soutien de Paule Desmarais,
principale propriétaire privée, que le Parc national de Port-Cros
est créé en décembre 1963.
Avril 2011 : nouveau rebondissement (du même correspondant)
Bonjour Monsieur Gaud, Je rentre de Port Cros ou j'ai remis a
Monsieur Buffet un tirage des AUTOCHROMES que vous m'aviez adressé.
Oh Surprise !! Monsieur Buffet m'a dit que ces Autochromes, qu'il ne
connaissait pas, ne représentent pas Madame HENRY, sa grande Tante,
il m'a montré en effet des photos de Madame Henry et elles n'ont
rien a voir avec la personne qui est sur les Autochromes. Par contre
c'est sûr ces autochromes ont été faits à Port Cros. Il pense que la
personne est Madame ROUGERIE, l'ancienne propriétaire du Manoir
d'Helene que la famille Henry a acheté et que ces photos sont
antérieures à l'arrivée des HENRY sur Port Cros Je vous joins une
photo de Madame HENRY : en effet elle n' a rien a voir avec les
AUTOCHROMES...
Note de 2015
Le journal "le Quotidien" que tient la personne photographiée
(Mme Rougerie ?) est daté du 18 octobre 1924.
Merci à Jasmine pour
la datation !
Vous pouvez voir ces autochromes en relief sur le blog d'Henri
Gaud :
http://trichromie.free.fr/trichromie/index.php?post/2009/10/06/Allo-Tochrom
version anglaise
Autres pages sur la photo en relief :
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dernière modification de cet article
: 2011
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