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l'auteur
André Gardies
agardies@wanadoo.fr
Professeur émérite (cinéma et audiovisuel)
Université Lumière-Lyon2
Ouvrages publiés
- 1972 : Alain Robbe-Grillet , Paris, Seghers, ("Cinéma
d'aujourd'hui"). 188 pages
- 1980 : Approche du récit filmique, Paris, Albatros. 214 pages
- 1983: Le cinéma de Robbe-Grillet , Paris, Albatros. 194 pages
- 1988 : Regards sur le cinéma négro-africain , (en collaboration
avec Pierre Haffner), Bruxelles, OCIC. 234 pages
- 1989 : Cinéma d'Afrique noire francophone ; l'espace-miroir, Paris
L'Harmattan.192 pages
- 1992 : 200 mots-clés de la théorie du cinéma, (en collaboration
avec Jean Bessalel), Paris, CERF, (7° Art). 222 pages
- 1993 : L'espace au cinéma, Paris, Méridiens-klincksieck.
222 pages
- 1993 : Le récit filmique , Paris, Hachette, "Contours
littéraires". 154 pages
- 1999 : Décrire à l'écran , Paris/Montréal, Méridiens-Klincksieck/Nota
Bene
- 1999 : Le conteur de l'ombre, essais sur la narration filmique, Lyon,
Aléas
En outre : co-auteur du CD Rom : Le cinéma des Lumière (CAPA
Production, 1995)
Romancier avec "Derrière les ponts", editions Climats, mai 2002.
http://www.andregardies.com
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La Photographie en relief
 visionneuse ancienne pour le format 8x17
Andre Gardies,
pouvez-vous nous présenter l'histoire de la photographie en relief ?
La photographie en
relief, aussi surprenant que cela puisse paraître, est aussi
ancienne que la photographie "plate" (la photographie telle qu'elle
est répandue aujourd'hui). L'invention de l'image en relief est même
antérieure à celle de la photographie, puisqu'en 1838, Wheatstone,
membre de la Société Royale de Londres, invente un dispositif à
miroirs restituant le relief (je rappelle que la date officielle de
l'invention de la photographie est de 1839). Par ailleurs le
principe de l'obtention d'une image en relief avait déjà été posé
dans l'Antiquité par Euclide et repris par Léonard de Vinci, en
1484.
En 1844, David Brewster applique le principe de Wheatstone à la
photographie ; la photographie stéréoscopique est née. En 1850
Duboscq construit le premier stéréoscope en série. C'est à partir de 1851 que la grande vogue de la photo en relief va
se développer, grâce à l'influence de la Reine Victoria qui s'est
vue offrir un stéréoscope et est une grande fervente de ce procédé,
ainsi que sous l'impulsion, du moins pour la France, de l'abbé
Moigno. Entre 1851 et 1880, le succès de la stéréoscopie est
considérable; c'est son âge d'or, en particulier sous le second
empire. Elle suit tous les progrès de la photographie :
daguerréotypes, ambrotypes, négatifs-papier, négatifs-verre,
albumine ou collodion. Parfois pour les épreuves on procède au coloriage et même au trucage, pour les "diableries" notamment.
Dans les toutes dernières années du XIX° siècle, un changement
important se produit (lié à l'évolution technique de la
photographie) : le monde amateur s'ouvre largement à la pratique
photographique, y compris stéréoscopique. Un industriel français
comme Jules Richard, pendant cinquante ans, sera le grand
spécialiste du relief, mais tous les autres fabricants affichent à côté des appareils "classiques" des appareils
stéréoscopiques. L'un de ses premiers usages sera celui de
l'inventaire du monde (mouvement général), il se poursuivra encore
au début du XX°, comme auxiliaire pédagogique dans les écoles
primaires. Tout le secteur commercial de la carte postale et de la
photo touristique sera irrigué par l'usage de la stéréoscopie. Avec des hauts et des bas, la photographie stéréoscopique sera très
vivace jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale.
Son usage se perd brutalement au début des années 50, au moment où
l'industrie américaine met sur le marché un très grand nombre
d'appareils stéréoscopiques. Il y a là un vrai mystère. A tel point
que même les historiens de la photographie ne semblent pas se
préoccuper de cette question. La disparition n'est plus seulement
technologique ou commerciale, elle atteint aussi notre mémoire
collective.
Quel est le principe de la photographie en relief ?
le principe de la
photographie en relief est très simple : il consiste à reproduire
les conditions de la vision binoculaire. En effet c'est parce que
nous avons deux yeux (et un cerveau !) que nous voyons en relief.
L'œil droit et l'œil gauche ne voient pas exactement la même chose,
l'un voit un peu plus à droite, l'autre un peu plus à gauche. Le
cerveau traite alors les informations qu'il reçoit des deux yeux et,
à partir des différences, il peut "calculer" le relief. Pour la photographie il faudra reproduire les conditions au moment
de la prise de vues et au moment du visionnage.
A la prise de vues il faut prendre deux photos du même objet
légèrement décalées, l'une sur la gauche, l'autre sur la droite.
Pour cela on peut soit utiliser un appareil spécial avec deux
objectifs (et deux chambres), soit "coupler" deux appareils
classiques et les déclencher en même temps, soit enfin avec un seul
appareil prendre une première photo, un peu à gauche, une deuxième,
un peu à droite. Cela suppose, dans ce dernier cas, que
l'objet photographié est statique.
Au visionnage il faut donner à chaque oeil la photo qui lui revient,
d'où l'emploi classique d'un stéréoscope (appareil muni de deux
oculaires) ou d'un projecteur à deux objectifs.
Pourquoi la photographie en relief a-t-elle quasiment disparu ?
Je le disais tout à
l'heure, la disparition de la photographie stéréoscopique est un
vrai mystère. Plusieurs hypothèses ont été avancées, mais
personnellement je n'en trouve aucune vraiment convaincante.
La première, à mon sens totalement erronée, pour ne pas dire dénuée
de sens, voudrait que la photo relief ait eu un usage immoral : il y
aurait eu trop de photos indécentes ou pornographiques. Que je
sache, aucun moyen de communication n'a été rendu caduc par l'usage
érotico-pornographique. Je pense que Canal+ aurait bien du mal à
accepter cette idée. La concurrence du cinéma lui aurait été fatale.
Peu convaincant, car la photographie plate a connu cette même
concurrence (si tant est que c'en soit une).
Deux raisons restent plus probantes: - la nécessité de procéder au montage minutieux des "couples"
stéréoscopiques. La manipulation va à l'encontre de la facilité
technique revendiquée par les marchands aujourd'hui ; - la photo classique s'expose, se montre, elle est immédiatement
publique ; la photo stéréoscopique passe par un dispositif, le
stéréoscope ou les lunettes, bref par une prothèse ; elle s'archive
plus qu'elle ne s'expose.
Malgré ce, reste une autre question mais qui est aussi une réponse:
la stéréoscopie disparaît parce qu'elle n'a pas été reçue
socialement comme un bon objet esthétique. Il n'y a jamais eu de
photographes célébrés pour des photographies en relief... mais alors
la question est déplacée : pourquoi n'est-elle pas un bon objet ? C'est une autre question, très
importante, mais tout aussi délicate quant à la réponse.
Existe-t-il une photographie en relief de haute résolution ?
Rien, dans le principe,
ne s'oppose à la haute résolution: ce qui est techniquement vrai
pour la photo "plate", l'est pour la photo en relief, il suffit de
coupler deux appareils, quel que soit leur format. Dans l'histoire de la stéréoscopie des appareils de prise de vues
ont existé dans presque tous les formats, mais deux d'entre eux
furent très courants : - le 6x13, c'est-à-dire le double 6x6, - le 45x105.
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Stréoflestoskop,
format 6X13 |
Pour le premier on trouve encore, d'occasion, des rolleidoscopes à
films 120, tout à fait utilisables, ou, plus récents, des
"spoutniks" (construits à partir des "lubitel" soviétiques). pour le
second, l'usage a disparu, faute de films de ce format.
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Sputnik, format
6X13 |
Dans le premier quart du XX° siècle quelques appareils travaillaient
en stéréoscopie au format 10x15. Aujourd'hui les rares appareils de construction contemporaine sont
au format 24x36.
Quels sont les matériels actuellement présents sur le marché ? Quels
sont les ordres de prix ?
Pour la personne qui
aujourd'hui veut faire de la photo stéréoscopique, il existe
plusieurs solutions.
D'abord l'acquisition
d'un appareil neuf (format 24x36) fabriqué artisanalement
aujourd'hui. Quasiment un seul fabricant, allemand : R.B.T. Ordre de prix
(avec objectifs) de 2000 à 2600 €.1
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RBT
3D, format 24X36 |
Ensuite l'acquisition
d'un appareil ancien, utilisant de la pellicule soit 120, soit 35. Pour le premier, j'en ai cité deux tout à l'heure : - le Rolleidoscope (assez rare) vaut autour de 1600/2000 €, - le Spoutnik (beaucoup plus courant) autour de 250/350 € . - Pour le film 35, on peut trouver des "Vérascopes" (autour de
600/800 €) ou des appareils américains des années 50, du genre
"Réalist", autour de 300 €.
Troisième solution:
bricoler soi-même un couplage d'appareils.
Quatrième solution:
utiliser son appareil classique sur une barrette (ou tout autre
support) et faire glisser l'appareil de quelques centimètres entre
chaque vue. Seul inconvénient, mais d'importance, ce n'est
évidemment possible qu'avec des objets strictement statiques. Mais
cela ne coûte que le prix de la pellicule à multiplier par deux.
Pour le visionnage il
existe des stéréoscopes à tous le prix , cela va du carton à 7/8 €
jusqu'à des appareils à 450 €, sans compter les "taxiphotes" de
collection.
Quelles adresses pourrait-on donner à celui envisage de se mettre à
la photographie en relief ?
Une adresse essentielle
celle du Stéréo-Club-Français:
stereo-club@wanadoo.fr Stéréo-Club-Français, 6 avenue Andrée Yvette, 92700 Colombes
www.stereo-club.fr
On peut aussi me contacter à mon adresse Email
andregardies@mageos.com
Notes
1 Note galerie-photo : on trouvera RBT commercialisé en
France par
Jean-Marc Hénault, Société Trivision 3D, tél. 02 40 11 62 99
info@trivision3d.com
et/ou visio3d@wanadoo.fr Site internet :
www.trivision3d.com
Autres pages sur la photo en relief :
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dernière modification de cet article
: 2006
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